Je m'exprime très rarement, mais l'exécution du jeune Nahel, qui est la iénième d'une très longue histoire du racisme institutionnel et systémique
français, réveille en moi beaucoup d'amertume. Cela fait de longues années que j'alerte sur la relégation toujours plus inacceptable des Français d'origine non-européenne dans des quartiers ghettoïsés ou d'outre-mer, de plus en plus éloignés des services publics et de la considération nationale. Les gouvernements successifs depuis Giscard d'Estaing, et surtout depuis Sarkozy, n'ont fait que renforcer cette isolation, à coup de lois toujours plus répressives et d'une police toujours plus brutale, loin des yeux chastes de la bourgeoisie qui ne saurait la voir, de la droite comme de la gauche dite "de gouvernement". J'ai pu me tenir à distance des supplétifs à qui la "gestion de la diversité française" avait été déléguée, surtout par les gouvernements socialistes (les autres ne faisaient même pas l'effort, "identité nationale et immigration" obligent), parce que je travaillais sur ce sujet depuis l'ambassade états-unienne. Cette dernière, sans doute trop heureuse de voir la paille dans l'œil de son alliée française, a eu confiance en mon analyse sur l'origine coloniale de cette situation inacceptable et m'a laissé la bride sur le cou pendant quelques années. J'en ai profité. Nous nous rapprochons d'une prise de conscience nationale de cette situation, car elle nous explose au visage, tout en révélant la nature fascisante de ce gouvernement. Comment faire quand on ne veut pas comprendre, quand on ne peut expliquer, au risque d'excuser ? "On" criminalise les mouvements sociaux, et "on" réprime toujours plus. Les États-Unis l'ont largement fait, bien avant nous. Ils connaissent l'affaire. La plupart des personnes que j'ai côtoyées toutes ces années (à part les premières concernées) m'ont confondue avec l'institution pour laquelle je travaillais : je n'était qu'une libérale bon teint, à l'origine floue, incapable d'une analyse politique et historique de cette situation, juste bonne à une approche compassionnelle classique, certes gentille et un peu originale. Elles ont pensé que c'était la politique d'influence des Américains vis-à-vis des musulmans. Ce qui est vrai .
"On" accuse les média sociaux, qui sont les seuls à aider cette jeunesse populaire à respirer un peu. Aujourd'hui, nous sommes devant la béance de ce "problème (bien français) des quartiers dit "sensibles". Voilà, ça explose partout. Bienvenue dans la France d'aujourd'hui.
PS: "on", pronom généralement imbécile qui qualifie celui ou celle qui l'emploie. "On" qualifie ici les différentes institutions, administrations, orgas et média.
PS 2: je n'aurais jamais pu travailler comme je l'ai fait au sein des institutions françaises