LE HIRAK DOIT PENSER A DE NOUVELLES FORMES DE LUTTE
Youcef Benzatat
LA CONSTITUTION NE SERT QU'À BLANCHIR LA DICTATURE AU REGARD DES INSTANCES INTERNATIONALES !
Dans le chapitre IV de la Constitution Algérienne, "Des droits et des libertés", Art. 36 - "La liberté de conscience et la liberté d'opinion sont inviolables", alors que beaucoup de personnes sont condamnés et emprisonnés pour avoir exprimés librement leur opinion politique et leur athéisme publiquement. Dans son Art. 41 - "Les libertés d'expression, d'association et de réunion sont garanties au citoyen", alors qu'il est interdit à des partis politiques d'opposition et à des associations de la société civile de se réunir pour organiser des assises, des congrès ou des meetings. La question que l'on peut se poser serait pourquoi le pouvoir condamnerait-il des comportements individuels et collectifs et des prises de parole publique, alors qu'il les a légalisés dans sa Constitution ? La réponse est toute simple, la Constitution n'est pas destinée à la consommation nationale. Elle n'a pas été conçue pour définir les droits et les devoirs du citoyen. Elle a plutôt été conçue pour une consommation internationale, au regard de l'ONU, la ligue internationale des droits de l'homme, Amnesty internationale, comme du reste, la ratification de toutes les conventions internationales en rapport avec les droits de l'Homme et les libertés individuelles et collectives, afin de ne pas attirer les foudres de ces instances internationales, en même temps de blanchir la dictature de sa répression contre toute tentative de manifestation et de formation d'un quelconque contre-pouvoir, y compris contre tout comportement rebelle aux valeurs sur lesquelles la dictature a bâtie son idéologie de légitimation que sont les constantes nationales, arabité, islamité, amazighité, ainsi que sa version officielle de l'histoire nationale.
LE HIRAK DOIT PENSER DE NOUVELLES FORMES DE LUTTE
A se demander, pourquoi les instances internationales ne réagissent-elles pas activement devant ce qui se passe dans ces pays rongés par la dictature, les violations des droits de l'homme et les privations des libertés individuelles et collectives ? Il ne faut rien attendre de ces instances internationales, elles sont elles-mêmes soumises à des agendas établis. Elles ne sont activées que pour satisfaire ces agendas non avoués, mais jamais pour venir au secours de populations en danger. Dans ces conditions, il appartient aux peuples soumis, eux-mêmes, de se libérer de la servitude, comme autrefois contre le colonialisme, aux prix de sacrifices douloureux et inévitables. Pour ce faire, il faudra adopter une attitude de résilience pour pouvoir vaincre un système aussi coriace. Il ne faut surtout pas faire dans la paranoïa et se braquer contre l'armée. Au sein de l'ANP existe beaucoup d'officiers supérieurs honnêtes, patriotes et disposés à restituer le pouvoir aux civils et qui sont eux-mêmes pris en otage par leur commandement, qui ne voit que les intérêts personnels, les privilèges et les faveurs qu'il peut en tirer de sa fonction. Pour avancer dans la lutte, le Hirak doit penser à de nouvelles formes d'actions efficaces et qui ouvrent de réelles perspectives. La désobéissance civile pacifique et constructive en est une, mais qui ne doit pas mettre en péril la sécurité physique, la santé et les besoins alimentaires du peuple. Je ne suis pas adepte de la violence, qui ne règle rien, mais, je suis pour une radicalisation intelligente et mesurée, dans l'union, avec un leadership consensuel. Sinon, c'est le chaos et le chaos est contreproductif.
Y.B.