Depuis décembre 2024, un scénario troublant se répète
Le gouvernement Barnier avait été renversé par une motion de censure soutenue à la fois par la gauche et l’extrême droite. Aujourd’hui, le même parti réclame la censure du gouvernement Lecornu, sans nuance, sans réflexion, sans même prendre la mesure des avancées sociales récentes. Une stratégie de tension permanente, qui semble servir davantage les intérêts électoraux du RN que ceux des Français.
Suspension des retraites : une victoire sociale
Sébastien Lecornu, revenu à Matignon dans un contexte politique tendu, a choisi de suspendre la réforme des retraites jusqu’à la présidentielle de 2027.
Cette suspension, réclamée depuis des mois par la gauche et les syndicats, constitue une victoire sociale réelle — même provisoire. Certes, la réforme n’a pas été abrogée, mais cette suspension agit comme un moratoire : elle remet le débat social au centre de la vie politique et oblige les candidats de 2027 à clarifier leurs positions.
Pour des millions de salarié·es, cette pause représente une respiration. Leurs conditions de travail et leur avenir ne seront pas encore fragilisés par une réforme injuste.
La mobilisation sociale, encore une fois, prouve son efficacité. Malgré la lassitude, malgré les pressions, les syndicats ont fait plier le pouvoir. Pour les précaires, les épuisés, les invisibles, cette décision est une lueur d’espoir : oui, le système peut reculer sous la pression populaire.
Et pourtant, l’extrême droite, elle, se moque de ces victoires. Elle ne veut ni les voir, ni les comprendre.
Les alliances du RN
L’hypocrisie du RN se lit aussi dans ses alliances — ou ses convergences — avec une partie du grand patronat.
Comme l’ont révélé plusieurs enquêtes de Libération et Mediapart, certains milieux économiques et médiatiques cherchent à normaliser le Rassemblement national, le présentant comme une option politique « fréquentable ».
Des figures comme Vincent Bolloré ou Pierre-Édouard Stérin incarnent ce glissement : un conservatisme social qui s’allie volontiers à un libéralisme économique.
Cette convergence profite à chacun : stabilité et profits pour le patronat, respectabilité pour le RN — mais au détriment de l’intérêt général.
Gouverner, ce n’est pas hurler
Le RN prétend incarner la rupture. En réalité, il reproduit les logiques qu’il dénonce : calcul, division, peur.
Son discours repose sur la colère et la désignation d’ennemis. Il ne cherche pas à construire, seulement à capitaliser sur le désordre.
S’il arrivait au pouvoir, ce n’est pas l’ordre qu’il instaurerait, mais un chaos social, institutionnel et économique.
Gouverner, ce n’est pas hurler plus fort que les autres. C’est rassembler, protéger et corriger les injustices sans en créer de nouvelles.
Sur ce terrain, l’extrême droite n’a rien à offrir. Elle se nourrit du conflit, prospère dans le malaise et survit grâce au rejet.
La France mérite mieux que l’illusion d’autorité. Elle mérite la justice, le courage politique et la solidarité.
Et cela ne viendra jamais de ceux qui préfèrent désigner des coupables plutôt que de chercher des solutions.
Zalie Mansoibou
Militante associative, ex-porte-parole du MNCP
Sources : enquêtes Libération et Mediapart (2024–2025) sur les liens entre milieux économiques et extrême droite.