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Billet de blog 4 mai 2022

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Que se passe-t-il à gauche ?

Au-delà de la tambouille électorale, des positions tranchées ont été énoncées. Il n’en reste pas moins que si nous voulons que les paroles se traduisent en actes, il va falloir constituer une force citoyenne suffisamment puissante pour que les engagements pris soit tenus sans cela on risque de retomber dans le même tourbillon infernal où les élus œuvrent à leur survie et celle de leur organisation en laissant de côté l’intérêt général.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’union qui semblait au matin du second tour encore très hypothétique semble enfin se concrétiser et nous donner une vraie perspective de victoire pour les législatives.

L’espoir que fait naître cette perspective est immense, sûrement aussi fort que la crainte de subir encore 5 années durant, la politique de Macron.

Mon propos dans ce texte va être de tenter d’expliquer ou tout au moins de faire des hypothèses sur ce qui a pu se passer au niveau de ces partis de gauche, frères ennemis hier qui sont en voie de réconciliation profonde d’après ce qu’ils en disent et mais aussi comme divers journalistes politiques l’analysent.

Comment en une semaine se mettre d’accord sur un programme de gouvernement quand en deux ans cela n’a pas été possible ?

Comment faire fi de toutes les invectives, les agressions réciproques encore toutes chaudes et être capable de s’asseoir à une même table pour discuter sereinement.

Comme je ne crois pas au miracle : les diables d’hier ne ce sont pas réveillés anges ce matin j’ai plutôt le sentiment que c’est leur instinct de survie qui les animent et les contraint à ce rapprochement inespéré il n’y a encore que quelques jours à peine.

En effet, ils étaient tous condamnés à s’éteindre. PS, PCF, EELV, de par leur score pitoyable du premier tour, ont du faire face au principe de réalité qui s’est concrétisé dans les urnes. Pour en arriver à cette déroute ils ont eu chacun un parcours différent.

Le PS depuis le quinquennat Hollande avait du plomb dans l’aile et n’a fait que dépérir scrutin après scrutin pour finir par se déchirer ces derniers jours. Refuser le ralliement les condamnerait définitivement même si cette dernière tactique ne suffira pas à les sauver ils vont sans doute pouvoir sauver quelques sièges à l’Assemblée Nationale. Il reste toutefois encore ce matin divers obstacles.

Le PCF lui aussi en décrépitude depuis des décennies, mortifié par la transformation du monde ouvrier et de la société en générale qui ont fait que ses courroies de transmission qu’étaient le monde syndical, au travers de la CGT principalement, mais aussi le monde associatif et nombre de structures d’éducation populaires se sont furieusement amoindris. Il a ainsi perdu sa présence sur le terrain qui était sa principale force. La concurrence du parti de gauche et de la FI a fini de lui pomper une part non négligeable de ses militants se qui explique pour une part d’ailleurs les relations difficiles entre ces deux composantes.

Quant à EELV parti émergeant dont l’électorat a fluctué d’un scrutin à l’autre, lui n’a semble-t-il jamais eu de ligne politique bien net et à surfer sur la crise climatique sans trop faire de lien avec le politique et ainsi de recueillir des voix à droite comme à gauche. Cette stratégie toutefois ne semble pas lui avoir permis de construire une force politique d’envergure du fait de l’éventail trop large de ses adhérents. De ce fait, aussi il ne bénéficie pas d’une implantation locale conséquente.

Le NPA lui, est de toute façon insignifiant personnifié par deux figures de proue que sont Besancenot et Poutou deux personnages qui hérissent ou attirent la sympathie ; qui ne courent pas après le pouvoir et se satisfont d’en être le poil à gratter.

Que s’est-il donc passé entre le lendemain du premier tour et ces derniers jours pour qu’on assiste à un tel revirement de situation.

Je crois qu’il faut prendre en considération différents points :

  • La claque électorale, je l’ai dit plus haut, a remis tout le monde face à la réalité, la FI compris qui croyait pouvoir accéder au second tour.

  • Elle n’a toutefois pas suffi, PS, PCF, EELV, analysant leur petit score comme la résultante du vote utile ont eu dans un premier temps des réactions qui ne laissaient pas entrevoir beaucoup de chance d’un rassemblement à gauche.

  • Pour la FI, le triomphalisme de JLM donnait l’impression que tous les autres devaient se plier et lui laisser tout pouvoir. Mais c’était sans compter sur l’intelligence du monsieur qui sait pertinemment que le gros score du premier tour est fragile et dans tous les cas ne lui assure pas le poste de premier ministre qu’il brigue.

  • Un élément clef également est la prise de conscience de tous ces chefs de fil des partis de gauche de la démobilisation de leurs électorats du fait de l’incapacité qu’ils ont à se rassembler et qui a conduit à ce deuxième tour mortifère. Démobilisation mais aussi colère de voir ces partis privilégier leur boutique avant l’intérêt général. Les nombreuses initiatives citoyennes ont été initiées pour les appeler à l’union à gauche ont sans doute contribué à les sortir de leur léthargie. Les mots d’ordre dominants des manifs du 1ER mai en ont rajouté une couche.

Tout ceci pour dire que ceux qui parlent de tournant historique au vu de cette union à gauche vont peut-être un peu vite en besogne. Réussir en quelques jours ce qui n’a pas été possible en plusieurs mois implique que tout s’est décidé au niveau des états majors des partis. Ce qui soulève un problème et une interrogation :

Quid du fonctionnement démocratique de ces partis ?

Est-ce que les investitures décidées à Paris seront respectées dans chaque circonscription.

Ce tournant historique, je ne le vois pas non plus parce que l’union est tout autant un choix pour gagner les législatives que pour tenter de faire survivre leur boutique. Ce qui est bien dans la continuité du fonctionnement de ces orgas ou plutôt de leur dysfonctionnement !

Pour autant, il semble en effet réel, qu’au delà de la tambouille électorale, des positions tranchées ont été énoncées, il n’en reste pas moins que j’ai la certitude que si nous voulons que les paroles se traduisent en actes, il va falloir constituer une force citoyenne suffisamment puissante pour que les engagements pris soit tenus sans cela on risque de retomber dans le même tourbillon infernal où les élus œuvrent à leur survie et celle de leur organisation en laissant de côté l’intérêt général.

Si dans l’immédiat il faut voter et faire voter à gauche aux législatives, il va falloir que cette sixième république que promeut la FI prenne rapidement corps pour que les élu-e-s soit véritablement au service du peuple.

Je publie ce texte pour le confronter à vos critiques ainsi que pour nous inciter à une veille citoyenne pour que ce beau projet en construction finisse par aboutir.

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