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Préambule : Le silence complice et la tyrannie du capital
Gaza brûle sous nos yeux, en direct. Un peuple est effacé, pierre après pierre, corps après corps. Et si ce drame n’était pas un accident tragique, mais le symptôme ultime d’un système où la vie humaine vaut selon sa rentabilité ?
Derrière chaque bombe, il y a un bilan comptable. Les États qui prêchent les droits humains alimentent Israël en armes, technologies et flux financiers. Israël devient un laboratoire du capitalisme sécuritaire : drones, murs intelligents, algorithmes prédictifs… tout testé sur des vies palestiniennes avant d’être vendu. Naomi Klein l’avait vu :
« Les zones de désastre sont des terrains d’essai pour les futurs profits. »
Au cœur de cette logique, la finance mondiale : BlackRock, Vanguard, State Street. Ces fonds gèrent plus de 25 000 milliards de dollars d’actifs. Ils possèdent des parts dans Lockheed Martin, Northrop Grumman, Elbit Systems, mais aussi dans Apple, McDonald’s, Starbucks, Airbnb, Spotify – les marques que nous consommons chaque jour.
Chaque café chez Starbucks, chaque iPhone acheté, chaque nuit réservée via Airbnb, chaque abonnement à Spotify nous relie – malgré nous – à ces fonds. Nos loisirs, nos repas rapides, nos musiques préférées nourrissent la machine de guerre.
Le pire ? Cette logique a colonisé le langage. On parle de « frappes ciblées » comme de « marchés volatils », de « pertes collatérales » comme de « pertes acceptables ». Les médias rationalisent l’horreur et vendent la guerre sous cellophane.
1. Le paradoxe qui nous enferme
Nous vivons dans une contradiction brutale : notre confort moderne – smartphones, vaccins, intelligence artificielle – repose sur un système qui écrase des peuples. Refuser ce système semble impossible : il structure nos vies, nos emplois, nos hôpitaux.
L’accepter, c’est devenir complice. Voilà notre piège moral.
2. Gaza : un business model
Gaza n’est pas seulement une tragédie humanitaire, c’est un laboratoire. Les drones israéliens ? Testés sur place avant d’être exportés. Les systèmes de surveillance ? Rodés sur une population enfermée, puis vendus aux polices du monde entier.
Les chiffres confirment cette logique :
- Northrop Grumman : ventes internationales +18 % en 2025, dopées par la demande militaire.
- Elbit Systems : commandes record, +27 % de ventes de drones en 2024 (Reuters).
- Lockheed Martin : ventes stables (18,2 Md $).
Ces flux nourrissent BlackRock, Vanguard, State Street, gestionnaires des retraites et investisseurs majeurs dans l’armement.
La guerre et la finance sont les deux faces d’une même pièce.
3. Le capitalisme : miroir de l’humain
Le capitalisme n’est pas un monstre extérieur : il est invention humaine , à notre image – capable du meilleur et du pire. Sans lui, aurions-nous Internet, la médecine de pointe, les vaccins ? Probablement pas.
Mais derrière chaque progrès se cache une violence :
- Un enfant dans une mine de cobalt,
- Une famille ensevelie sous des bombes,
- Une planète saignée pour alimenter nos écrans.
Et pourtant, dans son cynisme, le capitalisme est généreux : il libère les énergies créatrices pour plus de profits et d’inventions. Il a donné naissance à des révolutions scientifiques et technologiques, tout en formant des élites critiques capables de le contester.
En ce sens, le capitalisme est la matrice de la modernité humaine : il a été la genèse de la prospérité, mais aussi de la conscience critique qui pourrait l’abattre.
4. Relire le capitalisme comme une Écriture
Pourquoi le capitalisme est-il devenu intouchable, presque sacré ? Ses défenseurs l’érigent en dogme : « Il n’y a pas d’alternative ».
Pourtant, comme les Écritures, il faut le relire.
Car il faut l’admettre : le capitalisme est un acte fondateur de la prospérité économique, tout comme la religion fut jadis un acte fondateur d’ordre dans des sociétés livrées au chaos. L’un et l’autre appartiennent à l’histoire humaine. Ils ont apporté structure et sens, mais aussi oppression et violence.
Cessons de le sacraliser. Cessons aussi de le diaboliser sans nuance. Relire, critiquer, transformer : voilà la seule voie pour éviter sa permanence aveugle.
5. L’illusion des alternatives
« Sortons de l’Occident, allons vers Moscou ou Pékin », disent certains. Mais que proposent-ils ?
- La Russie : un capitalisme d’oligarques.
- La Chine : un capitalisme d’État, techno-surveillant.
- L’Iran, la Turquie ? Elles singent l’Occident avec les mêmes leviers : finance, spéculation, industrie d’armement.
Aucune n’a inventé un modèle alternatif. Elles utilisent la même matrice capitaliste, sans les libertés.
Et n’oublions pas : ceux qui rêvent d’abattre le capitalisme oublient qu’ils ont appris à manifester, à revendiquer, grâce à lui, pas sous les régimes socialistes qui ont engendré famine et massacres : Staline, Mao, Pol Pot.
6. Un ordre mondial figé : le logiciel du XXᵉ siècle
Pourquoi ce piège perdure ? Parce que nous vivons sous un logiciel vieux de 80 ans :
- Bretton Woods (1944) a fait du dollar la monnaie-monde (80 % des transactions).
- L’ONU, paralysée par le veto, gèle toute réforme.
- L’OTAN reste le bras armé d’un ordre écrit à Washington.
Ce système, conçu pour la Guerre froide, n’a jamais été réécrit. Résultat : des bugs meurtriers – Gaza, Ukraine, famine au Sahel, chaos climatique.
7. Citoyens contre la dictature médiatique
Pourtant, un espoir demeure : le pouvoir citoyen. Celui qui refuse la dictature des médias complices, qui déconstruit la propagande raciste et religieuse destinée à opposer les peuples.
Car pendant que les élites monétisent nos colères et fabriquent des ennemis imaginaires, nous pouvons choisir une autre logique : celle de la solidarité transnationale, de la conscience partagée.
Si les citoyens brisent les récits qui nous enferment, s’ils reprennent la parole, s’ils refusent le marché des identités, alors une brèche s’ouvre dans le logiciel.
Réécrire le code ne viendra pas des États, mais des peuples.
Si nous ne reprenons pas le pouvoir sur nos imaginaires, le système continuera à écrire notre histoire en ruines.
Mais si nous le faisons, il écrira un mot nouveau :
HUMANITE