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Billet de blog 10 novembre 2009

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D'un discours allemand... d'une héritière...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans la fièvre commémorative, il est délicat d'extraire ce qui relève du sens de la fête et de l'événément qui fera date.

Tout le monde se rappelle, avec le travail partiel et partial de la mémoire, ce qu'il faisait il y a vingt ans. Moi, je changeais une roue dans le vignoble, pas de quoi faire une note sur mon espace facebook pour participer au jeu du "je-me-souviens", ni même un tweet.

L'histoire n'est pas que le souvenir des jours fastes. Elle est aussi en marche, une dynamique, que certains savent animer, tandis que d'autres la subissent.

Angela Merkel appartient à la première catégorie. Son discours à Washington est un acte fort.

Elle se pose en héritière.

En héritière, d'abord, du Grand chancelier de la RFA, Konrad Adenauer. Ce petit homme, frêle, aimait les roses, incarnait ce qu'est l'Allemagne dans son expression la plus typique, à savoir la Gemütlichkeit. Et il détestait les communistes (en 1957, il fut fier de déclarerà Washington qu'il n'y avait plus de députés communistes dans le Bundestag) et qui a toujours pensé à la réunification.Elle est héritière de cette grande famille conservatrice et démocrate, et elle aussi, ne manifeste aucune complaisance avec le communisme. Elle a eu à en souffrir et a su le rappeler dans son discours. A ses côtés, un député de la Saxe emprisonné pendant dix années dans les geôles sordides (mais elles le sont toutes...) de la soi-disante République, celle de l'est.Plus qu'un symbole, un acte de filiation.

Elle s'est aussi posée en héritière de tout le régime fédéral de 1949, porté par Konrad Adenauer. Elle a rappelé que le 9 novembre, dans l'histoire allemande, était aussi celui de la Nuit de Cristal, ce déferlement d'antisémitisme assassin, orchestré, téléguidé par les nazis. Et que la RFA s'est bâtie en réaction à cet antisémitisme et à la Shoah qui l'a suivi.

Elle a aussi affirmé qu'elle se sentait l'héritière, à ce titre, à ces titres, du combat mené dans le monde contre le terrorisme.

Mais elle a aussi rappelé qu'il restait des murs dans le monde, notamment ceux édifiés par la mondialisation. Le dire ne suffit sans doute pas, mais elle a (dé)posé une pierre en le rappelant au coeur de ce système qui nous relie les uns aux autres et qui nous retire, un peu plus chaque jour une parcelle d'humanité.

Une héritière qui montre la voie...

J'adore cette dame...

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