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Billet de blog 23 septembre 2025

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500 € de loyer acceptés, 500 € de crédit refusés : trop vieux pour les banques

Depuis 9 ans, nous payons un loyer de 500 €. Notre propriétaire accepte de nous vendre pour 85 000 €. La mensualité de crédit serait plus basse que notre loyer. Pourtant, les banques nous ferment leurs portes. Notre tort : avoir plus de 50 ans et ne pas disposer de 8 500 € d’épargne.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis neuf ans, ma compagne (53 ans) et moi (56 ans) habitons la même maison. Locataires réguliers, nous avons toujours payé notre loyer sans retard, environ 500 € par mois. Notre propriétaire, avec lequel nous entretenons une relation de confiance, nous a récemment proposé de nous vendre ce logement pour la somme de 85 000 €, un prix raisonnable.

Avec un emprunt sur 18 ans, la mensualité du crédit aurait été inférieure à notre loyer actuel. Nous avons cru naïvement que ce serait une simple formalité. Ma compagne est en CDI à l’Éducation nationale, je suis technicien intermittent du spectacle depuis trente-cinq ans sans interruption ni radiation. Nous pensions que notre stabilité professionnelle et notre historique de paiements suffiraient à convaincre les banques.

Mais la réponse a été un refus, répété, systématique. Notre tort ? Avoir plus de cinquante ans et ne pas disposer de 8 500 € d’épargne. Autrement dit, deux critères qui n’empêchent pourtant pas de payer un loyer depuis près d’une décennie, mais qui bloquent l’accès à un crédit dont la mensualité serait… plus faible que ce loyer.

Ce n’est pas seulement une déception personnelle, c’est un non-sens collectif. Aujourd’hui, de nombreux couples se forment après 45 ans, avec un passé et souvent un passif. Ces vies recomposées, faites de parcours multiples, sont la réalité de beaucoup de Français. Pourtant, le système bancaire continue de raisonner comme si la norme était un couple de 25 ans, épargnant ensemble depuis l’entrée dans la vie active.

Comment justifier qu’un ménage jugé solvable par un propriétaire pendant des années soit considéré comme insolvable par une banque, alors même que la mensualité demandée serait plus légère ? Ce paradoxe révèle une contradiction criante dans le système bancaire actuel. Il illustre l’impasse dans laquelle se trouvent de nombreux ménages modestes ou simplement « pas dans les bonnes cases » : trop âgés, pas assez d’épargne, métiers atypiques. Pourtant, ces ménages ont prouvé par les faits, mois après mois, qu’ils pouvaient assumer la charge demandée.

Combien de familles restent prisonnières de la location alors qu’elles pourraient devenir propriétaires pour un coût moindre ? Quelle logique y a-t-il à refuser un crédit qui sécuriserait un parcours de vie, tout en acceptant un loyer plus lourd et sans avenir patrimonial ?
Je publie ce témoignage non pour obtenir une solution personnelle, mais pour susciter un débat. L’accès à la propriété ne devrait pas être un privilège réservé aux jeunes actifs dotés d’un capital de départ. Il devrait aussi rester ouvert à ceux qui, par leur travail constant et leur fidélité de paiement, ont déjà fait leurs preuves. Et même si ma démarche vise avant tout à ouvrir la discussion, si quelqu’un est en mesure de nous proposer une solution concrète, nous serions évidemment preneurs.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.