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Billet de blog 21 mars 2015

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L'Amour

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'homme qui sait faire éclater l'atome mais qui n'a pas d'amour en son cœur devient un monstre.

L’amour n’est jamais le plaisir. Dans le plaisir il entre toujours de la douleur et de la peur. Le plaisir n’est jamais beau. L’esprit en quête des félicités de l’amour ne trouvera que l’excitation de la pensée, les images qu’elle a façonnées. L’amour n’est pas suscité par la pensée, et lorsque tel est le cas, il n’est que sensation, désir.

Le désir n’est jamais l’amour.

Le désir est quête de satisfaction, sensuelle ou intellectuelle ; ce n’est pas de l’amour. La pensée et l’amour ne peuvent jamais se rejoindre ; ce sont deux mouvements différents, dont l’un détruit l’autre. Seule l’innocence peut être passionnée. Les innocents ignorent la douleur, la souffrance, même s’ils ont vécu des milliers d’expériences. Ce ne sont pas les expériences qui corrompent l’esprit, mais les traces qu’elles laissent, les résidus, les cicatrices, les souvenirs. Ils s’accumulent, s’entassent les uns sur les autres, c’est alors que commence la souffrance. Cette souffrance, c’est le temps. Le temps ne peut cohabiter avec l’innocence. La passion ne naît pas de la souffrance. La souffrance, c’est l’expérience, l’expérience de la vie quotidienne, cette vie de tortures, de plaisirs éphémères, de peurs et de certitudes. Nul ne peut échapper à ces expériences, mais rien n’oblige à les laisser s’enraciner dans le terreau de notre esprit. Ce sont ces racines qui suscitent les problèmes, les conflits et les luttes incessantes.

La seule issue, c’est de mourir chaque jour au jour précédent. Seul un esprit clair peut être passionné. Sans passion, on ne voit ni la brise qui joue dans le feuillage, ni l’eau éclaboussée par le soleil. Sans passion, point d’amour. L’amour ne peut exister que lorsque la pensée est silencieuse, immobile. La pensée est tout à fait incapable de produire ce silence. Elle peut seulement élaborer des images, des formules, des idées, mais ce silence immobile ne peut en aucun cas être touché par la pensée. La pensée, à l’opposé de l’amour, est toujours quelque chose de vieux. L’organisme physique a son intelligence propre, qui s’émousse sous l’effet des habitudes de plaisir. Ces habitudes détruisent la sensibilité de l’organisme, et ainsi la finesse de l’esprit se trouve à son tour émoussée. Cet esprit peut être vigilant dans une mesure étroite et limitée, tout en étant insensible. Un tel esprit, très mesurable quant à sa profondeur, est la proie des images et des illusions. C’est à sa superficialité même qu’il doit d’être brillant. La méditation requiert un organisme délié et intelligent. L’interrelation entre l’esprit méditatif et son organisme est un jeu de réajustement perpétuel de la sensitivité. Car la méditation exige la liberté. La discipline qui lui est propre, c’est la liberté. L’attention ne peut exister que dans la liberté. Etre attentif, c’est prendre conscience de l’inattention. L’attention totale, c’est l’amour. Lui seul a la capacité de voir, voilà pourquoi voir et faire sont une seule et même chose.

La souffrance est l’aboutissement ultime du désir et du plaisir. Or l’amour est incompatible avec la souffrance. Ce qui est porteur de souffrance, c’est la pensée, la pensée qui donne une continuité au plaisir, qui nourrit le plaisir, le renforce. La pensée est perpétuellement en quête de plaisir, ouvrant ainsi la voie à la douleur. La vertu que cultive la pensée, c’est la voie du plaisir, qui implique l’effort et la réussite. Ce n’est pas dans le terreau de la pensée que fleurit l’ultime bien, mais dans la libération, la délivrance de toute souffrance.

La fin de la souffrance, c’est l’amour. L’ambition isole. Individuelle ou collective, l’ambition, quelle qu’en soient les formes, mène inévitablement aux antagonismes et aux haines poussant au repli sur soi. Lorsque la famille prend de l’importance, c’est au détriment, à l’encontre du voisin — qu’il soit tout proche où à des milliers de kilomètres ; c’est à l’encontre de l’humanité toute entière. Qu’elle soit en quête des biens de ce monde ou d’un « autre » univers, l’ambition est la même, sous des jours dissemblables. La voie de l’ambition, c’est le conflit, et le conflit, sous quelque forme que ce soit, met fin à l’essence du beau et du bon, à l’amour.

L’ambition et l’amour ne peuvent cohabiter. Comment la beauté peut-elle être du côté des ambitieux ? La beauté n’existe que lorsqu'il n’est pas contaminé par la pensée, car la beauté est l’essence même de la non-pensée. La beauté n’est pas une sensation, un plaisir. La beauté, comme l’amour, est l’abandon total du centre, de l’ego. La beauté est inséparable de l’amour et de la mort. Qui en elle sont contenus. L’austérité n’a rien de dur, d’agressif, de brutal. Son expression extérieure n’est pas nécessairement décelable ; si elle l’est, alors c’est qu’elle est partie prenante dans tout ce cirque que l’homme cultive depuis toujours avec tant de diligence. L’austérité est un mouvement intérieur, pas une condition requise ; toute chose vivante est difficile à étudier, contrairement à une chose morte, qui peut être copiée.

Une austérité intérieure profonde est indispensable pour pouvoir abandonner totalement tout le mécanisme du conflit - l’ego. Sans cette liberté-là, point d’amour ; et sans l’amour, il n’est point de beauté. Les croyances ne sont que superstition. Ce qui est — c’est-à-dire le fait — n’a nul besoin de croyances, de conclusions qui empêchent de voir ce qui est. Le fait est beaucoup plus important que les conclusions que l’on tire de lui. L’acte de tirer des conclusions est totalement différent de l’action liée à ce qui est. Cette action-là est porteuse de liberté, alors que la première nous soumet au joug du temps. Le sentiment est de l’ordre de la pensée ; il n’existe aucun sentiment d’où la pensée soit exclue. Mais le sentiment existe-t-il vraiment ? L’amour est dénué de sentiments car qui dit sentiment dit sensiblerie, sentimentalisme, dévotion, attachement, colère, etc. L’amour est dénué de qualités, d’attributs. L’amour n’est ni sensation ni plaisir, et dans l’amour n’entre point tout le travail du temps.

L’amour est à lui-même sa propre action, sa propre éternité. Avoir de la sensibilité c'est aimer. Le mot aimer n'est pas l'amour. L'amour ne peut pas être divisé en amour de Dieu et amour pour l'homme, ni peut-il être mesuré en tant qu'amour pour une personne ou pour l'humanité. L'amour se donne lui-même en abondance, comme une fleur donne son parfum. Mais on le mesure tout le temps dans les relations humaines et, de ce fait, on le détruit. L'amour n'est pas une denrée pour réformateurs ou travailleurs sociaux; ce n'est pas un instrument politique destiné à créer de l'action. Lorsque le politicien et le réformateur parlent d'amour, ils se servent du mot et n'entrent pas du tout en contact avec sa réalité, car l'amour ne peut pas être utilisé en tant que moyen pour une fin, immédiate ou dans un lointain futur.

L'amour est de la Terre entière, non d'un certain champ ou d'une certaine forêt. L'amour de la réalité n'est circonscrit par aucune religion, et quand les religions organisées s'en servent, il cesse d'être. Les Sociétés, les religions organisées, les gouvernements autoritaires, par leurs activités diligentes, détruisent sans le savoir l'amour qui pourrait devenir passion en acte. Dans le total développement de l'être humain que produit une éducation correcte, la qualité d'amour doit être nourrie et soutenue dès les premiers pas. L'amour n'est ni du sentimentalisme ni de la dévotion. Il est aussi fort que la mort. On ne peut pas l'acheter avec des connaissances; l'esprit qui, sans amour, poursuit des connaissances, fait commerce de cruauté, ne vise qu'à l'efficience

C'est parce que nous sommes si desséchés nous-mêmes, si vides et sans amour que nous avons permis aux gouvernements et aux systèmes de s'emparer de l'éducation de nos enfants et de la direction de nos vies ; mais les gouvernements veulent des techniciens efficients, non des êtres humains, car des êtres vraiment humains deviennent dangereux pour les États et pour les religions organisées. L'éducation doit aider l'individu à mûrir librement, à s'épanouir en amour et en humanité. Là où il y a amour, il y a compassion avec laquelle l'intelligence va de pair Le désordre engendre l'autorité, et l'autorité sous toutes ses formes n'est autre que le mal

Écouter ne consiste pas à approuver, à condamner ou à interpréter, cela consiste à examiner

Quand il y a de l'amour entre deux êtres, les différences cessent d'exister

Krishnamurti

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