Les morceaux du corps social démantelé hurlent au sol. Appel à une réunification
(Texte écrit Mardi 3 Mai 2011, en réponse à la pétition des CMPP –centres médico psycho pédagogiques – auxquels le gouvernement est en train de supprimer les postes d’enseignants spécialisés dans l’accompagnement des enfants en difficultés psychiques. Pétition que j’ai signée comme la plupart de celles que nous recevons tous les jours …)
Ils s’acharnent à tout démanteler. Parce que la vie est dans le lien. Entendons la vie psychique l’âme, l’esprit. Et qu’il leur faut exterminer jusqu’au dernier regard d’enfant, celui là qui sait de façon animale faire la différence entre qui est du côté de la vie et ce qui est mortifère.
Les morceaux du corps social démantelé hurlent au sol. Chacun ne sent sa douleur que lorsqu’il est touché directement par l’amputation. Jusques là l’on ne réalisait pas vraiment que la souffrance des autres secteurs … nous concernait tout autant ! C’est peut-être cela qui est la chose la plus triste. Cette difficulté à vivre le meurtre de l’Autre, perpétré sous nos yeux, comme quelque chose qui nous atteint dans notre propre chair. Comment peux-t-on être témoin sans être partie prenante ? Ne sommes nous pas alors dans le cas de figure de « non assistance à personne en danger » ? Pourtant c’est dans cette présence à ce qui se joue, non pas seulement en direct pour moi, mais, là, sous mes yeux, cette barbarie dont l’autre fait l’objet, que s’ouvre en moi, l’intelligence, la clairvoyance, de ce qui va m’arriver à moi aussi. D’un instant à l’autre, les hommes masqués frapperont à ma porte. Ils ne m’épargneront que si je reste en retrait. Si je garde le silence. Si je collabore. Quitte à me liquider plus tard, en tant que témoin gênant.
Quand vous rendrez-vous à la réalité, messieurs et mesdames les spécialistes de la réalité psychique ? Nous sommes noyés dans la pulsion de mort qui agit sans ambivalence. De la pure pulsion de mort. Depuis combien de temps sévit cette entreprise d’extermination de tout ce qui résiste à la « pulsion d’emprise » de l’homme, qui s’est mis à détester ce qui lui échappe, ce sur quoi il n’a pas de contrôle ? À savoir la Vie. Et précisément la vie psychique. Le souffle qui anime la matière. Cette partie insaisissable qui ne peut être possédée, seulement niée, éliminée. Tuée dans l’œuf. Quand accepterons nous de voir en face ce qui se passe dans tous les secteurs de la vie. Quand prendrons nous la mesure de l’ampleur des dégâts ? C’est le massacre des Saints Innocents, ordonné par le Roi Hérode qui ne fait que changer de masque au fil du temps. L’homme moderne ne supporte pas que la roue tourne (selon la Loi de la Vie) et que les enfants deviennent à leur tour des hommes et des femmes qui tiendront les places que les grands avaient tenues jusques là pour eux. Alors le massacre a été ordonné partout : l’enfant est de trop. Il empêche les femmes de vivre leur vie de femme (cf E. Badinter). Il coûte cher à l’éducation nationale (c’est plus rentable de vendre des armes au tyran du coin, ou des usines nucléaires). On déshabille tout l’encadrement dont les petits ont besoin pour grandir, développer leurs ressources, avoir confiance en eux … tandis que dans le même temps l’argent qui devait être mis au service de leur croissance, va payer la facture de l’inconscience des grands. Un milliard 500 mille euros : c’est la somme évaluée par l’Ukraine, qui demande aux Ètats de mettre la main à la poche, pour la fabrication d’un sarcophage au réacteur N4 de Tchernobyl qui doublera le premier, déficient. Gouffre sans fond de l’inconscience où nous sombrons. L’infanticide est perpétré sous nos yeux, et pas seulement dans les CMP ou CMPP, mais dans le noyau même du développement de l’enfant. Faisant voler en éclats son territoire. Son territoire à lui. L’enfance. Brisant cette alliance naturelle qu’il a avec la Vie.
Ce sont les mêmes racines du mal qui agissent sous des masques différents. Ma plus grande tristesse aujourd’hui est que nous soyons si peu nombreux à percevoir les signes avant coureurs de la barbarie montante. Que dis-je ? De la barbarie ambiante ! Pourtant, combien de lanceurs d’alertes auront fait leur travail ! Ils sont nombreux qui ont été raillés, traités de Cassandre. Pauvre Cassandre qui avait pourtant été clairvoyante. Bien que la suite de l’histoire, avec le saque de la ville de Troie, lui ait donné raison, on continue à dire « ne fais pas ta cassandre ! ». Que l’homme est bête lorsqu’il s’est coupé de cette source animale de l’intelligence qui est intuitive. Préconsciente. Déconnecté qu’il est alors, de cette source de la connaissance en lui, qui puise ses racines dans l’inconscient. On y a accès par son oreille interne. Celle qui écoute ce qui vient des profondeurs. Car il est comme un puits qui attend que l’on y puise nos prises de conscience.
J’appelle à ce que ces morceaux de notre corps social démembré … se lèvent et travaillent à se remettre ensemble. Pour œuvrer à la même tâche. À savoir la construction de digues pour toute butée à ce Tsunami dévastateur qui résulte du démantèlement de toutes les limites, de la dérèglementation érigée en Loi du Marché, et de ses effets de contamination (invisible) de l’âme. Je veux parler du travail à faire dans le sens de la Loi et des Interdits, que l’on disait « fondateurs des sociétés humaines ». Interdit du meurtre, de l’inceste, du viol, de la mise en pièce de l’autre, de sa vampirisation, de la colonisation de son monde intérieur etc.. Interdits dont la seule jouissance aujourd’hui est de les consommer sous des masques divers. Arrimés à la Loi qui préside à la Vie, cette Loi qui nous transcende (comme Ulysse au mat de son navire) nous pourrons alors créer un « tribunal citoyen international ». Et œuvrer à un élargissement du concept de « crime contre l’humanité ». Car ce sont les processus même d’accès à l’humanité qui sont détraqués ! Ce sera alors « Au nom de la Loi » perdue et retrouvée, que nous pourrons déclarer illégitimes les décisions qui sont prises aujourd’hui pour interdire la Vie. Cette source qui nous est donnée, qui circule à travers nous et que nous devons transmettre, sous peine de transmettre la mort. Ce qui est déjà le cas, avec, pour tout héritage à notre descendance, ces sarcophages de déchets nucléaires enfouis dans le ventre dans la terre, comme un secret honteux. La vie reprendra ses droits sur la butée d’un STOP prononcé et mis en œuvre ensemble. Zoélarche
Billet de blog 20 mai 2011
Les morceaux du corps social démantelés hurlent au sol. Appel à une réunification.
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