Il est un domaine où la dégradation des services publics non marchands, engendrée par la politique européenne de réduction de la dépense publique, a des conséquences plus dramatiques encore. Celui de la justice.
Les prisons de France sont surchargées. Au début de l’année 2014, 68.859 personnes étaient incarcérées dans les prisons françaises, pour une capacité théorique de 57.680 places.
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/04/17/31003-20140417ARTFIG00288-surpopulation-carcerale-pourquoi-il-faut-construire-30-000-places-de-prison.php
L’Administration est donc contrainte de pallier le manque de places par des aménagements de peines, à défaut de pouvoir construire de nouvelles prisons. À cela s’ajoute le manque de personnels pénitentiaires. Ces derniers sont de ce fait impuissants à empêcher la violence entre détenus, les trafics en tout genre, sans parler des agressions physiques et sexuelles. Les surveillants ne parviennent pas toujours à déceler à temps les comportements suicidaires. Le nombre de suicides dans les prisons est directement lié aux conditions de détention et à l’état du système pénitentiaire.
Selon une étude européenne de l’institut de criminologie et de droit pénal de l’université de Lausanne, en 2010, 95 suicides ont été recensés dans les prisons françaises. Rapporté à la population carcérale, le taux s’élevait à 15,5 pour 10.000 détenus contre 6,7 pour l’ensemble des pays membres.
http://www.franceinfo.fr/emission/Unknown%20token%20emisaison-type-url/noeud-diffusion-temporaire-pour-le-nid-source-975825-05-05-2014-11-47
Pour comparaison, le taux moyen de suicides en France était de 16,2 pour 100.000 personnes en 2011.
http://www.sante.gouv.fr/etat-des-lieux-du-suicide-en-france.html
Les victimes de ces violences sont le plus souvent réduites au silence. Les psychologues sont trop peu nombreux pour offrir à chacune d’elle l’attention qu’elle attend. Elles sont en demande de protection et d’écoute…
Il y a celles qui choisiront de faire allégeance à un caïd en échange d’une protection. Mais cette dernière a son prix, en argent ou en petits services. Et il y en a d’autres qui se tourneront vers une religion qui leur promet le salut de leur âme.
Combien de ces détenus ressortiront de prison avec l’intention réelle de s’amender ? Cela va dépendre principalement de 2 choses :
— Le suivi de chaque personne pendant sa détention, par un psychologue, une assistante sociale, un formateur à un métier (si le détenu n’a aucune formation pour lui assurer un revenu honnête et régulier). Ce qui est de moins en moins garanti en raison de la baisse des moyens de l’État.
— La probabilité de trouver rapidement un emploi stable à sa sortie de prison. Ce qui est fortement compromis par un chômage qui ne cesse de croître dans notre pays et dans bien d’autres en Europe.
Combien de détenus sortiront de prison plus endurcis ou sous l’influence ou sous la coupe d’un gang ? Cela dépendra bien sûr des dispositions personnelles de chacun. Mais surtout des deux éléments cités plus haut.
Combien choisiront la troisième voie ? Celle de la religion. En premier lieu ceux qui ont déjà perdu en entrant tout espoir d’une vie d’honnête citoyen. Ceux qui avaient déjà trouvé une place et une source de revenus au sein d’un réseau de trafic et qui veulent à tout prix en sortir.