Ce titre, presque un pléonasme en France, peut surprendre.
Nos lycées publics sont laïques, où le choix et le sentiment religieux n'ont pas leur place. Tout cela est connu et fait la force de la République.
On y enseignait pourtant le fait religieux.
On y enseignait le fait religieux, non dans une intention prosélyte, ni non plus dans une volonté de faire une sorte de catéchisme à la sauvette. On l'enseignait, pour montrer ou démontrer à nos élèves que le fait religieux nourrissait une large partie de notre culture.
Et puis apprendre à des élèves que Jésus est un personnage, dont l'historicité était attestée, indéniable, offrait aussi des moments forts. Faire de l'histoire, c'est parfois marcher sur les traces de Sherlock Holmes (j'évoque ici le personnage des romans, pas cette truanderie cinématographique grotesque). On peut en rendre grâce à... Jésus.
Or, ce fait ne sera plus enseigné. Le fait religieux disparaît des programmes des futures classes de seconde.
D'abord, l'Islam, qui sera limité à une heure, voire une heure trente, et encore dans le cas d'une étude de cas portant sur Constantinople/Byzance/Istanbul. C'est peu. C'est bien peu. C'est trop peu pour la seconde religion de France, qui est celle d'une large partie de nos élèves. Naguère, on évoquait par le biais de la Méditerranée la splendeur de la civilisation musulmane, et notamment la médecine, ou une de ses grandes cités, comme Bagdad, Le Caire...
Ce temps n'est plus.
Ensuite, le judaïsme. Il était évoqué avec les débuts du Christianisme. Il disparaît purement et simplement. Notre civilisation judéo-chrétienne ne devient plus qu'un monde chrétien, celui de cet âge que l'on dit Moyen. Ne plus enseigner l'apport du judaïsme au christianisme, c'est non seulement le priver d'une partie de son histoire (Paul était juif, les premiers chrétiens l'étaient tout autant), mais aussi l'estomper.
Il ne restera plus que le monde chrétien, sous l'angle de la christianisation médiévale, autrement dit, rien ou presque.
Le programme ambitionnait de faire connaître à nos enfants et à nos élèves un monde divers, d'appréhender l'altérité qui est encore celle d'aujourd'hui.
De ce monde divers, il ressort surtout un monde uniforme... et un lycée sans (histoire des) religions.