Elle est quand même étrange cette attaque chimique en Syrie. Pourquoi le régime syrien, qui depuis plusieurs mois possède la supériorité des armes grâce à ses alliés russes et reconquiert son pays, se met-il à utiliser des armes chimiques comme s’il était acculé ?
Pourquoi, alors que le régime se dégage progressivement de son image nauséabonde et redevient un « partenaire » pour lutter contre Daech, et ainsi assurer sa survie, décide-t-il d’un coup de ruiner tous ses efforts en attaquant au gaz ?
Pourquoi mène t’il cette attaque dans la ville d’Idleb, proche d’Alep, alors qu’il vient de reconquérir cette dernière et que la province est sur le point de tomber ?
Pourquoi enfin trahirait-il ses meilleurs alliés, à savoir les Russes, qui se sont portés garants, ces deux dernières années, de la destruction du stock d’armes chimiques du régime ?
Quand bien même on pourrait admettre que toutes les armes chimiques n’aient pas été détruites, le régime n’aurait-il rien trouvé de mieux à faire que de se fragiliser lui-même, ses alliés russes et sa réintégration sur la scène internationale dans une opération telle que celle-ci qui ne lui rapporte strictement rien sur le plan militaire ?
Il est vrai que les hommes sont souvent stupides et incohérents, mais tout de même…Bachar Al Assad voudrait-il donner raison à ceux qui le qualifient de monstre, lui et son régime (et bien entendu toute l’armée syrienne au passage), qu’il n’aurait pas agi différemment. Faut-il penser qu’il serait devenu subitement, ainsi que ses conseillers, suicidaires au point de replonger tête baissée dans les difficultés que ne manquent pas de lui occasionner cette attaque ?
Il faudrait au moins se poser des questions…
D’ailleurs, Idleb, la ville syrienne touchée par cette attaque, n’est-elle pas la ville où sont apparus ces fameux casques blancs, proches des occidentaux, il y’a un peu plus de trois ans ? N’est-ce pas eux que l’on a vu à nouveau exhiber les corps meurtris par cette attaque chimique ?
Etaient-ils les cibles ? Ont-ils été complices ?
Idleb est aussi le lieu de prédilection d’Al-Nosra et a l’avantage de se trouver à quelques kilomètres à peine de la frontière turque. Mais la province va bientôt être reprise par le régime, sauf bien entendu si les frappes américaines l’en empêchent…
Tout ceci est compliqué. Avant de tirer des conclusions hâtives, on pourrait quand même se poser des questions et ne pas oublier que la vérité est la première victime des guerres.
Mais ces précautions là ne gênent pas la plupart des journalistes, toujours prompts à reprendre pour argent comptant les informations "officielles", sans chercher à les vérifier, surtout en zone de conflit...