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Billet de blog 10 février 2013

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Les excuses aux survivantes des Magdalena Sisters

L'heure des excuses et de la reconnaissance est enfin venue pour les survivantes des couvents des Magdalena Sisters en Irlande. Mardi 5 février 2013, le Premier ministre irlandais a présenté des excuses officielles devant le Parlement, lors de la publication du rapport établissant la responsabilité de l'Etat irlandais dans le placement des femmes dans les Magdalena Sisters Convents.

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L'heure des excuses et de la reconnaissance est enfin venue pour les survivantes des couvents des Magdalena Sisters en Irlande. Mardi 5 février 2013, le Premier ministre irlandais a présenté des excuses officielles devant le Parlement, lors de la publication du rapport établissant la responsabilité de l'Etat irlandais dans le placement des femmes dans les Magdalena Sisters Convents.

Entre 1922 et 1996, on estime à plus de 10.000 le nombre de femmes internées dans les Magdalena Sisters Laundries (Laveries), dont 26% au moins sur intervention de l'Etat irlandais.

"Je suis désolé pour ces personnes qui ont vécu dans un tel environnement", a déclaré le Premier ministre. Il a continué en affirmant que l'"Etat devait apporter le meilleur soutien possible" à ces femmes, vivant pour la plupart au Royaume-Uni et refusant de revenir en Irlande. On estime leur nombre entre 800 et 1000.

Placées dans les couvents des Magdalena Sisters parfois dès leur plus jeune âge, ces femmes ont dû laver le linge de familles bourgeoises, des hôpitaux et de l'armée sans espoir de sortir un jour de leur condition. La plupart sont mortes au sein de ces institutions religieuses.

Les raisons de leur internement étaient diverses : mères-célibataires, filles pas assez obéissantes, prostituées ou orphelines. Elles étaient internées sur ordre de la justice, de l'Etat, de l'Eglise ou de leur propre famille. On n'hésite plus maintenant à employer le terme de "travail forcé" pour décrire leur conditions de vie d'alors.

Margaret était l'une d'elles. Arrivée au couvent des Magdalena Sisters à l'âge de 2 ans et quatre mois en 1954, on lui a aussitôt donné le nom de Magdalena Numéro 322. Avant l'âge de 5 ans, elle préparait le petit-déjeuner pour 70 enfants dès 4 heures de matin.

Elle ne connaissait rien du monde extérieur, ne savait pas ce qu'était l'argent. Margaret est tombée enceinte derrière ces hauts murs (livreur, ouvrier ?). Ses jumelles lui ont été retirées lorsqu'elles eurent 7 semaines. Elles ne les a revues que 23 ans plus tard - grâce à leurs propres investigations.

En 1995, Margaret boit sa première tasse de café - avec ses filles. Elle est morte en 2003, à l'âge de 51 ans.

L'opposition et les associations de victimes crient au scandale devant les excuses officielles du gouvernement irlandais, jugées trop molles. Le "Je suis désolé" du Premier ministre passe mal. Certains y voient la crainte de devoir verser des indemnités trop importantes à ces survivantes qui, pour la plupart, ne réclament rien. Souvent, ces femmes ne veulent toujours pas que la famille qu'elles ont réussi à créer et leur mari  connaissent la vérité sur leur passé.

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