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Billet de blog 10 avril 2012

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Pauvre France !!!

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Je suppose que vous avez été relativement nombreuses et nombreux à ouïr nos chers (onéreux) candidats à la présidentielle, hier soir. Jamais, pour ma part, je n'avais assisté à aussi consternant et affligeant spectacle: des leçons mal apprises et mal récitées, un manque de conviction totale, le grotesque en prime (Eva Joly avec ses lunettes vertes, Hollande qui ose se référer au gaullisme).

 Une véritable insulte à la France ! J'ai trouvé Marine Le Pen seule à peu près crédible. Et dire que Dominique de Villepin aurait pu porter le débat au niveau qu'il méritait ! Rassemblons-nous autour de celui qui reste le seul authentique champion du général !

 Je me propose, si vous en êtes d'accord, de faire revivre le général de Gaulle au travers de ses mémoires, qui permettent de retrouver la prodigieuse dimension du grand homme dont le seul objectif était la grandeur de notre pays. Voici, en avant-goût, un extrait du tome 3 des mémoires de guerre, intitulé "le salut", qui couvre la période 1944-1946, avec un pays devenu champ de ruines, que le chef du gouvernement provisoire a décidé de relever au plus vite, avec l'aide de ses fidèles compagnons:

 " Les lignes télégraphiques et téléphoniques ont subi des coupures sans nombre. Les postes-radio sont détruits. Il n'y a pas d'avions de liaison français sur les terrains criblés d'entonnoirs. Les chemins de fer sont quasi bloqués. De nos 12 000 locomotives, il nous en reste 2 800. Aucun train, partant de Paris, ne peut atteindre Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille, Nancy. Aucun ne traverse la Loire entre Nevers et l'Atlantique, ni la Seine entre Mantes et la Manche, ni le Rhône entre Lyon et la Méditerranée, Quant aux routes, 3 000 ponts ont sauté ; 300 000 véhicules, à peine, sont en état de rouler sur 3 millions que nous avions eus ; enfin, le manque d'essence fait qu'un voyage en auto est une véritable aventure. Il faudra deux mois, au moins, pour que s'établisse l'échange régulier -des ordres et des rapports, faute duquel le pouvoir ne saurait agir que par saccades. Eh quoi? On peut, du jour au lendemain, parler tout haut, rencontrer qui l'on veut, aller et venir à son gré ! Avec un étonnement ravi, chacun voit s'ouvrir à lui des perspectives auxquelles il n'osait plus penser. Mais, comme le convalescent oublie la crise surmontée et croit la santé revenue, ainsi le peuple français, savourant la joie d'être libre, incline à croire que toutes les épreuves sont finies. Dans l'immédiat, cet état d'esprit porte les gens à une euphorie où le calme trouve son compte. Mais, en même temps, beaucoup se laissent aller à de multiples illusions, d'où résulteront bientôt autant de malentendus. C'est ainsi que de nombreux Français tendent à confondre la libération avec le terme de la guerre. Les batailles qu'il va falloir livrer, les pertes qu'on devra subir, les restrictions à supporter, jusqu'à ce que l'ennemi soit abattu, Pour moi, parvenu en cette fin d'un dramatique été dans un Paris misérable, je ne m'en fais point accroire. Voyant les rations à des taux de famine, les habits élimés, les foyers froids, les lampes éteintes ; passant devant des boutiques vides, des usines arrêtées, des gares mortes; entendant s'élever, déjà, les plaintes des masses, les revendications des groupes, les surenchères des démagogues; certain que, si nous disposons de sympathies chez les peuples, la règle de fer des États est de ne donner rien pour rien et que nous ne reprendrons rang qu'à condition de payer ; évaluant les sacrifices à faire avant que nous ayons arraché notre part de la victoire, puis accompli un premier redressement, je ne puis me bercer d'illusions. D'autant moins que je me sais dépourvu de tout talisman qui permettrait à la nation d'atteindre le but sans douleur. Par contre, le crédit que m'ouvre la France, j'entends l'engager tout entier pour la conduire au salut. Pour commencer, cela consiste à mettre en place le pouvoir ; à provoquer autour de moi l'adhésion de toutes les régions et de toutes les catégories ; à fondre en une seule armée les troupes venues de l'Empire et les forces de l'intérieur ; à faire en sorte que le pays reprenne sa vie et son travail sans glisser aux secousses qui le mèneraient à d'autres malheurs. D'abord, il manque ce qu'il faudrait pour satisfaire les besoins de l'existence des Français. Douze cents calories par jour, c'est tout ce que les rations officielles accordent à l'alimentation de chacun. Quant à se procurer les compléments indispensables, on ne peut y parvenir qu'en allant au marché noir, ce qui est ruineux et démoralisant. Comme il n'y a pas de laine, pas de coton et guère de cuir, beaucoup s'habillent de vêtements élimés et vont sur des semelles de bois. Dans les villes, point de chauffage ! Car, le peu de charbon qui sort des mines est réservé aux armées, aux chemins de fer, aux centrales, aux industries de base, aux hôpitaux. Rien n'en arrive jusqu'aux particuliers. Or, il se trouve que cet hiver-là est l'un des plus rudes qu'on ait connus. A la maison, à l'atelier, au bureau, à l'école, tout le monde grelotte. Sauf une heure de temps en temps, le gaz n'a pas de pression, l'électricité est coupée. Comme les trains sont rares, que les cars ont disparu, que l'essence est introuvable, les citadins prolongent leur journée de travail par des heures de marche ou, au mieux, de bicyclette, tandis que les campagnards ne quittent pas les villages. La reprise de la vie normale est, de surcroît, entravée par l'absence de 4 millions de jeunes hommes : mobilisés, prisonniers, déportés, requis en Allemagne, et par le déracinement d'un quart de la population : sinistrés ou réfugiés qui campent dans des ruines ou des baraques. De tant de gêne et de privations, bien des Français s'étonnent et s'irritent, d'autant plus qu'ils avaient supposé en être, comme par enchantement, débarrassés à la libération. Cependant, le moment est proche où ces mécontentements commenceront à s'atténuer. Il est acquis que les hostilités se termineront dans quelques mois, que les importations reprendront aussitôt après, que les hommes détenus en Allemagne et bon nombre de mobilisés retourneront au travail que les communications seront peu à peu rétablies, que la production se développera de nouveau. Certes, il faudra des années avant qu'on puisse en revenir aux conditions d'existence de naguère. Malgré tout, on aperçoit la sortie du tunnel. Par rapport à ce qu'on vient de vivre, les épreuves qui restent à subir ne seront plus, par elles-mêmes, assez dures ni assez prolongées pour mettre l'avenir en question. Mais, ce qui rend la situation grave, c'est qu'elles s'ajoutent au profond ébranlement social, moral et politique, où se trouve plongé le pays. Comme tout le monde, je constate que, de nos jours, le machinisme domine l'univers. De là s'élève le grand débat du siècle : la classe ouvrière sera-t-elle victime ou bénéficiaire du progrès mécanique en cours? De là sont sortis, hier, les vastes mouvements : socialisme, communisme, fascisme, qui s'emparèrent de plusieurs grands peuples et divisèrent tous les autres. De là vient, qu'en ce moment, les étendards des idéologies adverses : libérale, marxiste, hitlérienne, flottent dans le ciel des batailles et que tant d'hommes et tant de femmes, emportés par le cataclysme, sont hantés par la pensée de ce qu'il adviendra d'eux-mêmes et de leurs enfants. De là résulte cette évidence que le flot de passions, d'espoirs, de douleurs, répandus sur les belligérants, l'immense brassage humain auquel ils se trouvent soumis, l'effort requis par la reconstruction, placent la question sociale au premier rang de toutes celles qu'ont à résoudre les pouvoirs publics. Je suis sûr que, sans des changements profonds et rapides dans ce domaine, il n'y aura pas d'ordre qui tienne. "

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