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Préfet honoraire, Président du Centre international de recherches et d’études sur le terrorisme et l’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT)

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Billet de blog 23 novembre 2012

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Deux poids, pas de mesure

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L'écho du canon roule à présent d'Alep à Gaza sans que les regards se détournent de la lutte fratricide qui met aux prises les conquérants de l'impossible, le gouvernement de l'U.M.P.  Un ministre des affaires étrangères dépêché à Jérusalem puis à Ramallah pour calmer des protagonistes qui n'entendent que les exhortations à la surenchère, deux autres ministres expédiés dans un province méditerranéenne pour clamer leur résolution à interdire les règlements de comptes mafieux, un président qui, à l'instar de son prédécesseur, reconnaît comme gouvernement légitime de la Syrie un semblant d'organisation dont les membres s'autoproclament représentants d'un peuple divers, divisé et pas nécessairement disposé à se reconnaître en eux, tel est le tableau de la France de novembre 2012, qui chantonne gentiment comme la fille de Madame Angot : « c'était pas la peine, ah non pas la peine, c'était pas la peine assurément de changer de gouvernement ».

                    La crise syrienne et la crise palestinienne conjuguent leurs effets pour embraser de nouveau un Proche-Orient que le « printemps arabe » ramené à ses justes proportions avait laissé de côté. Ce n'est plus le Machrek ni le Maghreb qui retiennent notre attention, ce ne sont plus des aspirations populaires qui lèvent les foules mais le jeu des intérêts nationaux, dynastiques, voire stratégiques qui prend le dessus. Des pays, de grands pays, qui n'avaient pas participé aux croisades contre les dictateurs, pas plus dictateurs au passage que les monarques qui attisaient  le feu de leur contestation en sous-main, sont de retour : la Russie qu'il ne faut jamais perdre de vue, la Chine enrichie, qui a cependant le triomphe modeste, l'Iran théocratique qui cultive le temps, son allié le plus précieux dans la course au nucléaire militaire.

                  La remise en perspective des évènements devrait imposer que la priorité de nos diplomaties soit accordée au sujet qui est le plus lourd de menaces. A cette question fondamentale, chacun est en droit d'apporter sa réponse. Certains s'inquiètent de la montée d'un islamisme radical, d'autres de l'agressivité du Hamas ou du Hezbollah, d'aucuns de la division de la Palestine, une notable quantité de la surdité du gouvernement israélien aux injonctions internationales, les plus anciens du retour d'une sorte de guerre froide entre deux blocs qui s'étaient perdus de vue et d'hostilité. Tous cependant  doivent convenir que l'entrée d'un nouveau membre, et quel membre !, dans le club des huit puissances nucléaires qui deviendrait le « club des neuf » peut donner le signal d' une nouvelle course aux armements nucléaires, de plus en plus dangereuse dans la mesure où la progression  arithmétique des armements entraîne une progression exponentielle des risques. En effet, au delà de la possibilité d’affrontements directs, ce sont les grands équilibres stratégiques qui se voient remis en cause. Plus que l'éventualité de sa destruction c'est la certitude de la perte de son hégémonie militaire qui inquiète Israël, Plus globalement et paradoxalement, l'Asie risque de devenir la partie du monde la plus fortement nucléarisée alors que les casus belli y sont les plus nombreux. Tout le monde, sauf le régime iranien, convient de ce qu'introduire un nouveau partenaire dans le jeu nucléaire serait à cet égard irresponsable.

               Comment éviter une telle issue ? Assurément pas par le recours à la force, annonciateur de secousses insupportables pour l'économie mondiale et qui ferait injure au peuple iranien engagé dans la lutte contre l'intolérance et le despotisme. Pas davantage par la diplomatie dont l'Iran a déjà ruiné l'usage et qui lui laisse les mains libres pour opprimer son propre peuple, Est-ce à dire que nous sommes dans l'impasse ? Ne se trouve-t-il aucune voie pour enrayer, interdire une démarche  aussi diaboliquement dévastatrice ? Poser la question c'est y répondre, tout simplement en faisant confiance au peuple iranien, aux démocrates, aux tenants des droits de l'homme qui ne se sont jamais résignés au pire, qui poursuivent depuis plus de trente années le combat. Un combat d'abord impossible, puis de plus en plus crédible et aujourd'hui irrésistible contre le fanatisme théocratique, C'est à ces femmes, à ces hommes qu'il faut, sans ambiguïté, manifester notre confiance et notre soutien. Une confiance qui passe par l'application de la loi internationale qui veut que les Etats qui ne respectent pas les usages diplomatiques soient bannis de la communauté internationale comme l'Allemagne nazie et l'Italie y furent contraintes en 1933 et 1937. Un soutien qui exige la reconnaissance de facto et de jure de l'opposition démocratique que matérialise le Conseil national de la Résistance iranienne, après plus de trente ans de respectabilité reconnue et de militantisme démocratique.

              Ce point est fondamental, et les démocrates qui s'opposent à la pire dictature qui soit sont en droit de l'attendre du Président Hollande.

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