youferd (avatar)

youferd

Fonctionnaire

Abonné·e de Mediapart

9 Billets

0 Édition

Billet de blog 25 janvier 2014

youferd (avatar)

youferd

Fonctionnaire

Abonné·e de Mediapart

Pour Hollande la réélection n'est plus un objectif

youferd (avatar)

youferd

Fonctionnaire

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une question récurrente se pose à la lecture de la presse, quelle est la stratégie électorale de François Hollande, le président le plus impopulaire de la 5ème république. Comment expliquer ce mépris absolu de ses engagements et ce calme olympien par rapport à sa défaite annoncée en 2017 ? Bien loin d’être une anomalie, notre Président est en plein dans une tendance moderne, le seul problème étant qu’il la rend trop évidente.

Le suffrage censitaire est de retour

On nous raconte partout dans les gazettes que le populisme est de retour : il faudrait faire attention car de bizarres marchands de fadaises (au premier rang desquels le Front de gauche, car le Front national n’est pas, sur ce créneau, exactement un perdreau de l’année) cherchent à nous persuader  qu’un autre monde est possible. Il faut absolument s’en écarter et voter pour des partis responsables avec un programme raisonnable.

Nous fîmes ce choix avec François Hollande qui nous promit bien des choses. En économie il allait s’affranchir du carcan de Bruxelles, la finance était son ennemie. Au niveau sociétal, les étrangers allaient enfin voter et nos policiers républicains arrêter de nous contrôler au faciès. A l’arrivée, rien de tout cela, une plate conversion à la pire vulgate patronale et capitaliste (dire vulgate libérale n’a pas de sens).

Cela a un nom depuis la plus haute antiquité : la démagogie, on promet tout pour arriver au pouvoir puis on fait le contraire. Les populistes sont nous dit-on des démagogues.

Alors que faut-il en conclure ? populisme partout, politique nulle part ?

Pas du tout, simplement la majorité des français a perdu le droit de vote. Ou plutôt la vertu ayant désertée le personnel politique, nos institutions - où aucun contrôle populaire n’existe une fois le vote exprimé - ont tourné le dos à la souveraineté populaire. Avez-vous validé par référendum la volte face sur la durée des cotisations pour la retraite ?

En vérité, peu importe à nos élus nationaux d’être réélus où pas, ils ont en ligne de mire leur boulot d’après dans les affaires (Schröder embauché par Gazprom) ou la conférence sur-payée (Nicolas Sarkozy). Il leur suffit d’accéder au moins de temps en temps aux responsabilités pour rester bankable.

Dans un pays ou 5% de la population possède plus de 37% du patrimoine, ce sont ces 5% qui font et défont les carrières et qui décident des programmes, comme s’en vante à mots à peine voilé Gattaz fils. La proximité est désormais affichée, l’épuisement idéologique du PS est tel qu’entre les imbéciles et les cyniques, cette domination ne prend même plus la peine de se cacher.

Le contrepoids de la vertu

Ce que je décris n’est pas vraiment nouveau, la différence c’est que tout est désormais déboutonnné : on affiche l’argent, les somptueux  Ryads à Marrakech. La réussite économique tiens lieu de pedigree, c’est même devenu le mètre étalon et plus rien d’autre ne compte. Au fil des reportages et des éditoriaux on salue le pragmatisme et l’intelligence de notre bon Président :que n’avait-il plutôt retourné sa veste !

Tout ce tout petit monde avait bien compris dès le début quel était le véritable programme, la véritable orientation. Celle-ci a beau avoir déjà échouée, nous avoir précipité dans un endettement massif et une crise terrible, il faut continuer, car ce sont ceux qui en tire un profit véritable qui sont aux manettes. Le processus électoral n’est plus une confrontation d’idées et  de programme, mais un concours à qui saura agiter le discours le plus à même de le catapulter au pouvoir, sans que personne ne se préoccupe de son application réelle.

Ce processus est mortel pour la gauche, dont les hommes au pouvoir ne sont préoccupés que de leur recasage dans les rouages de la technostructure capitaliste bien huilé que les traités européens imposent à marche forcée. Ainsi, l’idée même que le progrès est possible disparaît. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de la montée irrésistible de l’extrême droite qui finira bien par arriver aux affaires, le jour où la connivence et le cynisme qui dominent les média et la classe politique finira par devenir trop insupportable.

Le jour où le démagogue de trop sera élu en trahissant encore une fois ceux pourquoi et par qui il a été élu.

Quand la vertu – c'est-à-dire le fait de faire passer l’intérêt général avant l’intérêt particulier et de respecter ses engagements devant le peuple - déserte la République, celle-ci n’est plus qu’un simulacre repoussant. Alors que faudra-t’il comme craquement pour qu’advienne une véritable prise de conscience ?

Chateaubriand, peu suspect de grandes pensées progressistes, décrivait ainsi l’aristocratie juste avant la révolution :

« le pouvoir glissait de toutes les mains. Le suprême bon ton était d'être Américain à la ville, Anglais à la cour, Prussien à l'armée ; d'être tout, excepté Français. Ce que l'on faisait, ce que l'on disait, n'était qu'une suite d'inconséquences. On prétendait garder des abbés commandataires, et l'on ne voulait point de religion ; nul ne pouvait être officier s'il n'était gentilhomme, et l'on déblatérait contre la noblesse ; on introduisait l'égalité dans les salons et les coups de bâton dans les camps »

Nous y sommes.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.