Il faut comprendre notre Président Sarkosy et Besson, son factotum. Notre pays est en train de plonger, alors pour le redresser, plutôt que de le lancer dans une guerre (vieille recette, mais contre qui? les Anglais?), ils ont pensé qu'il fallait lui rendre son "identité nationale" en perdition, et donc sa "fierté" , le regrouper autour de son drapeau et de ses clochers grâce à la mémoire de son passé, au spectacle de ses paysages, de ses monuments etc. Si nous redevenons fiers d'être Français, à coup sûr l'économie reprendra, les emplois augmenteront, et les prochaines élections seront gagnées. Cocorico, l'avenir est à nous!
Mais, vraiment, pourquoi devrais-je être fier de ce à quoi je n'ai eu nulle responsabilité? Je me réjouis comme mes concitoyens d'habiter ce pays dont je connais la langue (à l'exclusion des autres, bien sûr!), où j'ai mes habitudes de vie, dont j'aime la diversité, dont la littérature m'a nourri l'esprit. Mais pourquoi diantre serais-je fier de tout cela et du reste que j'ai reçu en héritage sans avoir rien fait pour le mériter? Surtout qu'à côté, il y a de quoi rire ou rougir, de Jeanne d'Arc la légendaire, de Louis XIV le magnifique exploiteur, de Napoléon, le tyran au nom de la liberté, de Pétain, le traître sénile. Cocorico? vraiment?
Il en va de même pour tous les pays: ils ont autant de titres à se réjouir d'être eux-mêmes qu'à s'en repentir. Certes je suis content que la Révolution de 1789 ait eu lieu chez nous, que nous ayons été les premiers à essayer d'en pratiquer les leçons. Je comprends qu'on puisse nous envier ce passé. Mais comment en tirerais-je la moindre fierté, surtout quand je vois à quel point nous nous éloignons de cet idéal généreux ! C'est alors bien plutôt un sentiment de honte qui me tient, quand chaque jour m'apporte la preuve que ceux-là qui nous incitent à la fierté sont les mêmes qui restreignent nos libertés, favorisent scandaleusement la richesse, excluent les miséreux, tentent de nous ramener au temps où l'on haïssait les lumières de l'intelligence, agitent les spectres de vaines idoles.
Seuls les beaufs sont fiers d'eux, et la beaufitude est au commande! Honte à nous! Cocorico ? hélas…