ACCIDENTS DU TRAVAIL MORTELS DANS LE RUGBY : on continue comme avant ?
Pour compléter, l’article de Caroline Coq-Chodorge du 21 octobre 2023, qui parle des effets sur la santé de ce « sport de combat », il faut d’abord parler des causes des accidents du travail.
En tant qu’ancien inspecteur du travail, je constate à chaque match de rugby professionnel qu’il y a des accidents du travail et que la réglementation du code du travail n’est pas respectée.
Ces risques d'atteinte à la personne pour blessure involontaire existent dans toutes les sphères du rugby professionnel mais aussi chez les amateurs et les enfants.
Les enfants, en scolaire ou en club , courent des risques immenses en jouant au rugby: le dernier accident d’un enfant devenue tétraplégique il y a quelques mois, c’est la faute à pas de chance, un tétraplégique de plus ? On continue ? Un jeune a un AVC sur le terrain (il avait le cœur faible !). Aucun médecin au bord du terrain pour la très grande majorité de ces matchs. Les enfants et adolescents sont en danger à chaque match. Ils risquent leur vie à chaque instant.
Toute la chaine clubs, fédérations y compris internationale et leurs dirigeants devraient passer au tribunal pénal, car tous connaissent les risques qu’ils font courir aux enfants et ne font rien. Ils « éduquent » disent-ils. Ils doivent d’abord protéger, assurer la santé physique et mentale et ne pas faire semblant de croire que c’est la fatalité. Ce n’est pas un accident de la vie.
Revenons aux salariés professionnels : Peu importe leur salaire, peu importe leur plaisir à jouer, peu importe leurs exploits, leur « héroïsme », la culture « école de la vie », les enjeux financiers, les valeurs que sont le dépassement de soi, les performances, la fierté, les objectifs, faire toujours mieux.
Les joueurs professionnels sont en lien de subordination et leur employeur leur doit la sécurité.
Comme dans toute entreprise, les entraineurs, l’employeur, les propriétaires de club leur doivent la sécurité physique et mentale, et sont responsables en toutes circonstances, pénalement, ce qui n’est manifestement pas le cas. L'employeur devrait prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. (L4121-1 du code du travail). C’est une obligation de sécurité de résultat. L’employeur doit toujours protéger un salarié, malgré lui.
À la suite de tout accident du travail, même léger, l’employeur doit prendre les mesures pour que l’accident ne se reproduise pas : jamais dans le rugby. On continue. C’est le sport !
Peut-on assurer qu'à la fin du match, il n'y aura pas de blessé, voir bien pire ? A chaque match, 3 ou 4 accidentés du travail, soit une vingtaine de blessés par week end. La liste des blessés, accidentés du travail, de chaque club de rugby s’allonge, et l’on ne se pose pas la question des causes diverses de ces accidents : ce sont les règles de jeu qui permettent, laissent faire les phases volontaires de jeu violent.
Il ne suffit pas d'éduquer, il faut changer les règles du rugby, éviter toute phase de jeu dangereux pouvant engendrer des blessures, des handicaps à vie, des morts : traumatismes crâniens, commotions cérébrales, AVC, joueurs abimés ou handicapés à vie (Steve Brito et autres...)
Tous les accidents au rugby sont prévisibles, ils ne sont pas accidentels.
On les voit tous les week end depuis des années. Ils sont filmés, repassés au ralenti, en boucle. Tout le monde sait à quel moment, il y a des risques de blessures : Les rucks, les mêlées, les réceptions de chandelles, les plongeons dans les rucks, les placages en dessous et au-dessus des épaules, les charges sans ballon, les charges à l’épaule, le coude en avant, les cuillères, les différences de poids entre joueurs.
Mais personne ne fait rien. The show must go on. Au lieu d’éviter l’accident, on attend l’accident et on réprime plus ou moins. Si on faisait ça sur la route, il y aurait toujours 20 000 morts/an.
Quel plaisir de regarder à la TV, les accidents du travail des rugbymen. Ils font partie du spectacle, au ralenti sous tous les angles et plusieurs fois ! Pendant et après. Que d’émotions, que de piments, que de dramaturgie en direct !
Un placage « appuyé », c’est pour faire mal, faire peur à l’adversaire (« il n’y reviendra pas ») sous prétexte de se faire respecter. Les grands spécialistes sont les Sud-africains qui érigent la brutalité en valeur et image de marque.
Que de mots : « châtier, avoir mal, se mettre en danger, il faut leur marcher dessus » ; voilà en résumé les consignes de travail des entraineurs, sous l’œil bienveillant des employeurs et sponsors, publicitaires et ligues et fédérations professionnelles diverses et des journalistes.
Que constatons nous chaque week end : des blessures graves, définitives, un carnage mis en scène par la télévision, où les journalistes sont les complices des joueurs et de leurs patrons.
Jamais de critiques, bonheur partagé, sourires et entre soi, tutoiements et complicités convenues.
Ce système, cette idéologie font des dégâts. Plus de performances physiques engendrent plus d’accidentés, plus d’handicapés à vie, plus de morts. Les placages sont volontairement violents (mais pas pour blesser ?) puisqu’appris et répétés à l’entrainement toute la semaine. Faire mal à l’adversaire est dans l’ADN du rugby à XV.
Quelles sont les causes de ces morts ?
Les Rugby à 13 et à 7, n’ont pas le même nombre de victimes, ce qui signifie que les règles du jeu sont plus protectrices. Le rugby féminin n’a pas encore beaucoup de poids lourds sur le terrain. Les règles et la mentalité du XV est donc en cause.
L’éco système :
L’idéologie libérale de ce sport de « haut niveau » s’explique par la professionnalisation, les sponsors, la pub, les droits de TV, le fric : les objectifs individuels et collectifs sont présents partout. De même, la concurrence entre les joueurs, entrainés, surentrainés, taillés pour être plus performants encore, avec des préparations et entrainements et stage de commando pour en faire des surhommes, sans compter le chauvinisme, la virilité « avec les couilles sur la table ».
C’est le fric qui dirige le rugby ; peu importe que cela soit pareil dans d’autres sports. Ce sont ceux qui organisent le travail, édictent les règles, qui sont responsables. Le match doit se dérouler à 100 à l’heure. Le temps de jeu doit augmenter. On met 23 joueurs sur le terrain au lieu de 15. On fait une mi-temps d’un quart d’heure pour les sponsors TV. Un match tous les 7 jours. Plus de 40 matchs par an. Peu importe.
Les valeurs du rugby (?)
« Le rugby est un sport de combat » disent les imbéciles, pour ne pas dire un sport violent, brutal volontairement, avec des règles qui permettent ces violences, avec des mentalités à bannir.
Ceux qui nous parlent des valeurs du rugby mentent, fantasment, nient la réalité et ne veulent voir qu’une partie du « jeu » en se racontant des histoires, avec des conteurs genre Herrero et de richissimes employeurs et sponsors à l’appui: noblesse du jeu, intégrité, passion, solidarité, discipline, don de soi, vaillance, abnégation, intelligence, courage, humilité, audace, plaisir, spectacle, 3è mi-temps, grande famille du rugby, le respect de l’adversaire comme de l’arbitre. Tout ceci serait l’identité propre au rugby à XV. Ce sont des valeurs patronales. Le rugby a toujours étaient tenus par des patrons, mécènes locaux. Et arrêtons de croire aux valeurs du petit club du fin fond de l’Ariège. C’est le rugby d’élite qui dicte ses règles aux petits clubs.
Respect de l’adversaire quand on le blesse ? quand on manque de le tuer ? C’est un irrespect de l’adversaire par virilisme, brutalités, violences, chauvinisme. C’est la guerre sur le terrain (et dans les tribunes). Les derbys sont particulièrement impitoyables et pitoyables.
Pour la performance, tous les moyens sont permis. Les coups sont partout : sur tout le corps et le visage. Les corps sont cachés, mais regardez les visages, ils vieillissent mal sous les efforts et les coups. Ce sont des cicatrices d’honneur !
Les joueurs sont entrainés, exercés, éduqués, encouragés à cette violence au nom de la performance, de la concurrence, de l’exploit, de la notoriété, de l’argent, de la « culture d’entreprise » (le club), du sport roi etc... (Toujours les mêmes valeurs exécrables que nous oserons qualifiés de capitalistes).
Aujourd'hui, dans le rugby, c'est « je te soigne tout de suite » dès que tu as un accident : l'éponge, la poche de glace, la pommade, le spray, la bande velpo, le coton dans le nez, le point d'agrafe, la sortie définitive debout ou couché. La souffrance, le mal font partie du jeu.
Et les commentaires ?
Voilà la mentalité du joueur à XV et de toute sa ligne hiérarchique, de son patron, mais aussi du spectateur et du journaliste. « Quel tampon!, il y a de la casse sur le terrain ! Il se relève, il est solide, le placage est viril mais correct, placage arrêt-buffet, l’infirmerie est pleine… « Quelle percussion ! quelle puissance ! quelle agressivité !» dit l’imbécile. Plus ça fait mal, plus le joueur brutal, le violent, le bourreau est applaudi : « il n’y a pas de faute ». « C’est un placage assassin ». La foule accompagne la charge avec un grand « ouffff ! ». « Ce n’est pas intentionnel » dit encore l’imbécile. Mais le coup porté est le même. Intention ou pas, le blessé est « hors de combat ». Intentionnelle ou pas, la blessure ou la mort est impardonnable. (« Il a renversé et tué un enfant, ce n’est pas intentionnel, c’est la faute à pas de chance ? »).
Et puis il y a les larmes de crocodiles : « c’est le genre d’actions que l’on n’aimerait pas voir » (conditionnel, comme si la violence était exceptionnelle) ; « On va prendre toutes les précautions blablabla « (le mec est ko et sera « hors du terrain » pour un moment); « Espérons qu’il reviendra vite » (tout est dans le vite et non pas dans la gravité de la blessure). « Il est éloigné du terrain pour au moins..., il a fini sa saison, espérons qu'il sera rétabli pour le prochain match, il doit être déçu…, nous sommes déçus avec lui, il n'avait pas besoin de ça », « Espérons qu'il va vite se rétablir, c'est toujours malheureux de voir ça sur un terrain, il faut prendre le temps pour le mettre sur la civière.» « Il a été transporté à l'hôpital, cela nous rassure ! » « C'est important de prendre toutes ces précautions ! », quand le salarié sort, avec la minerve, puis l’ambulance ou l’hélicoptère, comas artificiel… C’est rassurant. « On prendra de ses nouvelles »
Les commentaires sont pitoyables, on y met de l’émotion pour enrober l’inacceptable, car le match reprend, « que d'émotions ! » Ce sont des éléments de langage pour cacher la souffrance, les blessures très graves, les handicaps à vie, et défendre le sport roi et la grande famille.
Quand ils se battent à coup de poing, les commentaires sont toujours bienveillants « La boite à gifle est ouverte » « Calmez-vous messieurs » « on va voir au ralenti, qui a commencé ? »
Quand un joueur blesse un autre il est sanctionné, un peu, jamais beaucoup, quelques semaines, mais c'est rarement sa faute ajoute le commentateur : « c'est dans l'élan, celui d'en face s'est baissé, il pèse beaucoup… ». On ne va pas stigmatiser le joueur ni la mentalité de son club.
Et puis le folklore : les fourchettes, les marrons, les morsures, ça sent si bon le terroir.
Tout le milieu du rugby est responsable :
L’agresseur est à peine mis en cause, mais c’est tout son staff qui est responsable, mais cela doit être tu. Un bon placage « meurtrier » c’est du spectacle. Dirait-on la même chose d’un chauffard ayant renversé à 80 km/h un enfant ? On le mettrait en tôle, au moins quelques jours. Là, impunité complète. La punition c’est 10 mn ou l’exclusion. Le blessé, amoché à vie serait-il consentant ? Certainement pas.
La fierté du drapeau, du club, du maillot, les remerciements au Président de club, le chauvinisme de bandes rivales (comme en banlieue), la violence sur et en dehors du terrain, les querelles de village quand il y a un derby. Tout est prétexte à l'affrontement. Et les anciens joueurs qui en rajoutent. Un univers d'homme. Personne ne craint les coups ou du moins n'en parle pas. Tout est spectacle, folklore si sympathique, et les spectateurs sont envoutés, chauvins à souhait. C’est un « milieu ».
Il n'y a pas plus capitalistique que le sport professionnel, et le rugby en particulier : rentabilité, concurrence, compétitivité, performances individuelles, primes à la performance, organisation mondiale de la compétition en lien direct avec cette rentabilité. Les fonds financiers viennent des droits TV qui obligent à une organisation du travail particulière : gains publicitaires, nombre de spectateurs TV. L'argent est au centre de l'organisation du travail. C'est l'argent qui prime sur les risques professionnels. Plus de spectacles, plus de combats épiques, plus de clients abonnés. Voilà la loi du sport rugby, « L'école de la vie ».
C'est le capitalisme sauvage, la loi de la jungle avec un folklore si sympathique (l'avant match, l'après match...). C’est la « philosophie libérale» de ce sport, les sommes en jeu qui augmentent les accidents.
Le « milieu » du rugby se soutient, fait front pour l’omerta. Tout le monde se tient, en cas d'accident, entre salariés, patrons des deux équipes. C'est la loi du silence dans la grande famille.
Le seul qui peut prendre quelques remarques, c’est l’arbitre. L’entraineur, le propriétaire du club, la FFR, le rugby mondial ne sont jamais responsables des accidents : mise en danger d’autrui ? blessures involontaires de moins de trois, de plus de trois mois ? atteintes volontaires ou non volontaires à la vie ? non-respect des règles de prévention ? Bien entendu que non. C’est un jeu.
Les délinquants sont devant nous, ils courent toujours. Ils ne seront pas inquiétés.
Aucun d’entre eux ne demandent le changement des règles pour protéger les salariés, éviter les accidents, réduire leur nombre. Non, ils demandent que les mêlées, les touches aillent plus vite. Ils réclament une intensification du travail pour que le spectacle soit plus fou et rapporte plus d’argent.
Tout le monde connait les chauffards du samedi au stade. Mais silence complice. Tout le monde connait les entraineurs, propriétaires de club et entraineurs incitant dans les vestiaires à « tuer » l’adversaire.
On feint d’ignorer qu’il y aura des prochains morts, ou handicapés à vie, en « croisant les doigts », en souhaitant que ce soit chez l’adversaire, et pas chez soi.
Le rôle des médecins.
Au-delà de la « casse habituelle », membres, articulations…, les chocs à la tête, à la moelle épinière, et à la colonne vertébrale sont aussi prévisibles. Mais on ne s’attaque pas aux causes. Certes, le médecin court (de plus en plus vite) pour aller « soigner » le blessé.
Est-ce que les médecins travaillent pour les clubs ou pour préserver la santé ? Il y a une organisation scientifique du travail dans les préparations physiques. Les staffs médicaux ne sont pas là que pour réparer mais pour renforcer la puissance du corps : séances de musculation, surveillance médicale des performances individuelles et conseiller pour améliorer encore la performance du corps. Et les entraineurs avec l'ordinateur en train d'espionner chaque joueur, car n'oublions pas que chaque joueur a un mouchard, dans le col du maillot, qui indique toutes ses (non) performances physiques, avec le préparateur physique sur le bord du terrain.
L’objectif, sous couvert de science est d’aller au-delà des capacités physiques : faire prendre 15 kg à un jeune de 18-20 ans sous contrôle médical journalier est ce bien déontologique ? On fait pareil avec les bovins et les poulets.
Rappelons la loi aux staffs médicaux :
Article R4127-95 code de la santé publique
Le fait pour un médecin d'être lié dans son exercice professionnel par un contrat ou un statut à un autre médecin, une administration, une collectivité ou tout autre organisme public ou privé n'enlève rien à ses devoirs professionnels et en particulier à ses obligations concernant le secret professionnel et l'indépendance de ses décisions.
En aucune circonstance, le médecin ne peut accepter de limitation à son indépendance dans son exercice médical de la part du médecin, de l'entreprise ou de l'organisme qui l'emploie. Il doit toujours agir, en priorité, dans l'intérêt de la santé publique et dans l'intérêt des personnes et de leur sécurité au sein des entreprises ou des collectivités où il exerce.
Article R4127-2 code de la santé publique
Le médecin, au service de l'individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité.
Article R4127-5 code de la santé publique
Le médecin ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit.
Espérons que lorsque des joueurs décideront de mettre en cause pénalement leur entreprise, les fédérations, ils mettront en cause aussi les médecins.
Le spectacle d’abord
Les employeurs ne prennent pas les mesures de prévention qui conviennent mais le contraire.
On muscle le corps pour se protéger mais aussi pour casser l’autre : vicieux non ? Et plus on est musclé, plus on fait mal à l’adversaire.
Avant la professionnalisation en 1995, les gabarits étaient de 65 à 110 kg, désormais de 75 à 150 kg). Plus on est lourds, plus on fait mal, mais les articulations et les os sont les mêmes et sont plus fragilisés par les poids et les chocs, ce qui engendre des accidents supplémentaires.
Et les clubs français, et c’est pour cela qu’ils sont responsables des blessures et des morts, vont chercher des dizaines de poids lourds dans l’hémisphère sud (on ne perd pas de temps à les engraisser en France). C’est la loi du marché, la mondialisation.
Il suffit d’acheter plus de joueurs pour remplacer les blessés et les morts. Un de perdu, 10 de trouvés. « le banc est très riche. »
Comme les accidentés sont de plus en plus nombreux : poly traumatisés, couturés de partout, souvent accidentés pendant 6, 9, 12 mois, la solution des fédérations est de … pouvoir remplacer plus facilement les accidentés lors des matchs (23 joueurs sur la feuille de match). Et, coup double, les remplaçants servent aussi à relancer le match, en mettant du « sang frais » pour faire à nouveau mal à ceux qui restent sur le terrain et qui commencent à fatiguer : voilà la solution la plus stupide en termes de prévention.
Mais l’objectif est atteint : le spectacle doit être de plus en plus rapide. Quand les corps sont fatigués, on change les avants par des tout neufs, tout frais, qui vont encore faire mal à ceux qui ont déjà 50 mn dans les pattes, et pour faire rebondir le jeu pour que l’intensité du match soit effective sur 80 mn. Généralement on met une nouvelle première ligne et une deuxième ligne, (On intensifie le travail des plus lourds et des plus puissants qui devront se fatiguer en 50 mn au lieu de 80.): ils fournissent des efforts de plus en plus violents mais sur un temps plus court. C’est excellent pour la santé. Mais ils sont entrainés diront les imbéciles.
Le temps de jeu sur 80 mn monte dans les matchs de l'élite dans les 20 dernières années de 34 mn effective à 40-45 mn. Tout ceci pour le grand bonheur des spectateurs (les clients rois) et les TV et pour faire du blé : on ne doit plus bailler devant un match lent et sans intérêt.
Alors tous ces messieurs (peu de femmes) cités plus haut font la grande nuance stupide : la brutalité quand elle est volontaire sera sanctionnée plus, alors que si elle n’est pas volontaire elle ne sera pas sanctionnée. On a le droit de faire mal, d’écrabouiller, mais pas volontairement, et si possible dans les règles. Le résultat est cependant le même : le salarié est cassé, voire handicapé à vie. La sanction généralement légère (10 mn) n’empêche pas l’accident et arrive après l’accident. Et c’est l’accident qui est important à analyser, pas les séquelles. Et c’est l’accident qu’il faut éviter, ce n’est pas mettre la bonne sanction (jaune, rouge, suspension quelques matchs) ? Et on peut rajouter que quelqu’un de plus de 110 kg est dangereux, brutal ou pas.
Et puis il y a le protocole commotion dont le « milieu » est si fière et qui pense ainsi se sortir de ce sport violent volontairement. Le protocole commotion c'est trop tard : c'est après le choc ; ne pas reprendre le match ne veut pas dire que le salarié est sauvé ; il a un traumatisme qui peut être définitif ou qui s'accumulera avec d'autres.
Le métier de rugbyman a des conséquences sur sa propre intégrité physique, sa santé et sur celles des autres. Il n’y a pas beaucoup de métier où l’on met ainsi en danger l’intégrité physique des autres salariés, de ses collègues, et de façon très régulière, et certains, plusieurs fois par match. Chaque rugbyman met en danger l’intégrité physique de ses adversaires. Mais personne, et les médecins des clubs en particulier, ne pensent pas à cela et ne s’en inquiète pas ; « c’est la loi du sport », phrase attrape tout qui évite toute explication, et toute responsabilité.
Réduire les accidents ? Changement des règles, bouleversement de l'organisation du travail, des compétitions, du nombre de match.
La sécurité c’est être à l’abri du danger. Le rugby avec ses règles actuelles, c’est tout le contraire. Au rugby, on s’en fout.
Prévenir, c’est voir, prévoir et agir avant l’accident : depuis longtemps rien n’a été fait, alors que toutes les archives filmées sont là pour prendre sérieusement les affaires en main pour que cela cesse.
Le premier principe de l’article L4121-2 du code du travail est de supprimer, réduire, éviter les risques : ce n’est pas le fait de sanctionner un placage haut (« viril mais correct ») qui réduit le risque.
Prévenir, c’est ne pas créer le risque. Bien évidement aucun des principes de prévention ne sont respectés.
Il faut donc évaluer les risques et les combattre à la source : les placages, les mêlées et leurs efforts particulièrement inutiles (il n’y a qu’à voir les corps difformes des premières lignes). Plus un corps travaille, plus il prend de coups, plus il est fatigué, plus il s’use vite : articulations et cerveaux (traumatismes crâniens de plus en plus nombreux), mais tout va bien ; on les soigne.
Pour réduire les accidents, il faut réduire les risques : changer les règles, la culture d’entreprise, foutre en l’air l’organisation scientifique du travail mise en place depuis 30 ans (préparation physique, entrainements…), remettre en cause la financiarisation de ce sport (pas moins).
- Dès avant les matchs : réduire le nombre d’entrainements et les séances de musculation pour réduire la fatigue, les efforts, les horaires, les cadences, les facteurs de stress. En fait les clubs font tout le contraire.
- Pendant le match : réduire les moments de risques
- Réduire le nombre de match de chaque joueur, obligation de repos pendant deux mois l’été (pas de vacances pour les tournées d’été dans l’hémisphère sud)
Les placages qui font mal et abiment, et donc sont violents, peu importe la blessure grave ou pas, c’est dehors ! et une amende de 20000 euros pour le club.
Placage aux jambes uniquement, en dessous de la ceinture.
Aucun coup d’épaule.
Finies les chandelles meurtrières : celui qui réceptionne le ballon ne peut être touché.
Interdiction de se coucher sur l’adversaire dans les rucks.
Mêlées à 6 et non pas 8 pour éviter les efforts de la colonne vertébrale.
Trois mi-temps et pas deux.
Le temps de match de chaque joueur doit être réduit par match, par an.
Un match tous les 10 jours pour reposer le corps (ce n’est pas bon pour la rentrée du fric)
Interdire les terrains au plus de 110 kg.
Interdiction du pick and go.
Quelques joueurs portent un casque et un protège dents : rendre obligatoire le casque.
Enquête systématique pour les accidents avec résultats publics.
Suppression des primes de match.
Réduire les budgets des clubs, les droits TV pour que les clubs reprennent la main sur les horaires et jours de match et sur les règles du jeu.
Les matchs ne seront plus les mêmes : mais pour éviter les blessures et les brutalités diverses, cela vaut le coup.
Pour conclure
Les employeurs s’en foutent car c’est la sécurité sociale (et les assurances ?) qui paye tous les accidents du travail et leurs suites car ce sont des salariés en lien de subordination. Que fait la sécurité sociale pour éviter les accidents du travail dans le rugby ? pas grand-chose.
Aucun Procureur de la république ne se pose la question de faire jouer la mise en danger d’autrui, l’homicide involontaire en s’attaquant à ce sport qui fait des dégâts considérables, et plusieurs fois par we. Un procureur, pour un joueur mort sur le terrain a expliqué : « Le traumatisme thoracique précordial est responsable d'une commotion cardiaque létale sur un cœur pathologique ; il s'agit donc d'une mort accidentelle à la suite d'un placage, et non pas à cause de ce geste. » Avec ce type de raisonnement, les rugbymen et women ont du mouron à se faire, leurs parents aussi.
Attendons impatiemment le prochain mort, un handicap irréversible, dans 10 jours ou dans 6 mois
Et maintenant citons notre philosophe de la vie. « Il n’y a aucun sport sans risque, le rugby n’est pas plus dangereux que d’autres sports »