Démocratie en crise et génération Z
Tribune de Zalie Mansoibou
La démocratie française traverse une période sombre. Les inégalités se creusent, les droits sociaux s’effritent, et la défiance envers les institutions atteint un niveau inquiétant. Pendant ce temps, certains partis politiques et responsables s’accaparent le débat public, comme si le pays leur appartenait.
Un pouvoir politique déséquilibré
Qui décide vraiment ? Pas les citoyens dans la rue, pas celles et ceux qui peinent à joindre les deux bouts. Ce sont ceux qui détiennent les leviers économiques, les grands groupes, les lobbies, et parfois des élus qui ne représentent plus grand-chose.
Prenons l’exemple de France Travail. Ce service censé aider les chômeurs à se relever est devenu une machine à contrôler et sanctionner. Les radiations pleuvent, les rendez-vous se multiplient pour des réponses qui n’arrivent jamais. Pendant ce temps, les vrais responsables de la précarité continuent leurs affaires comme si de rien n’était.
Et puis il y a les privilèges
Certains élus se votent des indemnités de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour quelques mois de travail, pendant que des salariés peinent à joindre les deux bouts et que des personnes au chômage ou en précarité doivent cumuler des mois d’activité pour percevoir des allocations très faibles.
Mais ça ne s’arrête pas là : l’État a aussi offert aux entreprises un cadeau fiscal massif, le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), qui a coûté des dizaines de milliards d’euros sans prouver une véritable efficacité sur l’emploi. Des rapports officiels ont même souligné que beaucoup d’entreprises avaient utilisé ces fonds pour augmenter leurs marges ou rémunérer leurs actionnaires, plutôt que pour créer des emplois durables.
Ce décalage entre le discours de rigueur imposé aux plus modestes et les largesses accordées aux plus puissants nourrit une colère immense et parfaitement légitime. Comment accepter que ceux qui devraient défendre l’intérêt général s’octroient des privilèges indécents, pendant que d’autres comptent chaque euro pour survivre ?
Les fractures sociales et symboliques
La démocratie est fragile quand certains vivent dans des mondes à part, loin de la réalité de la majorité. En France, près de 14 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le coût du logement, l’accès à la santé, à l’éducation et aux transports reste un obstacle quotidien pour beaucoup.
Les droits sociaux sont attaqués. Certains nous disent qu’il faut travailler plus longtemps pour des retraites toujours plus faibles. On accuse certains citoyens d’“assistanat”, alors qu’ils luttent simplement pour survivre. La fracture est économique et symbolique : elle envoie le message que notre voix ne compte pas.
Mais cette frustration contient aussi de la force. Les associations, collectifs et initiatives citoyennes montrent que ceux qui subissent l’injustice peuvent agir. Ils prouvent qu’ensemble, il est possible de faire changer les choses, même quand le système semble verrouillé.
La gauche et la recomposition politique
La gauche française traverse une période difficile. Beaucoup de citoyens estiment que les partis traditionnels ne représentent plus leurs préoccupations. Mais cette diversité d’opinions est aussi une force : elle permet de réfléchir aux enjeux sociaux, économiques et écologiques sous différents angles.
Aujourd’hui, l’engagement ne passe plus seulement par les partis politiques : il se fait dans les associations, les collectifs, les actions locales. Ces initiatives montrent que nous pouvons agir concrètement pour la justice sociale, la protection de l’environnement ou l’accès à l’éducation. Cette recomposition politique est aussi sociale : elle redonne la parole à ceux qui l’ont trop longtemps perdue.
Une révolte mondiale contre l’injustice
La lutte contre l’injustice ne connaît pas de frontières. Au Népal, des manifestants de tous âges ont bravé la répression pour dénoncer la corruption et la privation de leurs droits. Au Maroc, des citoyens réclament des infrastructures de santé et d’éducation dignes. À Madagascar, des habitants se battent contre les coupures d’électricité et la mauvaise gestion des ressources.
Ces mouvements montrent qu’une force universelle existe : celle de tous ceux qui refusent de subir l’injustice en silence. La colère et l’action collective peuvent changer les choses. Ces mobilisations sont une inspiration pour nous rappeler que la lutte pour la justice est mondiale et qu’elle n’a pas d’âge.
Appel à une vraie Convergence des Luttes et de l'union de toutes les Gauches
La démocratie est en crise, mais elle n’est pas morte. Partout, des citoyens se lèvent, s’organisent et agissent pour faire entendre leur voix. Chacun peut participer : rejoindre un collectif, soutenir une initiative locale, s’exprimer et agir.
Je parle pour toutes celles et ceux qui subissent l’injustice, pour ceux dont la voix est ignorée, pour ceux qui refusent de se taire. La démocratie n’est pas un simple système : c’est un projet collectif. Ensemble, nous pouvons redonner du sens à la citoyenneté et construire un avenir où la parole et l’action de chacun comptent vraiment.
Et moi, je choisis de ne pas me taire.
Zalie Mansoibou,
citoyenne solidaire et militante associative, ancienne porte-parole du Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP).