La crise que traverse toujours l'Irlande n'est jamais loin. Malgré les préparatifs de la Saint-Patrick, le ministre irlandais des finances n'oubliait pas, début mars, de demander à l'Europe de respecter son engagement pris en juin 2012, de "briser les liens entre les dettes souveraine et bancaire". Engagement renié en septembre 2012 par un communiqué conjoint des ministres de l'économie et des finances d'Allemagne, des Pays-Bas et de Finlande.
Le problème irlandais remonte à 2008, lorsque l'Etat irlandais s'est porté garant des dettes des banques irlandaises sous la pression de l'Europe et de la BCE. Cette décision avait été vivement critiquée par certains économistes, à l'époque. Mais la BCE avait fait clairement comprendre aux Irlandais qu'ils seraient tenus pour responsables de l'effondrement bancaire du reste de l'Europe - en particulier, de celui des banques allemandes et françaises.
La faillite des banques irlandaises a donc été transférée à l'Etat irlandais, plombant ainsi durablement l'équilibre budgétaire de ce petit pays d'à peine 4 millions d'habitants. Cette situation a contraint l'Irlande à accepter, en 2010, un plan de sauvetage de 85 milliards de la part de la Troïka (FMI, UE, BCE). Ce transfert des dettes bancaires sur l'Etat représente actuellement 40 % du PIB irlandais.
L'an dernier, le produit national brut (PNB), qui exclut les multinationales installées dans le pays, a augmenté de 3,4% alors que les exportations ont progressé de 2,9% par rapport à 2011. Reste que les dépenses des ménages ont reculé de 0,9% sur 1 an et les dépenses publiques ont diminué de 3,7%, en raison des plans d'austérité.
L'Irlande a donc retrouvé une croissance économique, confirmée, la semaine dernière, par sa première émission obligataire à 10 ans sur les marchés. La prochaine étape du gouvernement est de libérer le pays du plan de sauvetage de 85 milliards d'ici la fin de 2013.
Les Irlandais proposent qu'un maximum de 28 milliards de cette dette soit pris en charge par le fonds européen de secours, le Mécanisme de Stabilité Européen (MSE), créé en 2012. Dublin maintient qu'il ne demande en aucun cas le transfert de tout son plan de sauvetage de 85 milliards à l'Europe. Mais seulement de décharger le pays d'une partie de sa dette bancaire, dans le cadre du MSE dont la fonction est de recapitaliser les banques en cas de crise.
Berlin et la BCE bloquent actuellement la demande irlandaise, arguant que le MSE (créé en 2012) ne peut pas agir de façon rétroactive.
Le FMI, l'UE et le Parlement européen ne sont pourtant pas défavorables à une telle solution de sortie de crise pour l'Irlande dont les habitants jugent qu''ils ont largement payé pour le sauvetage du système bancaire européen.