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Billet de blog 26 octobre 2016

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Lutter contre la radicalisation

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Radicaliser

Définitions du dictionnaire Larousse :

Rendre un groupe, son action, plus intransigeants, plus durs, en particulier en matière politique ou sociale : en déclenchant la grève, le syndicat radicalise ses revendications.

(Source : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/radicaliser)

De nos jours, les médias et les politiques nous abreuvent des mots dérivés de ce verbe.

Radicalisés, radicalisation ou déradicaliser (même si ce dernier ne figure pas dans le dictionnaire). Systématiquement, ces mots s’appliquent à l’extrémisme islamique.

À n’en pas douter, le terrorisme islamique est une réalité. Mais l’islam n’est pas la seule religion à compter dans ses rangs des pratiquants radicaux qui placent leurs textes fondateurs au-dessus des lois de la République et de celles des hommes.

Les chrétiens ont leurs défenseurs de la « suprématie blanche et chrétienne », comme Anders Behring Breivik en Norvège ou le Ku Klux Klan aux USA, entre autres. Les colons israéliens s’appuient sur leur dogme religieux pour justifier l’occupation de terres palestiniennes et toutes les humiliations infligées quotidiennement aux Palestiniens, au mépris des lois internationales et des résolutions de l’ONU. 

Par ailleurs, les religions ne sont pas les seules croyances génératrices de comportements extrêmes et intolérants. Si les religions sont par essence dogmatiques, puisqu’elle n’autorise à leurs fidèles aucune contestation, la vie économique et sociale de chacun de nous est sans cesse exposée à la confrontation de dogmes politiques et/ou économiques (libéralisme contre interventionnisme de l’État ; capitalisme contre communisme...).

Définition du dictionnaire Larousse du mot dogme :

Point fondamental et considéré comme incontestable d’une doctrine religieuse ou philosophique, ensemble de ces points constituant une doctrine : Les dogmes cartésiens. Le dogme chrétien.

Opinion donnée comme certaine, intangible et imposée comme vérité indiscutable : La suppression de tout contrôle des prix est le dogme du libéralisme.

(Source : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/dogme)

Qu’y a-t-il aujourd’hui de plus violent que le dogme du libéralisme à l’Occidental ? Ce dogme générateur de conflits meurtriers partout dans le monde. Combien de guerres passées et actuelles avaient pour but premier (avoué ou non) la défense d’intérêts économiques et financiers de firmes et d’économies nationales ? La liste serait sans doute trop longue, voire exhaustive. Mieux vaudrait poser la question inverse. Combien de ces guerres étaient dénuées de tout intérêt économique ou stratégique ?

Tous ces conflits déclenchés encore aujourd’hui au nom d’intérêts politiques et financiers causent la mort de centaines de milliers, parfois des millions de morts, et le déplacement forcé de millions d’autres.

Qu’y a-t-il de plus inhumain que cette débauche de moyens déployés par les pays riches pour maintenir hors de leurs frontières les flux migratoires dont ils se sont rendus coupables ? De plus inhumain que le traitement infligé à ces millions de réfugiés ? Leur venir en aide a même été décrété illégal et passible de poursuites judiciaires. Ce qui, soit dit en passant, va relancer le « business » des passeurs clandestins avec ce que cela implique en terme de risque pour la vie de ces personnes fuyant la guerre ou la misère. 

Le libéralisme à l’échelle mondiale offre toujours plus d’opportunités de développement aux plus grosses entreprises transnationales, au détriment des économies locales et d’entreprises souvent artisanales.

Lorsque des entreprises japonaises, chinoises ou européennes de pêche industrielle déciment les ressources halieutiques au large des côtes d’un pays africain, c’est toute une économie locale qui est détruite, menaçant parfois la seule source de revenus de ses habitants.

Lorsque des sociétés d’exploitation minière s’implantent dans un pays pauvre (en Afrique ou ailleurs) pour y exploiter ses ressources minières avec la bénédiction du gouvernement local, c’est le plus souvent au détriment des populations autochtones qui n’en récoltent que la pollution de leur air, de leur sol et de leur eau.

Lorsque des investisseurs étrangers louent à vil prix les terres les plus fertiles à des dirigeants de pays minés par la corruption et la misère, c’est toujours avec des techniques ultramodernes qui excluent (ou presque) l’appel à une main-d’œuvre locale peu qualifiée, et pour produire des aliments à haute valeur ajoutée, destinés à nourrir les populations aisées des pays riches ou au mieux pour assurer l’indépendance alimentaire de pays comme la Chine ou l’Inde.

Cette mise à l’écart du progrès et de la paix de larges franges de la population mondiale, induite par le dogme libéral axé sur le profit maximum, est pour moi la forme d’extrémisme la plus violente et dévastatrice qui soit. Autant à l’égard des personnes que des écosystèmes, présents et à venir.

Alors, si l’on veut absolument lutter contre la radicalisation, commençons par combattre celle du libéralisme érigé en modèle absolu et insurpassable et que les lobbies financiers s’échinent à imposer partout dans le monde. Non sans succès d’ailleurs.

La démocratie qui se veut le pendant du libéralisme économique nous en donne le droit. Alors, qu’attendons-nous pour faire usage de ce droit (autant par les urnes que par les choix de consommation), pour exiger un changement radical de modèle économique et social ? 

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