Nietzsche affirmait que la morale chrétienne était celle du ressentiment. C'était bien entendu provocant envers les chrétiens. Mais ce concept de ressentiment peut aujourd'hui servir d'éclairage aux luttes. Lorsque l'on entend parler de racisme anti-blanc, comme de casseurs, que manque-t-il à ces raisonnements ?
Il apparaît clair aujourd'hui pour ce qui est des casseurs : il manque l'explication de leur colère contre l'ordre existant. Il manque la faim aux ventres que subissent tous les jours de nombreux foyers français, la misère et comme le dit Prévert, ces vitrines garnies des boulangeries qui contrastent avec les biens matériels de beaucoup de personnes.
Ou plutôt, cela contraste avec "ceux qui ne sont rien", comme pourrait le souligner notre cher Président. L'emploi du terme de casseurs est une rhétorique bien huilée et bien connue des gouvernements qui consiste à désigner une minorité comme responsable du désordre, ou aujourd'hui de la "bordélisation", dernier terme en date qui signe une proximité avec le peuple et sous-entend du même coup que des limites sont dépassées.
Qui souhaite se tenir aux côtés de ceux qui cassent ? Car casser c'est l'idée de détruire ce qui existe. Ce terme omet la colère qui se cache derrière la casse, et la violence du capital qui chaque jour asservit le monde entier. Le monde entier ? Bien entendu, hormis quelques élus. La terre, les animaux, les êtres humains, le capital casse tout sur son passage.
Pourtant, nous ne parlons que de vitrines, de voitures et de poubelles brûlées comme si cela représentait une violence extrême. Peut-être serait-il temps de comprendre l'origine des casseurs, et peut-être par une généalogie de cette violence nous ouvrirons enfin les yeux sur la violence qui se trouve en amont, la véritable violence, celle du capital, qui n'épargne personne.