Taos Amrouche …
Jean Giono, Le rideau déchiré…
La récente publication des ‘carnets intimes’de Taos Amrouche (aux éditions Joelle Losfeld) Vient porter l’estocade à la biographie officielle que nous avons de Jean Giono, ‘l’homme tranquille de Manosque’ marié et père de famille.
Biographie déjà sérieusement écornée, par les révélations en 2007 que fit Annick Stevenson dans son ouvrage éponyme, (aux éditions Acte Sud) sur la liaison entre l’écrivain et Blanche Meyer, et sur l’existence d’une correspondance entre Giono et Blanche de1939 à 1970 .
Cette correspondance, des milliers de feuillets de la main de Giono, donne bien sûr une autre approche, une autre lecture de son œuvre, dite seconde manière à compter précisément de 1939.
Toutes ces lettres adressées à Blanche, sur lesquelles, sous prétexte de propriété intellectuelle, les héritiers Giono mettent leur veto. Il faudra attendre 2040 (date de leur entrée dans le domaine public) pour que celles-ci soient publiables.
SAUF que…Aujourd’hui en 2015, je suis en possession de cette correspondance ;
Parce que, un homme s’est déplacé à l’université de Yale, où, Jolaine Meyer, la fille unique de Blanche avait déposé le trésor épistolaire reçu par sa mère. (Rappelons pour la petite histoire que Blanche Meyer était l’épouse du notaire de Manosque.)
Cet homme, qui a transcrit ces lettres, a cru protéger son travail en le stockant chez Free, mais en oubliant de protéger celui-ci par un code, et, lors d’une recherche approfondie sur Jean Giono et Blanche Meyer, j’ai découvert la fameuse correspondance.
J’ai pris contact avec cet inconnu, qui a aussitôt retiré le lien qui permettait l’accès involontaire à celle-ci.
Taos Amrouche (1913-1976), dont les carnets intimes viennent d’être publiés, est une femme d’origine Algérienne, Chanteuse magnifique de la tradition Berbère, intellectuelle émancipée, Romancière et femme d’une subtile beauté.
Celle-ci consacre une grande partie de ses carnets à sa passion Giono et quand elle semble passer à autres choses, la présence de celui-ci est toujours sous-jacente, ravageuse et destructrice.
En effet, que d’admiration pour l’écrivain, que d’amour pour l’homme, que d’énergie déployée, de souffrance retenue, d’espoirs avortés…
Femme, famille, maîtresses, écriture, que de tumultes d’angoisses à gérer par l’homme, mais alors, pas du tout tranquille de Manosque…
Certes ici, le portrait officiel que nous avons de Jean Giono, dressé par la famille et quelque biographe aveugle, se trouve sensiblement retouché.
Alors, Giono menteur, égoïste, manipulateur…Peut-être, certainement. Si, l’homme n’en sort pas grandi, L’œuvre littéraire, elle, est magnifique.
Si nous nous refusions à faire la part de l’homme et de l’œuvre, alors, combien de nos admirés auteurs, mériteraient d’être qualifiés d’admirables salops.
YVONNICK CRAHÉ Escoublac