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Billet de blog 15 novembre 2025

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Sommes-nous des Français du deuxième collège ?

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Lettre ouverte au Président de la République

Sommes-nous des Français du deuxième collège ?

Monsieur le Président de la République,

Je vous écris non pour moi, mais pour ma fille — et, à travers elle, pour toutes celles et ceux qui vivent, ici, dans le silence des lenteurs administratives, l’injustice de l’attente et la douleur de la séparation.

Mon épouse, mon fils et moi sommes Français à part entière. Nous vivons paisiblement, sans aucun problème d’ordre public ni conflit avec quiconque, depuis notre installation définitive en France — un pays que nous avons choisi pour ses valeurs d’humanité et de justice.

Notre fille, restée dans notre pays d’origine pour des raisons familiales, nous a rejoints en 2015 en tant qu’étudiante. Après avoir brillamment obtenu son diplôme d’ingénieure, elle a naturellement souhaité poursuivre sa vie ici, auprès de nous, dans le pays qu’elle aime et qu’elle sert déjà par son travail et ses compétences.

Mais toutes les portes se sont refermées devant elle.
L’erreur est survenue au moment du changement de statut : nous avons, sur conseil, opté pour un titre “vie privée et familiale” au lieu d’un titre “salarié”, alors même qu’elle travaillait déjà comme ingénieure. Une simple erreur administrative, devenue un mur.

Selon son avocate, elle remplit pourtant toutes les conditions pour obtenir son titre de séjour, en vertu de l’article 5-6 de l’accord franco-algérien. Après plusieurs recours, elle a enfin obtenu un avis favorable.

Et pourtant… lors de sa présentation à la préfecture, on lui a réclamé une copie intégrale de son acte de naissance. Celle qu’elle avait fournie, en version électronique officielle, a été refusée. Aujourd’hui, elle détient l’original, mais il lui est impossible d’obtenir un rendez-vous pour le déposer.

J’ai déjà saisi, à plusieurs reprises, la Préfecture de la Seine-Saint-Denis, ainsi que le ministère de l’Intérieur.
J’ai même adressé, il y a plus d’un an, une lettre à votre attention, Monsieur le Président, pour attirer votre regard sur cette situation.
Mais à ce jour, aucune réponse ne nous est parvenue.
Et c’est précisément ce silence — ce mur d’indifférence administrative — qui m’oblige aujourd’hui à prendre la plume publiquement, dans l’espoir d’être enfin entendu.

Monsieur le Président, que faut-il faire quand la machine administrative devient plus forte que la raison ?
Y a-t-il deux catégories de citoyens : ceux qui peuvent vivre dignement auprès de leurs proches, et ceux qui doivent supplier pour un droit élémentaire ?

Ma fille n’a commis aucune faute. Elle a étudié ici, travaillé ici, contribué ici. Elle ne demande rien d’autre que de vivre légalement dans le pays de sa famille, auprès de sa mère malade, qui a besoin d’elle chaque jour.

Je vous demande, Monsieur le Président, de regarder au-delà du dossier, au-delà des sigles et des procédures, et de voir l’humain — une fille, une mère, une famille qui aspire simplement à vivre ensemble.

La France, terre de justice et de droits de l’homme, ne peut pas rester sourde à cette réalité.

Aziz Slimani est citoyen français, installé à Saint-Ouen-sur-Seine. Il témoigne ici d’une situation administrative qui touche sa famille depuis plusieurs années et qui soulève, selon lui, une question de justice et d’égalité entre citoyens.

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