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Un soir d’éternité, dans une grande bibliothèque où les siècles se croisent, Voltaire croisa Hannah Arendt. Entre eux, un vieil homme scrutait le ciel à travers une lunette : c’était Galilée.
Voltaire (avec un sourire caustique) :
— Voilà l’homme qui osa défier Rome. Pour avoir dit que la Terre tourne, il fut réduit au silence. C’est bien là ce que j’ai toujours soutenu : il est dangereux d’avoir raison quand des hommes accrédités ont tort.
Arendt (calme, lumineuse) :
— Oui, il a souffert, mais la vérité qu’il portait ne dépendait pas de lui. Elle existait déjà. Le pouvoir de la vérité est qu’elle existe indépendamment de celui qui la dit.
Voltaire :
— Ainsi, même bâillonné, Galilée ne fut pas vaincu : les astres se moquent des tribunaux.
Arendt :
— Le pouvoir se corrompt, l’autorité chancelle, les dogmes tombent. Mais la vérité persiste. Elle n’a pas besoin d’être reconnue pour être réelle.
Galilée se redressa et murmura :
— J’ai payé le prix de la vérité, mais elle ne m’appartenait pas. J’étais son messager. Elle était mon éternelle compagne.
À ce moment, une carte du monde se déploya devant eux. Des frontières s’agitaient, certaines se redessinaient avec violence. Voltaire fronça les sourcils.
Voltaire :
— Voilà une autre vérité qu’on tente de nier : depuis 1948, on s’acharne à effacer la Palestine. Dire son nom est devenu un danger, comme autrefois dire que la Terre tourne.
Arendt (gravement) :
— Et pourtant, si cette lutte dure, c’est parce que la Palestine existe. Elle ne disparaît pas parce qu’on la nie. Comme la Terre, elle continue de tourner, indifférente aux censures.
Galilée (levant son doigt vers le ciel) :
— On m’a fait taire, mais on n’a pas arrêté les étoiles. De même, on peut retarder la reconnaissance d’un peuple, mais on ne peut abolir son existence.
Alors, la carte se stabilisa. Au milieu des ténèbres, le mot Palestine apparut, clair et obstiné, tel un astre qui refuse de s’éteindre.
Morale de la fable :
Les puissants peuvent nier, effacer, falsifier. Mais ce qui est vrai finit toujours par se lever, comme la Terre au matin.