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Billet de blog 6 février 2015

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Blanche Meyer la Belle oubliée...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Blanche Meyer, la belle oubliée.

Ou Comment un Giono peut en cacher un autre.

Aujourd’hui, semblable histoire ferait-elle grand bruit dans le Landerneau de la littérature ? Je ne pense pas, certes, des safaristes de l’intime traquent bien journellement pour livrer à une presse à sensation,  le  baiser volé, ou le  péché d’intention de quelques plumitifs branchés.

Mais là, Jean Giono…

Renversé donc, le paravent tiré par la famille, pour ne point chahuter la biographie officielle que nous avons de l’homme tranquille de Manosque.

Pas moins de 1300 lettres, plus de 3300 feuillets, consultables, mais pas publiables, conservés à l’université américaine de Yale, de la correspondance que Jean Giono adressa à Blanche Meyer, témoignent de plus de trente années d’intimité, de passion, de complicité durable. Tout semble y être : Cache-cache d’amoureux, rencontres furtives, embrasement dévorant, jalousie exacerbée, dans un je t’aime moi non plus étourdissant.

Privés nous serons des répliques épistolaires de Blanche Meyer puisqu’à  la demande de Giono, le courrier reçu fut détruit par un proche.

Pas plus, nous ne connaitrons le manuscrit écrit par Blanche peu avant sa mort, sur lequel les héritiers de l’écrivain mettent leur veto, sous prétexte de propriété intellectuelle, parce que des lettres de Giono y sont citées.

Fin des années trente :

Elle, Blanche Meyer, la belle et jeune épouse du notaire de Manosque, ballade son intelligence affutée dans cette ville, où à cette époque, l’ennui semble être la seule distraction disponible.

Lui, Jean Giono, le romancier conteur magnifique, notre Virgile des grands espaces provençaux, le pacifiste, l’homme marié, le père de famille va croiser la belle…

Dès ce moment tout va s’installer pianissimo, dans un tempo délicat, nécessaire à la découverte de leur passion.

Mais, comme tout ceci doit rester secret (de Polichinelle, car les épousés respectifs furent assez rapidement au courant) Giono va hurler à la vie, à travers ce qu’il sait faire de mieux, et, dans un cas que je crois unique en littérature, va changer radicalement d’inspiration et de style, avec un égal talent.

« Il faut relire tout Giono, de 1940 à la fin de sa vie » nous conseille Annick Stevenson, auteur, avec la complicité de Jolaine Meyer la fille unique de Blanche, du livre révélateur : ˝Blanche Meyer et Jean Giono˝ parut chez Actes Sud, à lire, pour remonter à la source littéraire du voyageur immobile.

« Cette femme  derrière l’Adelina White ! De  ˝Pour saluer Melville˝, c’est elle, la jeune Pauline ˝d’Angelo˝ et du ˝Hussard sur le toit˝, c’est encore elle »  etc. etc.   ˝ Ou des morceaux d’elle˝  avouera Giono.

Présente dans toute cette seconde manière de son œuvre, qualifiée de Stendhalienne, Blanche Meyer est la grande absente de tous les écrits des biographes sur le grand écrivain.

Comble de l’ironie, la maison qui abrite le centre ˝Jean Giono˝ à Manosque, est celle où demeura longtemps Blanche.

« Pendant des années et malgré nos querelles, il fut le cœur, le centre et la flamme de ma vie. », disait la belle oubliée.

Si, aimer c’est savoir s’effacer, Giono fut, croyons la, le feu de son existence.

Mais, au fait, l’être qui vivait dans la lumière de l’autre, était-il celui que l’on croit ?

SAUF que…Aujourd’hui en 2014, je suis en possession de cette correspondance

Parce que, un homme s’est déplacé à l’université de Yale, à transcrit cette correspondance ( sans l’autorisation des héritiers GIONO qui s’opposent toujours à la publication de celle-ci ) a cru protéger son travail en le stockant chez Free, mais en oubliant de protéger celui-ci par un code, et, lors d’une recherche de routine sur Jean Giono et Blanche Meyer, je suis tombé sur cette fameuse correspondance, qui va de 1939 à 1970…J’ai pris contact avec cet homme, qui à aussitôt retiré le lien, qui permettait l’accès à celle-ci.

Cette correspondance (plus de mille lettres) est une merveille, et donne bien sûr, une autre approche, une autre lecture de l’œuvre de Giono, dite seconde manière, sur tout ce qu’il écrit à partir de 1939.

Les biographes de GIONO savaient, ses proches savaient, mais feignaient d’ignorer… J’ai pris contact avec ceux-ci, mais rien n’a changé, faudra t’il attendre 2040 (date de son entrée dans le domaine public) pour que le grand public accède à cette œuvre ?

                                                       YVONNICK CRAHÉ     

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