Affaire DSK : la fabrique à scandale ou la stratégie du choc.

Affaire DSK : la fabrique à scandale ou la « stratégie du choc »
Ce Jeudi 19 Mai 2011. Dans <Mes Opinions.com> site de pétitions en ligne, j’en reçois une qui s'intitule : <Affaire DSK : donnez votre avis! Selon vous DSK est-il coupable ou innocent? >
Voici la réponse que j'ai adressée à ce site, qui, à mon sens, se dévoie en faisant ce genre de proposition. Il est pris, comme nous tous, par ce qui est dans l’air du temps. C’est pourquoi ce texte s’adresse à nous tous.
"Les évènements aussi graves que ceux auxquels nous assistons exigent du silence pour écouter ce qui est en train de se passer. Au lieu de quoi, vous demandez aux gens de donner leur avis sur un objet dont, en réalité, ils n'ont aucune connaissance ... si ce n'est par le truchement de la grosse tambouille répugnante (parce que charognarde) que les médias leur sert tous les jours. C'est une imposture! J'ai honte que l'on en soit là, à donner en pâture à la planète entière, un homme, qui, quoiqu'il ait fait, doit être jugé par une justice qui ne soit, ni sous le signe d'un lynchage médiatique, ni sous celui d'un mensonge qui profiterait à l'accusé. Faisant double violence à la victime. Il n'y a pas de justice sans vérité. Et donc sans ce travail patient qui permet d'accéder à la vérité.
Que chacun se demande ce qu'il sait du FMI (Fond Monétaire International dont il est le directeur) ou de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Et il verra qu'il ne sait pas grand chose de ce qui mène le monde aujourd'hui et qui détraque les équilibres naturels, et délite l'intégrité de l'homme. Les trois quart des gens sont ignares à ce sujet, car ils ne prennent pas le temps, et n'ont peut-être pas le désir, d'entrer dans la connaissance du Système qui régit leur vie. Et auquel ils participent, dès lors qu'ils laissent faire. Il y a aujourd'hui dans cette méconnaissance, quelque chose qui est de l'ordre de la lâcheté. On laisse tomber. Pourtant certains d’entre nous travaillent à nous informer. Mais on ne veut pas savoir. Il y a les petites et les grandes lâchetés. Chacun a son niveau de responsabilité. Cela fait toujours bizarre de voir les gens se manifester lors d'un scandale, alors qu'ils ont laissé faire le Système qui est en amont.
L'affaire DSK n'est pas qu'une affaire de personne. Mais d'un Système qui a instauré la "dérèglementation", à toutes fins d'opérer librement (disons ultra libéralement) son emprise sur le monde. Son viol colonialiste du ventre de la terre pour lui extorquer ses ressources et la pourrir en retour de ces saloperies de déjections polluantes de nos sociétés de consommation, pesticides, déchets nucléaires et autres. Car pour assouvir sa prétention à être le Maître du monde (telle est l’ambition mégalomaniaque !) … il fallait opérer le démantèlement de toutes les limites. Dans tous les domaines. La facture de ce qu’il nous faut démasquer comme étant le plus grand hold-up de tous les siècles (en guise d'Èconomie !) le Système, par l'intermédiaire du FMI, le fait payer à tous les peuples de la terre. Et au delà, aux espèces animales, végétales, minérales. En un mot à tout ce qui vit sur terre. Les grands se vautrent dans l'orgie du fric qu'ils ramassent à la roulette du Grand Casino de la Bourse, où se font et se défont les destins des hommes, entre les mains de ces Ogres que sont les Multinationales qui dévorent les petits ... tandis que les survivants sont sommés de se serrer la ceinture. Sacrifiés qu’ils sont sur l’autel de ce Dieu qu'ils appellent "La Croissance" qui n'est autre que celle de leur cupidité qui n’en finit pas de creuser un gouffre sans fond. Si nous étions plus nombreux à en être conscients, la douleur partagée de cette conscience serait moins lourde à porter. De ce fait nous serions forts de notre solidarité. Et d'un matériau plus résistant. Car la conscience et la résistance vont de pairs!
DSK comme on l'appelle (étrangement réduit à ce sigle comme un pion auquel on a volé le Nom et jusqu’à la Personne, au sens de ce mot d’origine étrusque qui signifie l’âme) … DSK, donc, est tout à la fois le représentant de ce Système détraqué et sa victime, dès lors que ce jeu là qu'il préside (en tant que directeur du FMI) désintègre l'homme. Lui fait perdre son intégrité. Sa problématique personnelle concernant la pulsion, cette pulsion aveugle qui le déborde et l'emporte dans un flot qui détruit tout sur son passage ... est en miroir du Système qui aujourd'hui mène le monde.
Raison pour laquelle il s'agit de faire la part des choses. La part de ce qui appartient à l'homme Dominique Strauss Khan, à sa problématique personnelle … et la part de ce qui, à travers lui, fait signe du Système qu'il représente. Ou plutôt de ces deux Systèmes, qui, en lui, se rejoignent et se confondent. Car le directeur du FMI n’était-il pas le candidat présumé du Parti socialiste aux élections présidentielles de 2012 ? Il y a dans cette paradoxalité de quoi péter les plombs ! C’est ce qui lui est arrivé. La catastrophe avec son impact sidérant révèle brutalement l’imposture des partis dits « socialistes » (au sein de l’Europe) qui ont composé avec le Système au lieu de refuser de manger de ce pain là. Ce qui leur aurait permis de travailler au démontage de cette machine infernale et donc d’être clairvoyants sur les catastrophes à venir. Oeuvrant dans le sens d’une éducation populaire. Je dis bien d’une éducation et non d’une manipulation, d’une séduction pour obtenir à tout prix des voix. Que reste-t-il aujourd’hui du "socius" qui est à la racine du mot « socialiste » et qui veut dire "compagnon" ("celui avec lequel je partage le pain") dans un monde qui a érigé la « concurrence » non dans le registre de l’émulation fraternelle (qui est de « bonne guerre ») mais dans celui du fratricide. DSK devenant le président du FMI, comment les socialistes ont-ils pu continuer à le reconnaître comme étant des leurs? Comment est-il pensable que le parti n’ait pas signifié l’incompatibilité des orientations ? Espérons que cet événement lui permettra de réaliser qu’il a perdu le sens de sa mission, et ceci depuis longtemps. Passage obligé d’une prise de conscience douloureuse, mais réparatrice, pour qu’il puisse éventuellement redresser la barre.
Ces derniers temps, en l’espace de trois mois, des évènements traumatiques ont martelé l'actualité : Fukushima et la contamination nucléaire, ce mal invisible qui tue à l'arme blanche et ne connaît ni la limite du temps ni celle de l'espace. "La liquidation" de Ben Laden par une Amérique dont la Loi s’avère sous le signe de « l'Oeil pour Œil, Dent pour Dent ». Mais aussi sous le signe du "bouc émissaire" dont la fonction est d’incarner et de masquer, tel un leurre, ce Mal absolu qu'est la Main invisible du Marché, qui, aujourd’hui, est la Grande faucheuse de la Vie sur terre. "World Trade Center" les deux tours érigées dans le ciel de New-York, affichaient à la face du monde, la prétention des Ètats-Unis à être le Centre du Commerce International. En réalité, le centre d’une pieuvre qui étendrait ses tentacules jusques dans les atomes de la matière vivante. Car il était dit que rien ne devrait échapper à l’emprise du Système mis en place. Cet impérialisme arrogant, revendiqué comme tel, aura été (et est toujours) une provocation de l’Occident, qui est à la source du terrorisme. Rappelons au passage que les pays Européens auront largement contribué à cette tournure des choses aux États Unis par la fabrication de leurs propres empires coloniaux, au mépris (voir à l’extermination) des peuples colonisés et de leurs cultures.
L'Affaire DSK, comme l'affaire Ben Laden, comme Fukushima, cette catastrophe qui semble loin de nous et que l’on a déjà presque oubliée (une catastrophe chassant une autre) risque à nouveau de servir à objectiver le MAL sur une cible tellement évidente qu’elle nous crève les yeux. Et ce faisant … nous aveugle ! Avec pour effet de nous interdire l’accès à la connaissance (qui est toujours une traversée des apparences) … concernant les racines invisibles du Mal qui préside au Système et dont ces évènements ne sont que des retours en boomerang. Il nous faut donc nous déprendre de cet effet de sidération, pour être (un jour, peut-être !) en mesure d’ouvrir un autre Procès à l’encontre d’un Système qui opère une autre forme de Viol. En colonisant les esprits, en jouant sur les fantasmes les plus archaïques, en tirant les ficelles des émotions, en faisant consommer des jouissances perverses, en se donnant le droit de falsifier la réalité. Viol perpétré tous les jours. En toute légalité. Au nom du progrès. Naomi Klein dans son ouvrage intitulé <La stratégie du Choc> nous avertissait de l'usage pervers qui serait fait des états de chocs dans lesquels allaient se trouver les populations (résultants du Système mis en place) La perversion étant dans le fait de tirer profit de l’état de sidération (et de fascination) qui rend alors impossible toute pensée critique de manière à occuper le terrain jusques dans les cerveaux. Zoélarche
PS : Pour entrer dans la connaissance du Système, je conseille la lecture d’un livre excellent <OMC le pouvoir invisible> d’Agnès Bertrand et Laurence Kalafatidès - Chez Fayard