7 octobre 2023 : un jour douloureux pour l’amitié -illusoire?-entre les peuples de Palestine et d'Israël. 07/10/23: un jour marqué au fer rouge où les morts se comptent déjà par centaines, plus de 300 côté israélien, et déjà plus de 300 en représailles le jour même. Un jour qui annonce -malheureusement- des semaines à venir de morts en nombre.
Je déplore les victimes israéliennes Autant que je déplore les victimes palestiniennes. Je ne veux pas comparer le nombre de victimes de part et d’autre. Une victime, qu’elle soit juive ou musulmane, chrétienne ou athée, qu’elle soit blanche ou noire, femme ou homme, israélienne ou palestinienne, est un Être humain qui a droit à l’intégrité de sa vie, et à l’intégralité de sa liberté.
On ne peut pourtant éluder ni passer sous silence la cause de cette tragédie, et cette cause n’est rien d’autre que l’occupation d’un peuple par un autre ; la politique d’apartheid employée par l’un à l’égard de l’autre; l’enfermement de plus de deux million d’âmes dans une prison à ciel ouvert, cernés par un mur de plus de 8 mètres de hauteur d’un côté, et par la mer de l’autre Une mère quadrillée par des navettes militaires israéliennes qui n’hésitent pas à bombarder lorsqu’elles le jugent utile. 2 millions d’âmes privés de biens matériels, de produits de soin, de santé, d’électricité, de jouets pour enfants, d’écoles, de biens alimentaires, bien sûr et d’abord, d’études supérieures, d’espoir d’avenir, et réduits à l’état de bétail sans droits aucuns, et soumis au bon vouloir d’une puissance militaire colossale qui use à son bon vouloir de cette puissance par terre, par air et par mer.
Le Hamas, la force qui domine Gaza, après nombre d’actes assimilables en partie à du terrorisme, s’est cette fois particularisé par un véritable acte de guerre, minutieusement planifié, coordonné, à la fois par voies terrestre et aérienne. Une action qui ramène ce conflit vieux de 75 ans à ce qu’il est réellement : une guerre d’occupation. Une guerre de libération. Et le droit des Palestiniens à se battre pour leur liberté pour faire reconnaître leur exigence d’un État, n’en déplaise à Israël et à ses soutiens, n’en déplaise à la bien-pensance occidentale, est inscrit dans les textes suprêmes, ceux de l’ONU et du Droit International.
La souffrance de la population israélienne, la peur qui s’est incrustée, les larmes, les morts, les blessés, sont une horreur qui me touche et devrait toucher tout être humain.
Cette peur, ces larmes, l’effroi dans les regards, les cris de douleur de ceux qui ont perdu ou sont sans nouvelles de leurs proches, les corps israéliens éparpillés sur le bitume, les immeubles israéliens effondrés… me font mal. Ils me rappellent la peur, les larmes, l’effroi dans les regards, les cris de douleur de ceux qui ont perdu ou sont sans nouvelles de leurs proches, les corps palestiniens éparpillés sur le bitume, les immeubles palestiniens effondrés tant de fois vécus par ceux-là même dont le Hamas s’est voulu le porte parole et la main armée.
Mais toutes ces fois là, en dehors de quelques mots de compassion rejetant dos à dos l’agresseur et l’agressé, il n’y avait eu ni compassion ni dénonciation digne de ce nom. Ni de Maire de Paris décrétant l’extinction des feux de la Tour Eiffel en signe de solidarité, ni de condamnation du terrorisme d’Etat, ni de larmes pour les victimes. Car il y a, côté occidental, côtés américain et européen, un parti pris pro-israélien assume, au delà de toute logique politique, humaine et légaliste.
Je veux exprimer ici encore ma compassion et ma solidarité avec les familles de victimes israéliennes. Ainsi qu’avec les familles de victimes palestiniennes.
Je devine, tout le monde le devine -tous les commentateurs le prédisent comme incontournable, nécessaire même !- : Israël devrait bombarder Gaza, détruire, faire payer, venger au centuple les vies israéliennes. Telle a toujours la politique d’Israel: vies pour œil, mâchoires pour dent ! Et punition collective.
Il faut le dire et le redire, encore et encore : on ne peut éluder ni passer sous silence la cause de cette tragédie israélo-palestinienne : la politique des assassinats ciblés, celle des punitions collectives, l’humiliation qui fait le quotidien des Palestiniens, les occupations de terres, le racisme institutionnel, l’arrestation d’enfants mineurs et la torture, les destructions de maisons, de villages, et de plantations d’oliviers par l’armée et par les colons venus de partout de par le monde… Et, insulte suprême : l’infamante accusation d’antisémitisme et de soutien au terrorisme à l’encontre de quiconque s’exprime pour le droit des Palestiniens.
Le monde voudra-t-il enfin se réveiller et prendre acte, par des faits tangibles, que tant que durera cette occupation il n’y aura pas de paix. Que les victimes continueront de se multiplier, tant Palestiniens qu’Israéliens. Des innocents qui, de part et d’autre, ne demandent qu’à vivre libres et en sécurité. Et cela est le premier de leurs droits fondamentaux. D’un côté comme de l’autre.
Le monde voudra-t-il se réveiller et prendre acte, enfin, que tant que durera l’apartheid, un peuple sera appelé, par la force des choses, à faire tout ce qu’il est en son pouvoir pour se libérer et affirmer sa dignité.
Israël est en danger ? Oui ! Israël est en danger d’implosion, ce à quoi elle ne pourra échapper si elle continue sur le chemin de l’apartheid et de la ségrégation. Ce à quoi elle ne pourra échapper si l’Occident continue de s’entêter à soutenir Israël à l’encontre de toutes les résolutions de l’ONU et du droit international, à taire ses crimes et empêcher toute sanction internationale.
Par cet acte de guerre coordonné qui a surpris le monde, le Hamas démontre l’échec des services de renseignement israéliens. Quelle que soit la puissance d’Israël, sa puissance économique, militaire, la supériorité de son renseignement, il existera toujours des failles, et ces failles seront exploitées par leur ennemi palestinien. Tant que les Palestiniens ne connaîtront pas la paix, Israël ne connaitra pas la paix non plus. Leurs destins sont liés. Comme les doigts d’un même main.
Le peuple de Gaza hurle à la face du monde qu’il a bien le droit de se défendre contre une occupation qui dure depuis 75 ans. Contre l’humiliation quotidienne, les assassinats ciblés, livré dans des camps à l’ultra présence de la drogue (qui à l’inverse des biens de nécessité circule librement alors que l’armée israélienne en verrouille tous les accès).
Nul ne devrait pouvoir se réjouir de ces morts, qu’elles soient israéliennes ou palestiniennes. Nul ne devrait se réjouir de la haine qui va s’approfondir encore entre les deux peuples. Nul ne devrait se réjouir du fait que ce nouvel embrasement va être attisé par eux qui ne pensent que haine et vengeance. D’un côté comme de l’autre. Oubliant que la haine engendre la haine. Que la mort engendre la mort. Et que les morts, de quelque côté qu’ils soient, sont majoritairement des innocents, prisonniers d’une logique de domination d’un peuple par un autre.
Younes BENKIRANE
8 octobre 2023