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On parle beaucoup des accords de 68 ces jours-ci.
Pas ceux où Daniel Cohn-Bendit lançait des pavés, non. Pas ceux où la France se découvrait libre, nue et joyeuse sur les bancs de la Sorbonne.
Non, les autres accords de 68 : ceux signés entre la France et l’Algérie, sans fleurs, sans slogans, sans guitare. Des accords administratifs, bien repassés, pour savoir combien de temps un Algérien pouvait rester en France avant de devenir, disons, suspect.
Et voilà que le RN veut les rouvrir.
Rouvrir quoi, au juste ? Les frontières, non. Les esprits, encore moins. Mais les plaies, oui — celles qui datent d’avant même 68. Celles de 1830, pour être précis.
On se dit qu’en France, a toujours eu deux mai 68 :
• celui de la liberté, de l’amour et du désir de tout réinventer ;
• et celui du contrôle, des papiers et des guichets.
Le premier criait : “Sous les pavés, la plage !”
Le second murmurait : “Sous les accords, la préfecture.”
Alors que la jeunesse française s’émancipait du patriarcat, l’État, lui, signait un contrat de tutelle avec son ex-colonie. On se libérait des pères, sauf de celui qu’on appelait encore “le partenaire privilégié”.
Et maintenant, voilà que le RN revient, tout excité à l’idée de “renégocier” 68. On ne sait pas s’il parle de celui des pavés ou des visas.
Peut-être que Marine Le Pen rêve d’une France sans accords, sans Algériens, et sans souvenirs ?
Ou alors, tout simplement, d’une France où Mai 68 n’a jamais eu lieu , une France bien coiffée , bien cadrée, où on ne fait pas l’amour sur les barricades mais les comptes à l’Assemblée.
Bref, le RN voudrait effacer les accords de 68 , ceux avec l’Algérie mais, entre nous, ça fait longtemps qu’il essaie d’effacer les autres aussi.