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Billet de blog 16 octobre 2025

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Loi déforestation : vers un honteux report d’un an

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« La loi européenne sur la déforestation, votée en 2023, devait enfin mettre un terme à une absurdité ; chaque année, des produits que nous consommons en Europe, comme le chocolat, le café, le soja, l’huile de palme, le cuir ou le bœuf, continuent de détruire les forêts du monde entier. Avec cette loi, l’Union européenne exigeait que ces produits ne puissent plus provenir de zones déboisées. Concrètement, les entreprises doivent prouver la traçabilité de leurs matières premières avant de les vendre sur le marché européen. C’était une révolution, une victoire du bon sens et du climat.

Mais à deux mois de son entrée en vigueur, la Commission européenne s’apprête à faire machine arrière. Après un premier report déjà décidé l’an dernier, elle prépare un nouveau report d’un an, sous prétexte de “problèmes informatiques” dans la plateforme de traçabilité censée accompagner la mise en œuvre du texte.

Soyons clairs ; ce n’est pas une panne informatique, c’est une panne politique

Un recul injustifiable

Repousser une loi qui a déjà été repoussée, c’est donner un signal catastrophique.
Catastrophique pour les citoyens, qui doutent déjà de la volonté européenne de tenir son Green Deal. Catastrophique pour les entreprises, qui se sont adaptées, ont investi, et réclament désormais de la stabilité. Catastrophique enfin pour la planète ; un report d’un an c’est plus de 300 000 hectares de déforestation qui disparaissent, soit l’équivalent de 120 millions de tonnes de CO₂ relâchées dans l’atmosphère.

Et qu’on ne s’y trompe pas ; pendant que nous tergiversons, la déforestation mondiale continue au rythme de 7,5 millions d’hectares par an. Chaque mois de retard coûte des forêts entières.

Une excuse qui ne tient pas

Personne ne conteste qu’un système informatique puisse rencontrer des difficultés. Mais la Commission a eu deux ans pour le préparer. Et même si le problème était réel, il ne saurait justifier un nouveau report. Car quand l’Europe veut, elle peut ; si une loi sur la sécurité ou sur l’immigration connaissait un “bug”, une solution serait trouvée dans la semaine. Ici, parce qu’il s’agit d’environnement, on choisit de reculer.

La vérité, c’est que ce report arrange certains. Les grandes multinationales qui freinent la transition. Les partenaires commerciaux qui redoutent nos standards. La droite conservatrice et l’extrême droite qui ont toujours été contre ce texte. Et surtout, les États-Unis, qui n’ont jamais caché leur hostilité à cette réglementation. Lors de l’accord transatlantique conclu cet été, l’administration américaine, Donald Trump en tête, avait fait savoir que les nouvelles normes européennes sur la “due diligence” ou la déforestation ne lui plaisaient pas.
Ce “problème informatique” tombe décidément à pic.

Une manœuvre dangereuse

Derrière ce nouveau report se cache un risque encore plus grand ; la réouverture du texte. Certains  pourraient profiter de cette année supplémentaire pour affaiblir la loi, introduire des dérogations ou édulcorer les obligations de traçabilité. Ce serait une capitulation face aux lobbies et aux pressions extérieures.

L’EUDR n’est pas une loi symbolique. C’est une des pierres angulaires du Green Deal européen, une réponse concrète à la crise climatique et à la destruction des écosystèmes. La vider de sa substance serait trahir non seulement le Parlement européen, mais aussi tous les citoyens qui ont cru à une Europe capable d’agir pour le bien commun. »

« La loi doit être appliquée »

« L’Europe doit faire appliquer la loi comme prévu car reporter, c’est céder. Et céder, c’est reculer sur l’essentiel : notre crédibilité, notre cohérence, notre avenir.

Quand il s’agit de défendre les forêts, de protéger le climat et d’assurer un avenir vivable, aucun “problème informatique” ne peut justifier la lâcheté politique.
Il est temps que la Commission européenne se ressaisisse ; qu’elle cesse de faire plaisir à Trump ; et qu’elle montre, enfin, que le Green Deal européen n’était pas qu’une promesse électorale, mais un engagement concret, ferme et irréversible

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