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Billet de blog 19 mars 2020

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Vos applaudissements sont des claques

Mon ressenti, à chaud, depuis un service hospitalier.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis infirmier dans un hôpital publique. Mon service de 21 lits, sont - comme tous les services du CH - verrouillés pour en contrôler les entrées, dans mon service, les sorties sont interdites, les visites sont interdites. Je travaille dans une unité de psychiatrie ouverte, les patient.e.s sont habituellement autorisé.e.s à circuler hors du service, à recevoir leurs proches. Ces patient.e.s, souffrant pour la plupart, de dépression, d'anxiété, de manque d'estime de soi... Sont depuis, confiné.e.s dans un service clos. Les activités thérapeutiques (art-thérapie, musicothérapie, jardinage...) source de valorisation, sociabilisation... sont interrompues. La tension monte dans le service du fait de la promiscuité, de l'impossibilité de sortir, du confinement 24h/24h avec des patient.e.s agité.e.s, insupportable pour certain.e.s.

Côté soignant, nous manquons de SHA, on nous fournit des masques au compte-goutte, pas plus que le stricte nécessaire - consigne de la direction - alors que nous sommes en contact avec des patient.e.s atteint.e.s de toux, d'hyperthermie. Nous n'avons pas de douche pour les soignants qui le souhaite avant de quitter le service.

La crise sanitaire exacerbe au plus haut point les manquements habituels liés au système de santé, issus des politiques publiques de cette législature et des précédentes, à savoir : défaut de formation, défaut de personnel soignant, défaut de lits, défaut de matériel...

A titre personnel, je souffre encore plus que d'habitude, le "soutien" (tardif) d'une partie de la population n'y change rien, les alertes sur les failles du système de santé sont signalées par les professionnel.le.s depuis trop longtemps, sans écho. Je souffre de ne pas avoir été écouté, qu'on ne nous ai pas fait confiance, qu'on nous ai méprisé. Aujourd'hui, il est déjà trop tard, des gens sont morts, mourront encore. Cela aurait pu être évité.

Je souhaite, qu'une fois la crise passée, des conclusions en soient tirées, mais je n'ai plus d'espoir, je suis fatigué, mes camarades sont fatigués...

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.