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Billet de blog 16 octobre 2014

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Un simulacre de démocratie

Billet écrit en réponse à l’article (du 15 10 14) intitulé  « Les masques de la démocratie » écrit par Claude Layalle sur son blog de Médiapart

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Billet écrit en réponse à l’article (du 15 10 14) intitulé  « Les masques de la démocratie » écrit par Claude Layalle sur son blog de Médiapart :

Monsieur, j’ai lu votre réflexion concernant l’état de la démocratie, et votre invitation à ce que nous y participions.
A la base, je pense que nous nous perdons dans un trop plein de savoirs, alors que la racine de la connaissance est beaucoup plus intuitive. Nous n’avons pas besoin de tant de discours, pour savoir, au fond de nous, que la démocratie n’est plus, aujourd’hui, qu’un mot creux, qui masque la « tuerie  en cours » telle qu’elle résulte de la cupidité d’un système dit « économique » qui, en réalité, dilapide toutes les ressources de la planète.
Système, qui, paradoxalement a été engendré dans des pays dits démocratiques, qui n’auront retenu du mot « liberté » que le droit à éliminer tout ce qui entraverait les pulsions les plus sauvages de prédateurs qui peuvent sommeiller à l’intérieur de l’homme.

N’oublions pas qu’aux fondations de notre soit disant « démocratie », il y a eu le colonialisme. Notre « civilisation » ressort d’un système économique selon lequel « le profit de l’un se ferait au détriment de l’autre ». N’oublions pas que c’est au nom de notre soit disant « civilisation » que nous avons réduit des peuples en esclavage. Nos sociétés de consommation et leurs économies se sont construites sur le pillage du tiers monde, sur l’esclavage et l’humiliation des peuples.

Ce fonctionnement d’un modèle de croissance de « l’Un qui s’enrichirait au détriment de l’Autre » est en train de se retourner contre nous. Poussé à l’extrême, et avec un cynisme sans bornes, dans le fameux Traité du Grand Marché Transatlantique, qui est une sorte de pacte avec le diable. « La concurrence libre et non faussée » qui est la règle d’or de l’OMC (organisation mondiale du commerce) signifie « non faussée par les interdits fondamentaux du meurtre, de l’empoisonnement, du pillage des ressources, du saccage de la planète etc. C’est une concurrence non pas fraternelle, de bonne guerre … mais fratricide. C’est Caïn tuant Abel.

Dans ces conditions, les « fondamentaux communs de la démocratie » -pour reprendre votre expression- ne sont plus que des simulacres dans un système qui a laissé une place telle aux pressions des lobbyistes, qu’en finale, l’Etat, qui était censé nous représenter, n’est plus que le bras exécutif de ces représentants des multinationales. Si bien que la parole du citoyen, que l’on fait mine de solliciter, n’a aucun impact. Elle ne compte plus. Le « Non » des français au référendum (du 29 Mai 2005) sur le « Traité établissant une Constitution pour l’Europe » … n’a pas été pris en compte. D’ores et déjà cela faisait signe que nous étions dans un simulacre de démocratie et que le reste était à l’avenant.

Lorsque la parole est devenue de la monnaie de singe, pour la raison que ce qui nous inscrit à l’ordre du symbolique n’est plus garanti par la Loi qui doit baliser les limites telles qu’elles nous inscrivent dans le réel (limites inhérentes à  notre destin sexué de mortel ... ) alors il n’y a plus de démocratie !
Lorsque l’on s’est donné le droit de coloniser, avec les moyens technologiques les plus sophistiqués, les cerveaux humains (par la publicité, la propagande politique, le trop plein d’infos contradictoires qui endommage la capacité des individus à penser ) alors on n’est plus dans une démocratie !
L’on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre. L’illusion de la liberté … et la liberté réelle qui a un prix.  Pour illustrer ce qu’il en est de notre liberté d’humain, on pourrait donner l’image du joueur de cartes, qui a la liberté de jouer ses cartes comme il l’entend, mais à l’intérieur des limites qu’imposent les règles du jeu … que les joueurs ont en commun. Bien sûr, il peut tricher et embarquer tout le monde dans un jeu de tricheurs. Si bien que la tricherie, le mensonge, la corruption, devient alors la norme qui contamine toutes les relations. C’est ce qui se passe actuellement.
Ce qui permet d’échapper à la réalité des limites, c’est la toute puissance du fantasme, par définition sans limites. Aujourd’hui c’est le délire, la mégalomanie, qui font force de Loi. Plus que jamais.

Les Dr Mabuse d’une économie qui, en réalité, est une ruine, ont érigé en Loi « la dérèglementation » … afin que seule la Loi du plus fort (qui est celle du tueur) ait désormais cours. Le traité du Grand Marché Transatlantique n’a d’autre objectif que de graver dans le marbre de la Loi, cette destruction des Règles du jeu qui balisent une croissance dans l’ordre de notre espèce … humaine. Telle qu’elle passe par la nécessité de l’Autre comme partenaire de « libre échange » pour la construction de notre propre pensée, et la vision des actions à mener ensemble, afin que la « cité » ait toujours un visage humain.

À rendre dérisoires tous ces éléments de la réalité « du temps et de l’espace » à l’intérieur desquels se jouent nos destins de mortels … dans un monde « globalisé » où l’homme n’est plus qu’une mouche dans une toile d’araignée, on finit par perdre de vue ce qui fait le sens de nos Vies sur Terre. Ce qui avait pour destin de nous relier à travers le langage, pour tenter de s’entendre, se trouve contaminé, et travaille à notre mésentente. Entre nous et à l’intérieur de chacun de nous.

Nous sommes pris dans cette toile d’araignée de la Novlangue qu’avait vu venir Orwell qui (dans son roman intitulé <1984>) dénonce l’utilisation d’un mot pour séduire, alors qu’il recouvre son contraire. Un mot qui, au lieu de figurer la réalité du propos, vise à la masquer. Il en est ainsi du mot « harmonie » utilisé dans la novlangue du Traité du Grand Marché Transatlantique, qui cache la réalité de la dysharmonie totale que fabrique un système où « le profit des uns se fait au détriment des autres ». Avec des dégâts irréparables dont hériteront notre descendance et les descendants de nos descendants … !

De même pour l’expression « Traité du Libre échange »  qui derrière l’illusion de liberté qu’il veut nous donner, fomente ce qui, à l’inverse, ficèlera les peuples dans les règles d’un jeu mafieux. Comment ose-t-on encore parler de démocratie lorsque  « le langage » est perverti de façon à ce que plus personne ne puisse s’entendre, avec lui-même ni avec les autres.

Nous devrions être plus attentifs aux clairvoyants, comme Orwell ou Aldous Huxley (dans « le Meilleur des mondes ») ces auteurs, qui, avec leurs œuvres, nous ont envoyés des bouteilles à la mer … pour nous prévenir de ce qui allait nous arriver si nous n’étions pas vigilants aux signes du temps. Notre époque a aussi ses visionnaires. Ne nous perdons pas dans le trop plein des discours qui visent à noyer les petits poissons que nous sommes. Allons à l’essentiel. Ecoutons ce que nous savons au fond de nous, et arrimons nous à ces connaissances là que nous avons en commun, même si, malheureusement, tout est fait pour que nous en soyons coupé. Au fil des siècles, les barbaries ne font que changer de masque ! A nous de les démasquer … à temps !

Merci pour votre texte sur « les Masques de la Démocratie » et ce qu’il m’a donné à penser. Lou Baur

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