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Zoubida Berrahou

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Billet de blog 13 juillet 2025

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J’avais 16 ans pendant Live Aid. Et aujourd’hui, je pense à Gaza.

Je ne veux pas qu’à 16 ans, on apprenne la résignation. Je ne veux pas qu’on pense que le monde s’est habitué à l’injustice.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

J’avais 16 ans en 1985.
L’âge des promesses. L’âge où tout semble encore possible.
Je me souviens d’avoir regardé Live Aid les yeux grands ouverts.
Il y avait des stars sur scène, oui — mais ce n’est pas ce qui m’a marqué.
Ce que j’ai ressenti, c’était autre chose :
le monde qui se tendait la main, pour une fois.
Une émotion collective. Une vague.
Et dans cette vague, j’ai trouvé une forme d’espérance.
Je me suis dit :
on peut s’unir quand il le faut.
On peut faire mieux que regarder.

Je crois que cet instant a fait de moi une personne optimiste.
Pas naïve — optimiste malgré tout.
Parce que je l’avais vu : la musique, les voix, la solidarité peuvent soulever quelque chose.


Et puis le temps a passé.
J’ai vu d’autres drames, d’autres silences.
Mais Gaza… Gaza m’arrache quelque chose que je n’arrive pas à nommer.
Peut-être parce que ce n’est pas une guerre.
C’est une lente noyade, et les cris n’arrivent plus jusqu’à nous.

Je pense à ceux qui ont 16 ans aujourd’hui.
À Gaza.
Ou ailleurs.
Ceux qui grandissent dans les images qu’on ne montre plus.
Et je me demande ce qu’ils apprendront du monde.

Moi, à 16 ans, j’ai cru en l’élan des autres.
Eux, que leur restera-t-il ?
Le silence ? L’abandon ?
La rage ?


Je ne suis pas certaine que la musique suffirait.
Mais je sais qu’elle peut être une étincelle.
Un souffle d’air, même fragile.
Un geste vers eux.
Et parfois, un geste peut changer la mémoire d’une génération.


Je ne veux pas qu’à 16 ans, on apprenne la résignation.
Je ne veux pas qu’on pense que le monde s’est habitué à l’injustice.

Je veux croire qu’on peut encore tendre la main, comme en 1985.
Même si c’est plus dur. Même si c’est plus tard. Même si c’est Gaza.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.