La nature de la crise est inédite. Il ne s’agit pas seulement d’une crise financière d’ampleur exceptionnelle, mais d’une véritable crise de civilisation.
La financiarisation de l’économie s’est fondée sur une dénaturation des bases du capitalisme. Le capitalisme est fondé sur l’accumulation de revenus pour fournir une base de développement de capacité de production. Le capitalisme financier a dans une large mesure renoncé à la production même pour les entreprises industrielles, c’est l’entreprise sans usine , avec l’externalisation et la délocalisation. Par ailleurs l’entreprise n’accumule pas, elle s’endette et non contente de vivre à crédit sur la base de ses revenus futurs elle hypothèque les hypothétiques augmentations futures de ses revenus. Le capital a perdu dans le « capitalisme financier » sa nature pour être une « dette hypochirographaire » à rendement maximum.
La finance de marché est marquée par l’incohérence, avec des marchés qui ont été décloisonnés mais qui fonctionnent suivant des principes en contradictions avec les principes du capitalisme. Les marchés boursiers ont perdu leur fonction de financement de l’entreprise car l’exigence de la « valeur actionnariale » a rendu le capital d’un coût prohibitif ; il ne s’agit plus pour les capitaux ne provenant pas des « petits porteurs » de « fonds propres », mais de fonds qui ont été confiés temporairement à des sociétés ou fonds d’investissement , qui sont investis sans « affectio societatis » et avec des exigences incompatibles avec une qualité d’actionnaire. Les marchés boursiers ne servent que de moyen de valorisation des actions de la société sur la base de la communication faite au public concernant les attentes de revenus futurs. Les marchés de dette eux fonctionnent sur la base de la notation financière qui utilise largement des évaluations probabilistes fondées sur la performance passée.
Les banques ont développé par ailleurs comme étant prétendument des techniques de marché les « produits dérivés » qui sont en fait des instruments de pari. Ces produits dérivés permettent avec de très faibles capitaux de faire des paris sur l’économie, avec des capitaux en jeux qui sont devenus phénoménaux, sans que ceci alimente d’une façon quelconque l’économie, sauf les banques d’investissement. Un Las Vegas financier s’est ainsi développé, dégageant pour les banques de très gros profits, jusqu’à ce qu’elles soient victimes d’une part des fraudes de leurs croupiers (les traders) et surtout des martingales qu’elles avaient cru avoir mis au point.
LES BILLETS SUR LA CRISE
http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/georges-de-furfande/281208/la-crise-annoncee
http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/georges-de-furfande/281208/les-raisons-de-l-explosion-de-la-crise