Ces élections départementales sont invraisemblables.
Le rôle des futures assemblées départementales n'est pas encore défini.
Le découpage des cantons est pour le moins étrange.
Au nom de la parité, le nouveau mode de scrutin introduit des binômes, véritables « petites listes », fait barrage aux candidatures indépendantes des partis politiques qui accentuent ainsi leur statut de filtre entre les citoyens et leurs représentants et ne correspond en rien à un souci de simplification et d'économies ; nous pouvons donc penser que l'objectif réel n'est pas celui qui est affiché mais le contrôle des candidatures par les partis politiques existants. Les choses étant ce qu'elles sont, ces derniers ont en effet beaucoup de raisons de craindre un désaveu des électeurs, traduit en abstentions, votes nuls ou vote Front National.
L'observation permet quelques réflexions :
UMP, centristes, PS et alliés ont gouverné et gouvernent le pays depuis longtemps, ils sont donc responsables de son état social, écologique, moral et économique. Ils ont participé au choix, à l'imposition et à la mise en œuvre des politiques libérales qui appauvrissent et démoralisent ses habitants, menacent d'asphyxier le pays, ont des dirigeants parmi les plus corrompus, qui se moquent des enjeux politiques réels. Ils prétextent d'un cadre international contraignant (OMC, UE, FMI) quand ce sont eux qui l'ont mis en place, ont imposé au pays le traité constitutionnel qu'il avait refusé par référendum en 2005 et préparent en secret un scandaleux et catastrophique traité de libre échange (TAFTA ou GMT) entre les Etats Unis et l'Union Européenne. C'est au minimum un déni de démocratie.
Le PS a participé à l'adoption du traité de Lisbonne, ce qui vaut disqualification définitive pour une bonne partie des électeurs. Le PC agonise, agonise, agonise ; quand et que sera sa fin ? Mystère, mais il ne revivra pas.
Sans en voir les raisons, PS et PC ont néanmoins plus ou moins consciemment compris qu'ils ne rassembleront pas les électeurs derrière leurs seules étiquettes, mais n'arrivent pas à se défaire d'une volonté hégémonique ; alors, dans la panique, le parti socialiste tente un tour d'illusionniste en présentant des candidats sous des appellations incontrôlées et variées d'une union de la gauche qui n'existe pas et les deux se retrouvent parfois en des « candidatures citoyennes », soutenues par le Front de gauche, méthode dont le PC use et abuse. Tout cela ne marchera pas.
Derrière Marine Le PEN qui soigne son maquillage, le Front National rassemble les courants les plus anti démocrates du pays ; malgré sa rhétorique usurpatrice, le FN n'est pas plus soucieux de justice sociale, de sérieux économique, d'écologie que de l'avenir de la France. Le FN a une apparence : une chef qui parle fort, un président de déshonneur. Il a une réalité : un groupe d'imposteurs et de fanatiques au service d'eux-mêmes, faisant appel aux pires ressentiments d'une population écœurée.
A partir de là, que dire des candidats affiliés à ces partis, si ce n'est que certains d'entre eux aggravent encore leur cas par un goût excessif du cumul des mandats ?
Une fonction législative comme celle de sénateur ou de député ne devrait pas être cumulée avec celle d'élu local, sauf à vouloir que le parlement soit mis au service des intérêts locaux et particuliers, alors qu'il devrait jouer en toute indépendance son rôle de législateur, c'est à dire, entre autres, de fixer un cadre, des règles communes, des limites, qui devraient s'imposer à tous, y compris aux instances locales.
Une fonction de conseiller départemental ne devrait pas être reconduite plus d'une fois sauf à vouloir que les instances élues soient appropriées par des groupes dont les membres, si dévoués qu'ils puissent être, n'échappent pas avec le temps à une logique clientéliste ou carriériste.
Le rôle non défini du futur conseil départemental, le découpage surréaliste des cantons, le mode de scrutin, des partis incroyables, des candidats inacceptables, des rattachements mensongers sont autant de motifs de désolation.
Ces élections départementales sont une première étape de la réforme territoriale qui ne résoudra rien des problèmes des départements, des régions et de la France et défera encore plus ses structures pour protéger du peuple une oligarchie, élite autoproclamée. Nous pouvons parier que les élections régionales à venir confirmeront ce triste tableau.
C'est la démocratie qui est malmenée et menacée.
Le 22 mars, nous aurons beaucoup de mal à faire un choix qui sera le plus souvent, à notre plus grand regret, vote nul ou abstention. Beaucoup de nos concitoyens feront certainement le même, qu'il ne faudra pas interpréter comme un désintérêt mais bien au contraire comme le refus politique d'une imposture.
Comme d'habitude, les « analystes » regarderont les résultats en pourcentages de votes exprimés alors qu'un petit nombre de votants exigerait qu'on les rapporte aux nombre d'électeurs inscrits pour donner du sens à qui risque fort de n'être qu'un désaveu global. Les résultats positifs du FN ou de l'UMP devront en être sérieusement relativisés et la défaite de la gauche ré-évaluée.
Face à cette situation, nous sommes nombreux à vouloir nous engager, chercher quoi faire pour proposer une alternative démocrate qui puisse rassembler la population mais la difficulté est immense tant les héritages des militants sont lourds comme des boulets.
Je nous souhaite à tous l'optimisme et le courage de ne pas sombrer dans un défaitisme qui ne serait que soumission au désastreux désordre actuel.