Justice pour Nicinha, militante assassinée !
La police scientifique de l’état de Rondônia vient de confirmer que le corps trouvé il y a six mois
dans le lac du barrage de l’Usine Hydro-électrique de Jirau est celui de la militante du MAB.
Ce mardi 13 décembre, la police scientifique (Politec) de l’état de Rondônia a publié le résultat de l’examen de l’ADN qui confirme l’assassinat de Nilce de Souza Magalhães, plus connue sous le nom de Nicinha. Sa famille et les membres du Mouvement des personnes victimes des barrages (MAB) préparent un hommage et une action politique en mémoire de la pêcheuse victime de l’usine hydro-électrique (UHE) de Jirau.
La militante du MAB a disparu le 7 janvier, à Porto Velho (Rondônia), et son corps a été retrouvé cinq mois plus tard, le 21 juin, à 400 mètres à peine de son ancienne maison, dans le campement de pêcheurs situé sur la rivière Mutum. Le squelette avait les mains et les pieds attachés à une pierre au fond du lac de retenue de l’UHE Jirau.
Dès ce moment, les filles de Nicinha avaient reconnu la montre, le bas du bikini et un bermuda trouvés avec le squelette de leur mère. Cependant la remise du corps à la famille était suspendue à la confirmation par l’examen de l’ADN, qui devait être fait par le Secrétariat à la Sécurité de l’état voisin de Mato Grosso, du fait de l’absence d’un tel service dans l’état de Rondônia[1].
La famille et les amis ont attendu la remise du corps pour préparer la cérémonie des obsèques, qui aura lieu à Porto Velho (Rondônia).
Une militante
Nicinha s’était fait connaître dans la région pour sa lutte de défense des populations victimes des barrages et pour la dénonciation des violations des droits humains commis par le consortium Energia Sustentável do Brasil (ESBR)[2], responsable de l’UHE Jirau. Fille de seringueiros[3] venus de l’état d’Acre pour s’installer à Abunã (Porto Velho) dans l’état de Rondônia, où elle vivait depuis bientôt cinquante ans, elle fut contrainte comme d’autres pêcheurs à déménager à « Velho Mutum Paraná » . À cet endroit, il n’y avait aucun accès à l’eau potable ni à l’énergie électrique.
Devenue dirigeante du mouvement, elle a pris part à de multiples dénonciations ces dernières années, participant à des audiences et des manifestations publiques, lors desquelles elle a mis en évidence la gravité des dégâts subis par l’activité de la pêche dans la rivière Madeira. Ces dénonciations ont été à l’origine de deux enquêtes civiles en cours, de la part des Ministères Publics de la fédération et de l’état sur la non réalisation du Programme de Soutien à l’Activité de Pêche, et une autre, au pénal, sur les manipulations des données dans les rapports sur la mise en œuvre de ce programme.
Enquête criminelle
Le procès en assises (Tribunal do Júri Popular) des deux auteurs présumés de l’assassinat de Nicinha, Edione Pessoa da Silva et Leonardo Batista da Silva, devait se tenir mercredi dernier (7 décembre), exactement 6 mois après la date de la disparition de Nicinha.
Cependant, le procès a été ajourné à la demande de la défense, pour une question de délai de procédure, une pièce ayant été annexée au dossier en dehors des délais.
Les membres du MAB exigent le châtiment de tous ceux qui portent la responsabilité de cet assassinat, en plus d’une enquête exhaustive sur les tenants et aboutissants du crime.
source : http://www.mabnacional.org.br/noticia/ludma-e-ndia-militantes-do-mab-rond-nia-s-homenageadas-no-rio-janeiro-0
[1] Rondônia est un des plus petits états du Brésil, situé à la frontière de la Bolivie.
[2] L’ESBR a pour actionnaire principal (40% du capital) la société ENGIE, ex GDF-Suez, qui se définit comme « acteur mondial de l’énergie, présent dans plus de 70 pays »… dont l’état français est le plus gros actionnaire, à 32,67 %, plus d’autres investisseurs institutionnels.
[3] Ouvriers saigneurs d’hévéa.