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Billet de blog 24 décembre 2015

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LE CONSENTEMENT A LA DEMOCRATIE

La démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût. À l’instar du tyran, la démocratie ne peut exister que si une très grande majorité des citoyens qui la composent consent à en accepter toutes les contraintes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre ni de l’abattre. Il est défait de lui-même pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner.

Tout le monde connait (ou le devrait) cette célèbre phrase d’Étienne de La Boétie, extraite de son Discours sur la servitude volontaire. Depuis, de nombreux tyrans de toutes sortes ont su profiter de notre surdité à ce conseil avisé pour accéder au pouvoir et, y étant parvenu, bafouer nos droits les plus élémentaires et piétiner nos libertés pour s’y maintenir.

Nous sommes nombreux à être conscients aujourd’hui que notre démocratie est menacée. Et pas seulement par les récentes décisions prises par notre président et par le gouvernement. Le tyran n’a pas nécessairement l’apparence d’un dictateur. La dictature qui nous menace et nous fascine en même temps est pour certains l’argent et sa toute-puissance, surtout lorsqu’il se concentre au sein de fonds souverains. Pour d’autres, la dictature peut être la soumission aux règles inflexibles d’une religion.

Ne rien donner à ces tyrans est une première manière de leur résister et de les défaire.

Mais cela ne suffit pas pour sauver la démocratie. La démocratie est une chose fragile et complexe, dont l’équilibre est d’autant plus instable que les hommes et les femmes qui ont la chance de s’en approcher sont nombreux et différents.

À l’instar du tyran, la démocratie ne peut exister que si une très grande majorité des citoyens qui la composent consent à en accepter toutes les contraintes. La Constitution et les lois de la République sont là pour fixer les règles applicables à tous, sans distinction ni discrimination. Et pour ceux qui enfreignent ces règles, le système judiciaire dispose de tout un arsenal de sanctions et de peines.

Tant que les contrevenants se limitent à un infime pourcentage de la population, l’équilibre de la démocratie n’est pas en danger. Mais lorsque le nombre de personnes réfractaires aux règles dépasse un certain seuil, l’édifice vacille et menace de s’effondrer comme un château de cartes dans le vent.

Hélas, ce seuil a déjà été dépassé depuis longtemps. Les signes de délitement sont nombreux et variés. Et ils ne limitent pas à l’explosion du nombre de victimes d’incivilité ou d’actes de violence dans l’espace public ou dans la sphère privée. Ni à la multiplication des petits délits en tout genre qui conduit à une saturation des tribunaux. Le maintien de la démocratie repose aussi sur la contribution de chacun à son fonctionnement, à hauteur de ses capacités et de ses revenus. Là encore, la multiplication des fraudes fiscales participe elle aussi à fragiliser encore l’édifice démocratique. Dans ce domaine, nous sommes de plus en plus nombreux à tout faire pour échapper peu ou prou à nos obligations de contribuables.

Et les occasions ni les manières de frauder ne manquent pas :

— non-déclaration d’une partie des revenus non salariés,

— travail dissimulé et salariés non déclarés,

— fraude à la TVA intracommunautaire,

— fraude à la caisse enregistreuse grâce à un logiciel qui permet d’effacer les ventes payées en espèces,

— transferts de marges vers des paradis fiscaux...

Et, pour ne rien arranger, l’État lui-même participe à cette hémorragie d’argent public en offrant chaque année une myriade de solutions pour échapper à cette contribution à la démocratie qu’est l’impôt : les niches fiscales. Des dérogations classées en « dépenses fiscales » et dont le nombre s’élève à plus de 450 pour 2016.

La démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût. Et si nous ne sommes plus prêts à le payer, elle disparaitra et un autre système prendra sa place. Et qui sait pour combien de temps ?

Winston Churchill a dit un jour : La démocratie est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres déjà essayés dans le passé !

Voulez-vous absolument lui donner tort, au risque de vous tromper ?

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