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« Va, vis et deviens »
Oui, bien sûr. Une injonction biblique très en vogue dans les brunchs ésotérico-progressistes, et dont le message subliminal pourrait se résumer à : « Cours, Forrest, cours, mais version Talmud ». On te dit de partir, de vivre ta best life, et de devenir, si possible, une success story divine avec un petit accent hébreu. Bref : tu quittes ta maison, tu squattes chez l’habitant, tu ouvres un compte en banque spirituel et tu deviens patriarche à ton tour.
Derrière cette trilogie en apparence lumineuse se cache un modèle de colonisation digne d’un manuel de stratégie géopolitique biblique : pars d’un point A (où tu vis peinard), va vers un point B (où quelqu’un vit déjà), vis malgré tout (malgré eux), et deviens maître des lieux par la magie du récit fondateur.
Ainsi, le “Va, vis et deviens” d’Abraham ressemble furieusement au manuel d’instruction de la politique israélienne en Palestine :
1. Va : quitte ton exil européen ou ailleurs, avec un visa moral estampillé Shoah.
2. Vis : installe-toi sur un bout de terrain désert ou cultivé (qu’importe, l’important, c’est le droit au retour), plante ton drapeau, chante l’hymne, et demande la Wi-Fi.
3. Deviens : deviens une nation forte, démocratique (sauf pour les voisins), armée (merci l’Occident), et débarrassée progressivement des « éléments gênants » — ceux qu’on appelle autrefois hôtes, aujourd’hui terroristes.
Parce qu’au fond, c’est une méthode simple et éprouvée :
Tu empruntes un petit bout de terre, tu colonises le reste petit à petit, et quand tout est bien quadrillé, tu extermines tes hôtes pour en faire ton pays.
Et on appelle ça une démocratie. La seule du Moyen-Orient.