La multiplication des comportements des allusions et/ou des propos racistes ont de quoi surprendre. Est-ce dû à l'accentuation d'une politique à l'égard des roms ? Il est évident que le coup de barre à l'extrême droite du gouvernement cause une crispation heureuse pour n'importe quel humaniste, mais ne peut manquer d'engendrer aussi une sorte de curée... Entre ceux qui se laissent aller à la confidence comme le PDG de Guerlain et Alain Huyghes Despointes qui s'est dit piégé par la caméra, et ceux qui, comme G. Frêche ou Claude Cayol occupaient des postes politiques particulièrement importants dans l'une ou l'autre - voire les deux ! - collectivités territoriale; entre ceux qui ont soudain conscience qu'ils ont plus que gaffé et ceux qui remettent le plat devant la presse, froidement, il y a plus que des nuances. Curieusement, il semble que ce soit les politiques les plus condamnables, puisque ce sont eux qui font les lois, ce sont eux qui représentent les lois, ce sont eux qui sont garants d'une République de gens égaux et libres, et qu'ils foulent aux pieds ces principes élémentaires. Bien entendu, il ne s'agit pas de virer à une sorte de puritanisme moral intolérant mais de bien comprendre que la terre se resserre et que les mots que l'on prononce témoignent, qu'on le veuille ou non, d'un impact à l'égard d'individus qui se sentent à juste titre une fois de plus désignés à la vindicte populaire. En Martinique, du fait de notre histoire, l'écho en est évidemment plus sensible. Qu'on se souvienne de La Rue Cases Nègres de Joseph Zobel qui témoigne de ce que - comme le rappelait Césaire évoquant la départementalisation qu'il faisait voter - pour les Martiniquais, l'école, l'entrée dans la République témoignait d'une dignité et d'une égalité d'Hommes enfin recouvrée. Hélas, ces derniers temps, certains hommes politiques et leurs sympathisants ont tenté, in extremis, de faire basculer le pays dans l'autonomie voire l'indépendance. Les réalisations concrètes n'étant pas apparemment suffisantes à justifier une confiance aveugle, ils ont tenté de pousser la population à un rejet xénophobe de la France et des blancs - reprenant l'expression "génocide par substitution" que Césaire avait lucidement et avec raison prononcée des dizaines d'années plus tôt pour s'émouvoir de l'exode des Martiniquais en France faute de travail dans leur île et leur remplacement par des métropolitains - pour s'opposer au mouvement national des enseignants du second degré qui faisait entrer des professeurs métropolitains titulaires "qui prenaient la place de contractuels."... Cette xénophobie consciemment exprimée a explosé au visage de la Martinique entière lors de la manifestation organisée par les élèves du lycée Schoelcher une première fois, suivie de la manifestation de l'ensemble des personnels du lycée Schoelcher à l'initiative du SNES et de la FSU, comme on pourra le constater sur les video.
Il ne saurait y avoir de racisme ordinaire. Mais il y a un racisme intolérable, celui qui est volontaire, et pratiqué par un enseignant qui occupe les plus hautes fonctions politique tant au Conseil Général qu'au Conseil Régional - avant les élections de l'année dernière ! - Et il est temps de dénoncer les feintes, les hypocrisies et les amalgames de toutes sortes. On ne se bat pas contre un homme - il passe- mais pour des principes, et un sens de l'honneur qui, hélas, tend singulièrement à disparaître.
Le procès contre Alain Huyghes-Despointes se termine, et on en attend le verdict.
Pour notre part, nous sommes curieux de connaître la sanction contre un vice-président du conseil général etdu conseil régional qui, maître de sport, a enseigné pendant bien 40 ans aulycée Schœlcher ce qui ne l’a pas empêché de malmener les élèves et leursprofesseurs en déclarant devant tous les médias présents, froidement, sans aucune colère, mais pour blesser, que ce qui le gênait était de voir de petits nègres conduits par des professeurs blancs mal coiffés et qui sentent[1].
A ceux qui vilipendent Huyghes-Despointes parce qu’il est béké, nous répondrons qu’on n’est pas coupable par sa couleur mais par sa conduite. A ceux qui prétendent – notamment par une pétition–soutenir cet enseignant issu du lycée Schœlcher, qui, en pleine bataille pour la survie de ce même établissement, salit l’ensemble des professeurs et des élèves du lycée,nous rappellerons qu’il est d’autant plus coupable qu’il était professeur et qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait[2]. Ne serait-ce que parce qu’il a eu en charge des enfants adolescents et post-adolescents, en face desquels il se doit d’être un modèle, monsieur Cayol doit être condamné. Mais il doit aussi être condamné parce qu’il a occupé desfonctions parmi les plus hautes dans les instances des collectivités que sont le Département et la Région. On n’imagine en effet pas tolérable que nos plus hautes instances véhiculent racisme et xénophobie …même s’il est plus que surprenant que certains des représentants actuels ou passés de ces instances, après avoir condamné les propos de Claude Cayol, prétendent le soutenir face àla justice.
Un professeur d’histoire d’un lycée voisin, a signé la pétition en faveur de monsieur Cayol. Chacun est libre de son opinion. Mais on ne peut condamner le béké et absoudre le nègre, sauf à considérer que la couleur est déjà source de culpabilité ou d’innocence.Autrement dit on ne peut faire du racisme à son tour, en jugeant des comportements racistes. Ces derniers se jugent d’abord par la conscience profonde de celui qui les énonce, et par les circonstances au cours desquelles ces propos ont été prononcés.
Faut-il rappeler que la présencede monsieur Cayol faisait écho à l’appel de monsieur Marie-Sainte -numéro 2, alors, des élus régionaux -, par SMS et par internet, appelant les militants proches du MIM et des partis majoritaires élus à la région à venir défendre la région attaquée par des professeurs « letchimistes »[3].Et il faut le rappeler et le marteler, professeur encadrant les élèves pour lesprotéger, il m’a fallu intervenir pour éviter que la confrontation avec les militants du MIM ne tourne au pugilat avec les élèves tant les provocations de ces adultes roués en politique étaient violentes à l’égard de nos jeunes qui ne réclamaient que leur droit de conserver leur lycée menacé de disparition par le président de la Région Martinique d’alors, Alfred Marie-Jeanne, en pleine année scolaire[4]. Ce seul comportement des militants était, en soi, déjà honteux. Comment des hommes politiques, dans notre pays, qui se réclament notamment des luttes et des sacrifices de tant de militants de la liberté, peuvent-ils agresser la jeunesse qui manifeste à son tour ? La jeunesse le leur a bien rendu en sanctionnant le 74 et en faisant basculer le pays.
Nous qui sommes enseignants, nous qui sommes à l’écoute de la jeunesse du pays, nous pouvons dire notre fierté de voir la maîtrise avec laquelle la jeunesse scolaire du lycée Schœlcher a conduit son mouvement et ses négociations.Nous pouvons dire aussi à quel point nous sommes fiers de la réaction de tant de jeunes de toutes les communes de la Martinique, qui se sont dressés parce que les propos de Marie-Jeanne puis ceux de Claude Cayol, les touchaient au plus profond et leur révélait la réalité xénophobe et brutale de certains de nos dirigeants politiques. Nous pouvons aussi être fiers de la réaction de tant de gens de bien, riches ou pauvres, intellectuels ou travailleurs manuels qui ont rejeté l’article 74, quand bien même ils étaient, pour certains, autonomistes, parce qu’ils refusaient qu’on puisse se comporter ainsi et briguer le leadership du pays pour l’engager sur la voie d’une autonomie voire de l’indépendance avec de tels hommes !
N’en déplaise aux pétitionnaires qui prétendent défendre Claude Cayol, ce dernier a déjà été jugé et condamné par la jeunesse du lycée, par la jeunesse de la Martinique, par les professeurset par une majorité de la population. Il doit être condamné pour ses proposracistes et son incitation à la haine raciale parce que l’on ne peut être enseignant et s’absoudre de ses responsabilités.
C’est tout. Mais en même temps,ces deux procès en parallèle, celui d’Alain Huyghes Despointes, comme celui deClaude Cayol sont nécessaires, comme un rituel, pour que la page du passé se tourne et que l’on aborde enfin l’avenir. C’est d’ailleurs bien le message jeunesse que nous devons enfin porter vers un avenir plus radieux et non rejeter inlassablement vers le douloureux passé de ses ancêtres. C’est en effet méconnaître notre rôle d’adultes que de vouloir tirer vers la tombe ceux dont l’instinct naturel est de vivre et de se tourner d’abord vers l’avenir qu’ils ont à construire.... comme si nous avions tellement peu confiance en eux !
Il importe à l’un de leur professeur de leur rappeler toute la confiance qu’il a en eux et toute l’admiration qu’il leur a portée tout au long de ses années d’enseignement et qu’il continue à leur vouer.
Yvon JOSEPH-HENRI
Professeur de Lettres au lycée Victor Schoelcher
Secrétaire départemental de la FSU Martinique
Secrétaire académique adjoint du SNES Martinique
[1] Elèveset professeurs avaient manifesté du lycée à la Région, à pied ce qui explique qu’ils soient en sueur. Curieux qu’un enseignant de sport ignore cela …
[2] Ilsuffit de se référer à la vidéo
[3] Aucun professeur encadrant les élèves n’était « encarté », et tous sans doute avaient des opinions politiques différentes.
[4]M. Marie-Sainte n’a-t-il pas appelé à évacuer immédiatement le lycée soudaindevenu dangereux pendant que des années durant les demandes de la Commissiond’hygiène et de sécurité aient condamné l’ouverture du lycée pour le non-respectde normes telles que l’électricité, la présence d’extincteur, les conduites degaz, etc ?… Et dans le même temps le lycée du Lorrain et celui de Trinitétombaient l’un en ruine, l’autre ruiné dans deux bâtiment par le séisme, sansle moindre intérêt pour cette région animée par des intérêts peu avouables.
Il ne saurait y avoir de racisme ordinaire. Mais il y a un racisme intolérable, celui qui est volontaire, et pratiqué par un enseignant qui occupe les plus hautes fonctions politique tant au Conseil Général qu'au Conseil Régional - avant les élections de l'année dernière ! - Et il est temps de dénoncer les feintes, les hypocrisies et les amalgames de toutes sortes. On ne se bat pas contre un homme - il passe- mais pour des principes, et un sens de l'honneur qui, hélas, tend singulièrement à disparaître.
Le procès contre Alain Huyghes-Despointes se termine, et on en attend le verdict.
Pour notre part nous sommescurieux de connaître la sanction contre un vice-président du conseil général etdu conseil régional qui, maître de sport, a enseigné pendant bien 40 ans aulycée Schœlcher ce qui ne l’a pas empêché de malmener les élèves et leursprofesseurs en déclarant devant tous les médias présents, froidement, sansaucune colère, mais pour blesser, que ce qui le gênait était de voir de petitsnègres conduits par des professeurs blancs mal coiffés et qui sentent[1].
A ceux qui vilipendent Huyghes-Despointesparce qu’il est béké, nous répondrons qu’on n’est pas coupable par sa couleurmais par sa conduite. A ceux qui prétendent – notamment par une pétition–soutenir cet enseignant issu du lycée Schœlcher, qui, en pleine bataille pour la survie de cemême établissement, salit l’ensemble des professeurs et des élèves du lycée,nous rappellerons qu’il est d’autant plus coupable qu’il était professeur etqu’il savait parfaitement ce qu’il faisait[2]. Ne serait-ce que parce qu’il a eu en charge des enfants adolescents etpost-adolescent, en face desquels il se doit d’être un modèle, monsieur Cayoldoit être condamné. Mais il doit aussi être condamné parce qu’il a occupé desfonctions parmi les plus hautes dans les instances des collectivités que sontle Département et la Région. On n’imagine en effet pas tolérable que nos plushautes instances véhiculent racisme et xénophobie …même s’il est plus quesurprenant que certains des représentants actuels ou passés de ces instances,après avoir condamné les propos de Claude Cayol, prétendent le soutenir face àla justice.
Un professeur d’histoire d’unlycée voisin, a signé la pétition en faveur de monsieur Cayol. Chacun est librede son opinion. Mais on ne peut condamner le béké et absoudre le nègre, sauf àconsidérer que la couleur est déjà source de culpabilité ou d’innocence.Autrement dit on ne peut faire du racisme à son tour, en jugeant des comportementsracistes. Ces derniers se jugent d’abord par la conscience profonde de celuiqui les énonce, et par les circonstances au cours desquelles ces propos ont étéprononcés.
Faut-il rappeler que la présencede monsieur Cayol faisait écho à l’appel de monsieur Marie-Sainte, par SMS etpar internet, appelant les militantsproches du MIM et des partis majoritaires élus à la région à venir défendre larégion attaquée par des professeurs « letchimistes »[3].Et il faut le rappeler et le marteler, professeur encadrant les élèves pour lesprotéger, il m’a fallu intervenir pour éviter que la confrontation avec lesmilitants MIM ne tourne au pugilat avec les élèves tant les provocations de cesadultes roués en politique étaient violentes à l’égard de notre jeunesse qui ne réclamait que leur droit de conserver leurlycée menacé de disparition par le président de la Région Martinique d’alors, AlfredMarie-Jeanne, en pleine année scolaire[4]. Ce seul comportement des militants était ensoi déjà honteux. Comment des hommes politiques, dans notre pays, qui seréclament notamment des luttes et des sacrifices de tant de militants de laliberté, peuvent-ils agresser la jeunesse qui manifeste à son tour ? Lajeunesse le leur a bien rendu en sanctionnant le 74 et en faisant basculer lepays.
Nous qui sommes enseignants, nousqui sommes à l’écoute de la jeunesse du pays, nous pouvons dire notre fierté devoir la maîtrise avec laquelle la jeunesse scolaire du lycée Schœlcher a conduit son mouvement et ses négociations.Nous pouvons dire aussi à quel point nous sommes fiers de la réaction de tantde jeunes de toutes les communes de la Martinique, qui se sont dressés parceque les propos de Marie-Jeanne puis ceux de Claude Cayol, les touchaient auplus profond et leur révélait la réalité xénophobe et brutale de certains denos dirigeants politiques. Nous pouvons aussi être fiers de la réaction de tantde gens de bien, riches ou pauvres, intellectuels ou travailleurs manuels quiont rejeté l’article 74, quand bien même ils étaient, pour certains,autonomistes, parce qu’ils refusaient qu’on puisse se comporter ainsi etbriguer le leadership du pays pourl’engager sur la voie d’une autonomie voire de l’indépendance avec de telshommes !
N’en déplaise aux pétitionnairesqui prétendent défendre Claude Cayol, ce dernier a déjà été jugé et condamnépar la jeunesse du lycée, par la jeunesse de la Martinique, par les professeurset par une majorité de la population. Il doit être condamné pour ses proposracistes et son incitation à la haine raciale parce que l’on ne peut êtreenseignant et s’absoudre de ses responsabilités.
C’est tout. Mais en même temps,ces deux procès en parallèle, celui d’Alain Huyghes Despointes, comme celui deClaude Cayol sont nécessaires, comme un rituel, pour que la page du passé setourne et que l’on aborde enfin l’avenir. C’est d’ailleurs bien le message denotre jeunesse que nous devons enfin porter vers un avenir plus radieux et nonrejeter inlassablement vers le douloureux passé de ses ancêtres. C’est en effetméconnaître notre rôle d’adultes que de vouloir tirer vers la tombe ceux dontl’instinct naturel est de vivre et de se tourner d’abord vers l’avenir qu’ilsont à construire.... comme si nous avions tellement peu confiance en eux !
Il importe à l’un de leurprofesseur de leur rappeler toute la confiance qu’il a en eux et toutel’admiration qu’il leur a portée tout au long de ses années d’enseignement etqu’il continue à leur vouer.
Yvon JOSEPH-HENRI
Professeur de Lettres au lycée Victor Schoelcher
Secrétaire départemental de la FSU Martinique
Secrétaire académique adjoint du SNES Martinique
[1] Elèveset professeurs avaient manifesté du lycée à la Région, à pied ce qui expliquentqu’ils soient en sueur. Curieux qu’un enseignant de sport ignore cela …
[2] Ilsuffit de se référer à la vidéo
[3] Aucunprofesseur qui encadrait les élèves n’était « encarté », et tous sansdoute avaient des opinions politiques différentes.
[4]M. Marie-Sainte n’a-t-il pas appelé à évacuer immédiatement le lycée soudaindevenu dangereux pendant que des années durant les demandes de la Commissiond’hygiène et de sécurité aient condamné l’ouverture du lycée pour le non-respectde normes telles que l’électricité, la présence d’extincteur, les conduites degaz, etc ?… Et dans le même temps le lycée du Lorrain et celui de Trinitétombaient l’un en ruine, l’autre ruiné dans deux bâtiment par le séisme, sansle moindre intérêt pour cette région animée par des intérêts peu avouables.