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Billet de blog 27 février 2013

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Excusez nous de vous demander pardon !

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 Décidément, les retraités sont devenus les têtes de turcs du gouvernement. Excusez nous d'exister, monsieur Hollande! Comme des millions de mes collègues retraités, je me sens directement concerné par les menaces pesant sur l'AGIRC et l'ARCCO, et la perspective, de plus en plus probable, de me voir très bientôt totalement privé de ressources, n’a rien de réjouissant, surtout à partir d’une « généreuse » pension de 1550 € mensuels, avec un loyer de 400 €, auquel il convient d’ajouter des charges de plus en plus lourdes. Je ne dispose pas comme vous d’un patrimoine conséquent qui me permettrait de terminer mon existence à l’abri du besoin.

 Le plus intolérable est, en plus, de se voir montrer du doigt par certains médias, hommes politiques et représentants du patronat ou des syndicats, désignés à la vindicte populaire comme des nantis, des bouches inutiles à nourrir, presque des assistés…alors que j’ai, comme la plupart de mes concitoyens retraités, toujours cotisé au maximum, sans jamais bénéficier d’aucune prestation, pas même du chômage.

 S’il faut citer quelqu’un à comparaître devant le tribunal du peuple, je pense que les agioteurs, spéculateurs et soi-disant gestionnaires des organismes de retraite devraient s’assoir sur le banc des accusés, et répondre de leurs magouilles sur leurs propres deniers.

 Voici quelques extraits des constats de l’association « Sauvegarde Retraites », la seule à ma connaissance à s’intéresser à la destinée des seniors :

 Dès 2017, l’Agirc et l’Arrco seraient en cessation de paiement...

Faute de vraie volonté politique de réforme, nos caisses de retraites complémentaires sont au bord de la faillite.

 D’après la presse économique, « dès 2017, l’Agirc serait dans l’incapacité de verser la moindre retraite à ceux qui ont cotisé pour en bénéficier ». C’est ce que révèlent des projections catastrophiques réalisées par les caisses de retraites complémentaires du privé.

Bien sûr, on va trouver une solution, nous dit-on : hausse des cotisations, gel temporaire des pensions etc.. Il ne suffit donc pas de piller régulièrement nos caisses, il faut encore faire payer aux salariés du privé l’incurie politique en matière de réforme et le coût faramineux des régimes spéciaux !

 C’est "la faute à la crise" entend-on ici ou là. De qui se moque-t-on ? Cela fait au bas mot 20 ans que nous savons que la situation est critique et ne peut qu’empirer. 
Cela fait 20 ans que les rendements de l'Agirc-Arrco sont en chute libre : supérieurs à 10 % en 1993, ils sont aujourd’hui tout juste à 6 % et plongent tout droit vers moins de 5 %. Ceci signifie qu’un euro cotisé ne rapportera même pas un euro à la retraite !
La France est le seul pays au monde à avoir un système complémentaire par répartition. 
C'est aussi l'un des rares pays qui n'ait pas encore pris à bras-le-corps le problème des retraites, en réformant
- non pas à la marge mais en profondeur - notre système de retraite. 
Alors, décidément, la crise a le dos large.

Sauvegarde Retraites dénonce le pillage en règle des caisses de l'Agirc-Arrco par l'Etat au profit de l'Ircantec, caisse de retraite complémentaire des fonctionnaires contractuels et des élus locaux.

A l'heure où les plus hautes autorités de l'Etat s'affirment résolues à réformer notre système de retraites, Sauvegarde Retraites lève un lièvre énorme : l'Etat organise un pillage en règle des caisses complémentaires des salarié du privé (Cnav/ Agirc-Arrco), dont l'avenir est pourtant loin d'être assuré, afin de "sécuriser" le régime des fonctionnaires contractuels et des élus (Ircantec). Et ce pillage porte sur plusieurs milliards d'euros !

Tous les ans, L'Agirc-Arrco versera un tribut à l'Ircantec et, ce, jusqu’à l’aube du prochain siècle. En tout, ce seront plusieurs milliards qui seront extorqués.

 Rappelons que le régime Ircantec des fonctionnaires et des élus locaux est bien meilleur que celui des salariés du privé. Or, au lieu de mettre fin à cette iniquité, l'Etat puise dans les caisses du privé, pourtant exsangues, afin de garantir, coûte que coûte, les avantages des fonctionnaires et des élus. C'est prendre aux pauvres pour donner aux riches...

Pour mettre en œuvre ce plan honteux, l'Etat prend prétexte du changement de statut de La Poste, qui devient une société anonyme (SA). Les nouveaux embauchés de cette entreprise publique seront donc affiliés à l'Agirc-Arrco plutôt qu'à l'Ircantec. Or, les administrateurs de l'Ircantec estiment avoir un droit de propriété sur les futurs salariés de La Poste et réclament, à ce titre, de 6 à 8 milliards d'euros. 
On croit rêver ! Ainsi, lorsque tout va bien (beaucoup de nouveaux cotisants, peu de retraités), les régimes spéciaux peuvent profiter pleinement et sans partage de la situation pour maintenir les privilèges de leurs affiliés. En revanche, au moindre accroc, les autres régimes, beaucoup moins bien lotis, doivent leur porter assistance même s'ils sont eux-mêmes au bord du gouffre et que la retraite de leurs affiliés est moins bonne.

Christian Estrosi, a annoncé que les régimes Agirc-Arrco allaient verser à l’Ircantec une subvention de plusieurs milliards d’euros :

« L’Agirc-Arrco versera à l’Ircantec une soulte dont le montant n’est pas encore déterminé. Des travaux sont en cours sur le sujet, sachant que ces calculs sont toujours longs. En l’occurrence, il est question de milliards d’euros et de projections démographiques à cinquante ans. Nous ne prenons pas une décision pour les six mois ou les cinq ans qui viennent ! Nous parlons d’une échéance de cinquante ans

À cotisation égale, les prestations de l’Ircantec sont donc, aujourd’hui, supérieures de 60 % à celles de l’Agirc et de l’Arrco. Or, non seulement, jusqu’à ce jour, rien n’a été fait pour mettre fin à cette iniquité mais, désormais, il est question de ponctionner des régimes « pauvres » pour financer un régime plus « favorisé »...

L’État s’apprête à puiser dans des régimes au bord du gouffre pour financer un régime excédentaire, c’est de la solidarité dévoyée !

Malgré une démographie catastrophique, les Allemands maintiennent l'équilibre de leur système de retraites. En faisant l'inverse de la France...

En Allemagne, le système de retraite par points a une conséquence très simple : on ne dépense pas plus qu'on ne prélève et on ne laisse pas d'ardoise aux futures générations. Et lorsque la démographie plonge, ce n'est pas le financement du système de retraite en lui-même qui pose problème, mais le niveau des pensions. Un choix très différent de celui fait par la France qui, quant à elle, se trouve confrontée à la double peine : à la fois le déficit et des pensions qui s'érodent.

Comment les Allemands font-ils pour que leurs pensions ne s'effondrent pas ? Ils misent sur la compétitivité économique. Et, là encore, les choix faits par nos voisins d'outre-Rhin sont strictement l'inverse des nôtres, ainsi que le souligne le "rapport France - Allemagne" de la Cour des comptes sur les prélèvements fiscaux et sociaux dans les deux pays.

En Allemagne : diminution réelle de la dépense publique, maîtrise globale des prélèvements obligatoires, fiscalité orientée vers la compétitivité des entreprises. En France : explosion de la dépense publique et des prélèvements obligatoires, fiscalité alourdissant toujours davantage le coût du travail.

Dans son communiqué, la Cour précise que "l'évolution des coûts salariaux horaires a été défavorable à la compétitivité de la France sur la période 2000-2008" et ne manque pas souligner que "l'écart entre les situations budgétaires allemande et française s'explique en grande partie par la dynamique de la dépense publique. Entre 2000 et 2008, l'Allemagne a ralenti l'évolution de sa dépense publique (ramenée de 45,1 à 43,8 points de PIB), ce qui n'a pas été le cas de la France".

Pour couronner le tout, la France est confrontée à des déficits sociaux abyssaux alors même que "les cotisations sociales s'établissent à un niveau significativement supérieur en France : 15 % du PIB en France, contre 12,6 % en Allemagne".

Conclusion : en France, on attend toujours les réformes...

Un classement du Fonds Monétaire International (FMI) montre que, dans les années qui viennent, les retraités français seront les plus mal lotis des pays développés.

Il existe des pays ou les retraites sont à la fois généreuses et financées ; d’autres où elles sont soit généreuses, soit financées ; et quelques-uns où elles ne sont ni l’un, ni l’autre. C’est le cas de la France et de l’Italie, lanternes rouges d’un classement établi par Finance & Développement, le mensuel du Fonds monétaire international.

Les auteurs de l’article, Neil Howe et Richard Jackson appuient leur analyse sur deux indices, de viabilité financière et d’adéquation des revenus, qui mesurent respectivement la capacité budgétaire des Etats à financer les retraites et celle à servir aux retraités un niveau de vie décent.  Un pays est d’autant mieux préparé au vieillissement de sa population, expliquent les auteurs, que le fardeau supporté par les actifs pour financer les retraites est léger et le niveau de vie des retraités élevé.

Or, sur ces deux points, la France figure en bas du classement publié par Finance & Développement ! Nous sommes 17e sur 20 pour la charge projetée des prestations de retraites futures, et 16e pour le niveau de vie projeté des seniors.

Pourtant, certains  pays  « relèvent avec succès le défi », comme l’Australie « où coexistent un vaste système de retraites privées obligatoires et intégralement financées et des suppléments de revenu versés par l’Etat aux seniors sous condition de ressources ». D’autres ont prévu, comme l’Allemagne et la Suède, de réduire fortement la générosité des futures prestations de retraite de l’Etat, mais s’emploient à « combler l’écart de revenu qui pénalise les personnes âgées en développant l’épargne retraite par capitalisation et en allongeant la vie active. »

Au contraire, la France et l’Italie, « pour maîtriser le coût sans cesse croissant des engagements pris dans le cadre des régimes de répartition », ont adopté des réformes qui feront chuter les pensions des personnes âgées à revenu moyen d’environ 15 % par rapport à la population active de la même catégorie,  au cours des trois prochaines décennies.

Et malgré cela, écrivent Howe et Jackson, « les dépenses au titre des prestations de retraite sont si élevées et la marge de manœuvre pour faire face à toute future hausse des prestations si réduite (…) que, même après les réformes, ces deux pays restent sur une trajectoire budgétaire insoutenable et s’orientent vers des régimes de retraites à la fois insuffisants et impossibles à financer. »

Ainsi, au cours des 30 prochaines années, en France, à défaut d’une réforme systémique radicale, le poids des retraites pèsera de plus en plus lourdement sur les actifs, tandis que les pensions seront de plus en plus maigres et les caisses toujours dans le rouge !

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