Yohann Chanoir

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Billet de blog 25 juin 2009

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Dieu et la cire

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dieu est mort, selon Enver Hojda.

Dieu n'est plus ou n'est pas.

Dieu est une abstraction.

Cela ne ferme pas cependant une sensibilité aux choses spirituelles.

Je me souviens de ma rencontre avec Dieu. Il est fort, quand même, Dieu. Il est mort et on le rencontre.

C'était à Narbonne, dans le musée lapidaire. Une vieille église sécularisée, ce qui flattait mon sens païen et une fibre anticléricale.

Dans cette église, qui n'était donc plus une église, des pierres, par dizaines, par centaines, des milliers de pierres. Des grosses, des petites, des entières, des cassées, des intactes, des belles, des moches, certaines en marbre, d'autres en calcaire. Une diversité minérale.

L'endroit était faiblement éclairé, c'était en été. A la tombée du jour. Il faisait frais dans cette église. Des murs sourdait, en effet, une fraîcheur agréable qui rendait ma quête de pierres plaisante. C'était le temps de ma vie où je traquais les pierres, enfin, pas toutes, mais une pierre précise, que j'ai trouvée, d'ailleurs, ailleurs, à Lattes.

Et, là, agenouillé, grattant les pierres, je ressentis l'odeur des lieux, un parfum incroyable de cire, toute cette cire brûlée pour Dieu, saignait des murs et de mes pierres, pourtant laïques. Dans la pénombre naissante, dans ce lieu sans hommes, mais avec des femmes (Dieu est malin), j'ai ressenti comme un inaccessible sentiment.

Dieu sent la cire.

Et depuis, quand je sens la cire, je ressens ce souvenir. Une de mes Madeleines sent la cire.

C'est divin...

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