zemateo

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 janvier 2017

zemateo

Abonné·e de Mediapart

Un documentaire sur la crise grecque ?

"Le Panier" est un projet documentaire sur la crise grecque vue à travers le parcours d'un panier de légumes. Réalisé par Cilia Martin, porté par une jeune structure de production JLW! Prod. Le projet fait l'objet d'une campagne de financement participatif : https://igg.me/at/lepanierJLW/x/15581329

zemateo

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cilia Martin nous présente LE PANIER. Plus d'info

A travers les pérégrinations d’un panier de légumes, ce film, en cours de production, effectue une plongée culinaire et anthropologique dans la Grèce d’aujourd’hui. Vu comme une métaphore de la résistance, ce panier fait l’objet d’un road documentaire intimiste qui retrace l’histoire d’une chaîne alimentaire et humaine tout en abordant la question de sa crise et de sa digestion.

Qui suis-je?

À la base, j’ai commencé par faire de la recherche dans les sciences sociales. Puis, j'ai quitté Istanbul où j'avais vécu pendant une dizaine d’années pour revenir m’installer dans ma ville natale. C’est ici à Athènes que j’ai ouvert les yeux sur la crise et sur toutes les formes de résistance émergées ces huit dernières années. Il y a un peu plus d’un an, je me suis offert une caméra. Seule, l’œil dans le cadre, je cherche à comprendre ce que ça fait de tout perdre mais de continuer à tout donner : à ses amis, à ses amours, à l’instant… aux caisses de l’État, aux banques?

Mon cadre : un panier de légumes ; mes acteurs : Thodoris et Athanasia, mon décor : des champs, des cuisines, des rues, et une camionnette…avec moi dedans qui filme. 

Pour résumer, c’est l’histoire d’un panier de légumes pas comme les autres. Pas comme les autres parce qu’il est l’enjeu d’une course effrénée contre la montre et contre la crise qui marque le quotidien de Thodoris et Athanasia.

Aidez-moi à réaliser ce projet documentaire qui des champs à la ville, qui des mains du producteur aux assiettes des consommateurs, se veut une métaphore de la résistance incarnée par des individus qui trouvent le salut dans le mouvement, l’humour et la dérision. Au volant de leur voiture, ils se moquent de tout et surtout d’eux-mêmes, passent des rires à la colère en un rien de temps et bien que sévèrement touchés par la crise, ils arrivent quand même à ne jamais trop la prendre au sérieux.

Au volant donc, des sacrés personnages.


Producteur bio depuis 25 ans, Thodoris préfère la ville à la campagne. Ours mal léché, il aime être entouré de monde, assister à des conférences, participer à des manif, aller au ciné ou au théâtre. D’ailleurs, Antigone s’est jouée dans ses champs au mois de septembre dernier. Bavard…à ses heures, il répète souvent que s’il n’y avait pas eu la crise, il aurait ouvert un théâtre. Mais pour le moment, il est comme qui dirait un peu endetté, alors il court. Et ce, chaque soir, depuis qu’il s’est lancé dans le commerce des paniers bio. Eternel célibataire, Thodoris représente pourtant la figure du père autoritaire mais dont l’autorité aurait fini par disparaître pour révéler une âme d’enfant. Comme s’il n’avait pas fini de grandir et qu’il se traînait de l’enfance un léger bégaiement, Thodoris ne bégaie plus quand il chante. Parce que Thodoris chante beaucoup, surtout au volant de sa camionnette.

             

      

Athanasia, c’est elle qui fait tourner le business. Ancienne économiste à la retraite, elle s’en sort aujourd’hui comme elle peut. Alors elle aussi, elle court, à en perdre tous ses kilos. Elle court  derrière Thodoris à qui elle prépare une feuille de route journalière et à qui elle répond au téléphone dix fois par jour. À la croire, ça ne va jamais, elle est toujours fatiguée, ruinée mais elle continue à dépenser une énergie folle dans tout ce qu’elle entreprend. Vraie mère courage, c’est elle qui, tous les jours assise à son bureau, appelle les clients pour voir s’ils n’ont besoin de rien. Avec sa voix rauque, l’un c’est mon chou, l’autre mon lapin, mon cœur ou ma beauté. Parfois éteinte, elle se rallume aussitôt parce qu’elle aime déconner. Au volant de sa voiture, elle passe des mots doux aux insultes en un quart de seconde. Elle se perd, descend de la voiture, remonte dans la voiture, insulte la terre entière, roule une cigarette puis se radoucit et vous lance un regard rempli de tendresse.

Mon intention est à travers cette histoire et ces personnages, d’envoyer un message d’espoir en mettant en lumière une manière singulière de digérer la crise et d’appréhender la vie.

Loin d’être un reportage journalistique trop souvent alarmiste et apocalyptique, je veux livrer un autre regard sur la crise. Un regard plus intimiste et humain inspiré par nos deux personnages qui répondent à la crise par l’humour et l’auto-dérision mais aussi et surtout par le mouvement…tant qu’il reste un peu d’essence.

                                   "Je galère"

D’où mon attachement à l’idée de road documentaire pour traduire la sensation et l’urgence de la mobilité qui sert d’échappatoire à nos deux personnages, de fuite en avant que la réalité de la crise souvent rattrape mais qui laisse parfois le temps à Thodoris et Athanasia de rêver, de rire et de chanter.

On l’aura donc compris, ce film, que je prévois de 26 min, se déroulera principalement sur les routes. En tracteur, en voiture et en camionnette, il sera structuré autour de trois espaces/temps : la préparation du panier (à Marathon), sa distribution (de Marathon aux différents quartiers d’Athènes) et sa consommation (du point de livraison du panier à la cuisine des clients).

                    A Marathon, mise en panier

A ces trois espaces/temps correspondent trois unités cinématographiques différentes. La préparation dans les champs se fait le matin et en début d’après-midi, la distribution en voiture ou en camionnette en fin de journée/début de soirée et la consommation dans la cuisine le soir.

       Premiers clients, premiers échanges

Toutefois, la distribution du panier, autrement dit le pic de la course où l’on voit Thodoris et Athanasia en pleine action et confession, occupera plus de la moitié du film.

Ces séquences dans la voiture seront entrecoupées par des plans montrant des consommateurs en train d’attendre leur panier, en train de le déballer dans leur cuisine ou encore avec d’autres plans dans les champs de Thodoris. Autrement dit, le film garde la liberté de circuler entre tel ou tel espace/temps, histoire aussi de casser le rythme infernal de la course et de redonner du souffle à l’histoire. 

 

                            
Silence, ça pousse     

!!!! Ce projet a déjà obtenu le soutien d’une société de production française « Just Like Wow ! ».

Basée sur Marseille, ma deuxième région d’origine, cette société m’a grandement aidée dans le lancement du film (encouragement financier et personnel, suivi du scénario, encadrement technique) et suit de près l’évolution du projet.

Aujourd’hui, j’ai aussi besoin de votre soutien pour la poursuite du tournage.

Après quelques mois de repérage, également nécessaire à la mise en place d'une relation de confiance avec mes personnages, j'ai finalement entamé une première série de tournage.

Votre aide me permettra d'assurer la poursuite du tournage, de compléter mon matériel technique, de financer les incalculables allers-retours entre Athènes et Marathon, de payer les nombreux repas pris sur le bord de la route et enfin d’offrir un GPS à Thodoris et Athanasia qui se perdent toujours en chemin…

Cela me permettra également de payer une partie de la traduction du film.

Mais soutenir ce projet, c’est aussi et surtout croire en la forme documentaire et en sa capacité d’éveiller les consciences. À sa capacité de transmettre des messages d’espoir sur nos sociétés traversées par des crises, ces mêmes crises qui se ressemblent et se répètent et qui nous permettent de voir les hommes dans tout leur dénuement et toute leur force

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.