Dans les salles de cours, le silence... ou presque...
Plus de plume-major qui scritche sur le papier, mais les notes des doigts sur les ordinateurs portables... Quelques boîtiers colorés frappés d'une pomme blanche rappellent que certains élèves ont une conscience citoyenne et refusent de sacrifier à l'hégémonie d'une multinationale installée dans la ville de Nirvana...
Dans cette salle, on parle allemand, on évoque l'histoire allemande en version originale. Dans cette salle, on est en wifi. Même à Roissy, il n'y a pas de wifi gratuit. A Tirana, si, à New York aussi, mais ceci est une autre histoire...
Dans la salle d'à côté, on montre en temps réel le trafic du port de Rotterdam et de Shanghaï. Plus haut, un de mes amis enseigne en chinois l'histoire de ce pays qui se réveille à toute vitesse. Dans la cour, nos élèves descendent en rappel un mur, sans faire le mur, ils sont forts ces élèves...
Dans le parc, des marronniers séculaires... Ils sont beaux, ces marronniers. Ils sont vieux, ce sont des arbres gérontes qui protègent aux beaux jours nos jeunes pousses.
Dans les salles des profs, sur un parquet ancien, vénérable, à l'ombre de cariatides, des débats, des cris, des discussions. Pourquoi toute cette agitation ? C'est bien sûr la réforme du lycée. La nouvelle ? la dernière ? Ou l'ancienne qui revient au premier plan ? On ne sait pas, on ne sait plus... Mais la réforme revient, comme la grippe, dont on ne sait si elle sera aviaire ou pas...
Une réforme...
Une réforme, pourquoi faire ?
L'Education nationale ne va pas bien. Nos élèves travaillent trop, leurs journées de cours sont trop longues. Certains élèves ont plus de 35 heures par semaine, bien plus qu'un fonctionnaire de Bercy ou qu'un salarié rtétisé. L'école ne sert plus d'ascenseur social, elle reproduit les inégalités sociales plutôt qu'elle ne les corrige. Il y a aussi les soucis monétaires, dans un Etat endetté de plus de 1200 milliards d'euros... ce qui limite l'éventail des possibles. Et enfin, nos élèves n'ont pas des résultats aux tests européens dignes de l'histoire éducative de notre nation et des milliards d'argent public investi, comme du travail de la communauté éducative.
Car n'en déplaise à certaines personnes, on travaille dans cette administration. Des deux côtés du bureau. Personne ne tweete ou ne facebooke pendant les cours, sauf certains élèves, s'ils sont assez habiles ou rebelles pour le faire... Cela ne coûte pas, comme ailleurs, des points de croissance... Ici, on travaille et on assure la croissance de demain. Du Havre à Ajaccio, c'est l'économie du savoir qui ronronne. La croissance de demain et la conscience citoyenne d'après-demain...
Dans les salles de cours, le silence... ou presque... en attendant la réforme...