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Billet de blog 19 mars 2009

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Mars (2009) n'est pas Mai (1968)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mars n'est pas mai...

Deux millions, deux millions, un peu moins ? Beaucoup plus ?

Il y a comme une indécence à étirer les chiffres ou à les diminuer. L'essentiel est ailleurs. Le calendrier ne ment pas, lui...

Mars n'est pas mai.

Mars 2009 n'est pas mai 1968.

Il n'y a pas cet enthousiasme de mai 68, cette utopie, ce rêve fou d'un meilleur à bâtir. Il n'y a pas de société à opposer à la nôtre. Certes, l'indécence de certaines primes, les errements des crédits publics accordés sans contrepartie réelle, dessinent comme une autre solution, non pas possible, mais ardente, car obligée. En France, pour la première fois, la population désespère de l'Etat. L'Etat a les poches trouées, tout le monde le sait. Il suffit d'aller dans un bureau de poste et voir les queues d'attente, d"avoir un problème administratif quelconque et d'attendre... Attendre des crédits publics, qui ne viennent pas, qui ne viendront pas, les caisses sont vides, ce n'est pas seulement une réponse du prêt-à-porter politique, mais une réalité. 1300 milliards d'euros de dette publique, les emprunts pour boucher le trou, le fossé, le précipice, la fosse de Marianne de la sécurité Sociale, que l'on nous enviait naguère... Et que dire de ces queues devant les guichets de la Sécu ? Que dire de l'attente de la ligne 4 de notre métropolitain ?

Attendre, c'est le verbe qui caractérise le mieux la France.

La France, hier, en mai, s'ennuyait. aujourd'hui, elle attend... Elle attend les prochaines augmentations des impôts locaux, qui réduiront encore le pouvoir d'achat, ce qui affectera d'autant la consommation, mais nos édiles n'ont appris que la macro-économie par correspondance, et le facteur les haïssait, certainement... Elle attend les mesures de l'austérité, qui ne concerne que cette France du bas; semble-t-il.

Deux millions, pas deux millions, franchement, quelle importance ?

Si on regarde notre jeunesse et si on prend comme marqueur ce qu'elle écoute comme musique, comment ne pas voir son manque d'enthousiasme, voire son pessimisme ? Et si on sait comment elle s'amuse le samedi soir, y compris en province, car on s'amuse en province, aussi..., se charger en alcool le plus vite possible pour partir et s'affranchir de ce monde. Ce monde où certains élèves ont plus d'heures de présence scolaire que le volume hebdomadaire d'un salarié, ce monde où on les pousse au bac, qui ne sélectionne plus mais une sélection peut en cacher une autre. C'est désormais la leçon de Terminale... Ce monde qui semble leur réduire les possibles pour leur donner des certains, des mots qui ne sont pas peints en bleu, des incertitudes, des doutes, des cauchemars et des angoisses... Ce monde qu'on leur laisse.

Alors, deux millions, pas deux millions... Quelle importance ?

Offrons à nos jeunes générations un autre verbe qu'attendre, construisons un autre modèle sociétal, avec des devoirs et des droits, des vrais, de ceux inscrits dans un marbre précieux, sans ratures, ni virgules...

Mars n'est pas mai... Mais mars précède mai, toujours...

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