Cela fait maintenant 20 mois que la Syrie se trouve dans une profonde guerre civile. Massacres, tragédies, tueries…Tous ces mots peuvent être utilisés pour qualifier le conflit syrien dont l’apogée ne cesse de repousser ses limites.
Ces faits désastreux sont d’autant plus grave aujourd’hui qu’ils sont progressivement « acceptés » par les mentalités et s’approchent du conflit durable. C’est-à-dire que le choc à proprement parlé des populations au niveau international s’apaise: ainsi, les informations à propos de la Syrie s’amenuisent dans les journaux, font de moins en moins débat et ont donc tendance à se perdre dans le flux continu des sujets du jour…
Bref, tandis qu’une nouvelle fois, le dictateur Bachar Al-Assad se dit vouloir « vivre et mourir » en Syrie, la situation internationale autour de ce conflit semble peu à peu se stabiliser.
Face à ce constat, c’est tout la question de la gérance de l’ONU qui est remis en doute. L’un de ses rôles premiers défini dans sa déclaration est pourtant de garantir la paix internationale. Ce sont les causes puis les conséquences éventuelles d‘une telle ingérence que nous analyserons dans cet article.
Afin de comprendre la situation actuelle, il est tout d’abord légitime de comparer ce cas à la révolution libyenne qui, elle, a pu rapidement aboutir sur la fin de du régime de Kadhafi. Cette fin rapide a été permise essentiellement grâce à l‘aide internationale déclenchée par un accord du conseil de sécurité de l’ONU. Certes, il existe de nombreux facteurs qui rendent totalement inefficaces ou irresponsables les différents interventions internationales à l’encontre de la Syrie: densité élevée de la population qui rend les populations civiles vulnérables aux bombardements, limites des sanctions économiques qui touchent avant tous les habitants avant le régime-lui-même, coût élevé d’une intervention militaire en cette période de crise dont la durée est en plus indéterminée...
Néanmoins, la cause principale de cette « non-action » de l’ONU ne dépend en vérité assez peu des simples conditions de la révolution syrienne. Cela est d’autant plus marqué que le chiffre des 26 milles morts annoncé par l’observatoire syrien des droits de l’homme depuis le début de la révolution ne semble pas faire bouger les choses. Ce blocage est en effet lié aux institutions de l’ONU. Ainsi par une description grossière, l’ONU se compose d’un conseil de sécurité doté de 5 membres permanents; chacun de ses membres peut bloquer les mesures jugées incorrectes par le biais d’un droit de véto.
Dans le cas Syrien, la Russie et la Chine mettent tout deux leurs vétos dès qu’une mesure semble dangereuse pour Bachar el-Assad afin de protéger leurs intérêts personnels (accord commerciale, alliance, accès à des ressources naturels…).
Cette situation belle et bien bloquée met totalement en suspend le crédit accordé aux ordres internationaux.
La question que chacun peut se poser est naturellement la suivante: Si les grandes organisations, telles que l’ONU principalement, qui se veulent démocratiques (donc vulnérables aux vétos) sont-elles-même incapables de résoudre les grandes crises, qui peut se réapproprier ce rôle ?
La réponse est alors aussi simple qu’inquiétante car aucun pays ne peut agir seul sans créer de nombreuses tensions et remises en cause: l’ONU semble être à ce jour le seul organisme capable de fournir une légitimité acceptée par tous et d’accentuer assez de pression pour pouvoir enclencher des interventions militaires afin de garantir la paix. Les inactions en Syrie aboutissent alors à un nouvel horizon moins illusionniste qui se veut très vulnérable aux moindres tensions car il suffit du soutient d’un unique pays « majeur » disposant d’un droit de véto pour que toutes solutions soient caduques comme dit précédemment.
Cet impossibilité d’action rapidement atteinte prend une nouvelle ampleur car il suffit d’envisager le potentiel de certains faits récents pour voir que ce conflit Syrien risque sans cesse d’entrainer des crises bien plus larges; et ceux, justement parce qu’aucune réaction n’a été faite pour le moment pour stopper cette guerre civile.
Voici un exemple: Début octobre, un bombardement syrien visant probablement des rebelles sont allé au delà de la frontière Syrie/Turquie. Il s’en est résulté la mort de 5 civils Turques. Des bombardements Turques ont alors répliqué pendant une dizaine de jours sur le territoire syrien, et dans les jours qui suivent, le parlement Turques a même accordé une motion qui autorise l’armée à conduire « si nécessaire » des opérations en Syrie.
Par conséquent, le fait que cette guerre locale subit une expansion plus internationale est depuis ce jour vraisemblable. Même si les armées turques n’ont pas dépassés eux même la frontière (ni les 250 chars déployés devant la Syrie le 12 Octobre!), elle a même déjà commencé en quelque sorte avec ces bombardements.
De plus, cette hausse des tensions n’est pas isolées: que se soit par l’interception d’un avion venant en Syrie par la Turquie, par les 9000 réfugiés syriens ayant atteint la frontières turque dans la seul journée du 9 octobre ou encore plus récemment avec les bombardements d’Israël sur la Syrie pour répliquer à un obus ayant touché un poste militaire.
Le déclenchement d’une guerre officielle serait d’autant plus dangereuse que la Syrie possède comme dit précédemment des alliances avec la Chine et la Russie.
Par le système de cause/conséquences, il peut être alors aisé d’envisager des scénarios du pire mais nous n’en ferons rien dans cet article.
Le but est de démontrer que l’incapacité pour un ordre supranational de s’imposer pour jouer un rôle préventif sur les conflits est assez alarmant.
Si nous changeons de positions géographiques, plusieurs exemples de mise en condition d’une guerre d’assez grande ampleur ayant existé et existant encore existent. Le simple cas encore actuel du Mali, où un gouvernement et une armée terroriste ont pris le contrôle par la force de la majorité du pays, inclus déjà la possibilité d’un Etat terroriste si les organisations internationales ne font rien.
En tous cas, il est difficile de penser que l’inaction de l’ONU en Syrie entraine une dissuasion durable des prochaines crises car il est là le problème. Telle une arme préventive, l’efficacité de l’ONU dans un sens général aurait pu résider dans la« dissuasion » qu’elle exerce par une possibilité d’intervention; de cette façon, Bachar el-Assad aurait pu par exemple diminuer la répression par peur d’une telle intervention. Mais il n’en n’ai rien, telle la SDN avant elle, le prestige de celle-ci s’effrite dans le temps par la capacité de véto d’au moins un membre permanant et avec cela le risque qu’il disparaisse l’assurance d’une paix futur dans les quatre coins du globe.
Bien sur, il y a toujours à contraster, la simple existence de telles organisations sont un grand atout car elle témoigne d’une volonté générale de paix qui espère s’exercer entièrement un jour, et des mesures plus mineurs ont déjà été employés. Mais cela demeure insuffisant car les résultats sont très limités.
« Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. » disez Churchill suite à l’échec d’une conférence internationale pour garantir la paix. Il faut ainsi être conscient que de telles "inactions", si trop répetitives, mettent à mal sur le long terme l'efficacité de cet "échapatoire aux massacres et aux diffamations envers les droits de l'hommes" que peut être l'ONU... Et ceux, peut être au risque de laisser se déclencher des crises de plus grande ampleur encore qu'à l'origine. Espérons alors qu’une nouvelle ligne de conduite sera peu à peu adopté afin d’éviter à l‘avenir, telle que l’a été en Syrie, ces signes de l’impuissance internationale.
Yonathan Van der Voort