Le Petit Chaparton rouge et la Louve

Il était une fois un Petit Chaparton rouge.
Ce n’était pas une fillette, mais une petite bonnette,
Rouge comme la vérité qu’elle voulait transmettre.
Elle avançait dans la grande forêt médiatique
Pour apporter son panier de nouvelles fraîches
À sa grand-mère, la Démocratie.

Sur son chemin, elle croisa la Louve.
La Louve était belle, parfumée de chansons,
Le pas léger, la voix douce,
Mais dans ses yeux brillait la faim des puissants.

— Bonjour, Petit Chaparton rouge,
Où cours-tu donc si naïf ?
— Je vais porter la vérité à ma grand-mère, la Démocratie,
Pour qu’elle reste en vie.
— Quelle noble mission, dit la Louve en souriant.
Mais que tu as de grands micros !
— C’est pour mieux capter vos paroles, Louve.
— Et que tu as de grands yeux !
— C’est pour mieux voir vos artifices.
— Et que tu as de grands mots !
— C’est pour mieux défendre les citoyens.

Alors la Louve s’approcha,
Fit mine de caresser l’objet,
Et d’un geste gracieux le fit choir à terre.

— Et que j’ai de grandes dents…
C’est pour mieux te faire taire, Petit Chaparton rouge !

Mais déjà, la vérité s’était glissée hors de ses griffes.
Car même tombé au sol,
Le Petit Chaparton rouge avait accompli sa mission :
La Démocratie, loin d’être dévorée,
Avait entendu.

Morale :
On peut séduire par des sourires,
On peut briser un outil,
Mais la vérité, une fois lâchée,
Ne se laisse plus bâillonner.