yveline riottot

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Billet de blog 11 mai 2025

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Le conflit indo-pakistanais, une nouvelle guerre pour l’eau 1

Le 22 avril, l’Inde a connu sa pire attaque terroriste depuis les attentats de Bombay en 2008. Narendra Modī accuse immédiatement le Pakistan d’avoir soutenu l’attentat via un groupe djihadiste soutenu par Islamabad. En Inde comme au Pakistan, le réflexe nationaliste rassemble derrière le pouvoir. Mais au-delà de ces considérations, il s’agit également d’une véritable guerre pour l’eau.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’Indus est un fleuve d’Asie qui a donné son nom à l’Inde. Il coule depuis la chaine himalayenne du plateau de Tibet, donc en Chine, en direction du sud-ouest sur 3200 km, traverse l’Inde et le Pakistan et se jette dans la mer d’Arabie. Il fait partie des sept rivières sacrées de l’Inde.

En 1947, l’Empire des Indes Britanniques a été séparé en 2 dominions selon les majorités religieuses qui les composaient, et a donné naissance à deux Etats : l’Inde (majoritairement Hindou) et le Pakistan (musulman à 97%). Ils partagent 2900 km de frontières, possèdent tous deux la bombe nucléaire, et n’ont jamais établi la paix. En effet, dès 1947, les 2 états se déclarent la guerre. La raison : la région du Cachemire, qui n’était pas incluse dans le partage.

Le Pakistan revendique ce territoire à grande majorité musulmane. Mais celui-ci est dirigé par un maharajah hindou qui tient à conserver l’autonomie de son Etat. Face à l’insurrection de la population cachemirie qui souhaite rejoindre le Pakistan, le souverain est contraint de demander l’aide de l’armée indienne. En échange, il s’engage à rattacher son territoire à l’Inde. On trouve là l'origine de la première guerre indo-pakistanaise. En réalité, l’une des principales raisons était la répartition des eaux. En effet, celui qui conquerrait le Cachemire, de part sa proximité avec la chaîne himalayenne, garantissait ses réserves hydriques en amont du fleuve Indus. Et l’Inde contrôlait alors les sources de l’Indus au détriment du Pakistan. 

Dès la fin de cette guerre, les deux Etats engagent des discussions sous l’égide de la Banque Mondiale qui essaie d’imposer deux principes : la coopération est la base de la gestion des eaux du bassin de l’Indus et les solutions adoptées doivent être fonctionnelles et non politiques. Les négociations vont durer 13 ans et aboutir au Traité de l’Indus en 1960 qui répartit géographiquement les ressources : les affluents de l’Est du Bassin de l’Indus (Beas, Sutlej et Ravi) appartiennent à l’Inde, les affluents de l’Ouest du Bassin de l’Indus (Jhelum, Chenab et l’Indus) appartiennent au Pakistan. En outre, chaque partie peut utiliser l’eau du voisin pour l’hydroélectricité ou la régulation du débit, à condition de ne pas en prélever. 

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