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Billet de blog 23 octobre 2012

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A vendre 460 hectares, 6 kilomètres de Paris... le point de vue de Christian Benilan

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les billets précédents sont très longs, mais cela prend du temps de planter... le décor.

Parler de gens inconnus pour le grand public est extrêmement difficile. Il faut retenir l’attention du lecteur. C’est aussi très difficile d’évoquer le Domaine National de Saint-Cloud, endroit merveilleux que les parisiens ignorent, dans son histoire, et voient comme un endroit rempli de chênes, couverts de glands. Pour le reste du lectorat, en France, la beauté de cet endroit et son caractère patrimonial est totalement ignoré, et trop loin de leurs préoccupations...mais pas tant que cela, vous verrez dans la suite du feuilleton.

Je devais vous présenter le PLU de monsieur le maire Eric Berdoati, clé de voute du futur dispositif, et esquisser son point de vue. Dans le dispositif du PLU intervient un autre personnage clef...

Restons dans les esquisses, croquis, et clé de voute, je vais vous présenter un architecte, monsieur Christian Benilan qui conjugue les deux qualités d’Architecte des Bâtiments de France (ABF), et celle d’artiste peintre.

Ce personnage de mon histoire, qui deviendra aussi votre histoire, au titre du patrimoine national a son bureau dans le Domaine National de Saint-Cloud. Qui mieux que lui, peut connaitre le lieu patrimonial avec son œil de conservateur du patrimoine, son œil d’artiste qui croque les bâtiments disparus. Qui mieux que lui intervient sur le projet de PLU de Saint-Cloud depuis 2009 ?

L’Architecte des Bâtiments de France travaille exclusivement  pour l’Etat, c’est-à-dire qu’il n’a pas le droit de travailler en qualité d’architecte pour des privés. En revanche, vous pouvez lui acheter ses aquarelles, il a le droit de les vendre.

Je précise que monsieur Christian Benilan n’a jamais touché un centime au titre de son intervention sur le PLU de Saint-Cloud, car la municipalité lui a demandé de donner son avis, pas de le vendre, et en bon serviteur de l’Etat, il a donné son avis et son point de vue.

Il existe une autre catégorie d’architectes, les architectes en chef des monuments historiques. Ceux-ci travaillent dans leurs cabinets privés d’architecture pour l’Etat et pour le reste de la population, y compris les collectivités territoriales. Monsieur Benilan est admissible à cette fonction mais n’a pas franchi le pas vers le privé et préfère rester un fonctionnaire de l’Etat. Les mauvaises langues me disent que c’est pour les garanties et les protections de carrière que cela suppose.... je n’en sais rien.

A ce titre de protection sur les activités professionnelles des architectes des bâtiments de France, je reviendrai sur mon billet qui évoque messieurs Alain-Charles Perrot et Luc Liogier, tous deux ABF, qui ont travaillé dans mon Grand Palais chéri. Des millions d’euros pour la rénovation du Grand Palais, et au final un bâtiment qui n’est pas hors d’eau, la verrière majestueuse fuit.

Nous, les français nous payons, et personne ne nous demande notre avis. Lorsque l’Etat –ABF- travaillant pour l’Etat – Grand Palais et par délégation son EPIC, l’EPGPCE- fait une "boulette", la verrière non étanche...il n’y a rien à faire, nous payons les futurs études et réparations pour avoir une verrière étanche. Tout au plus, quelques rares fois, la Cour des Comptes vient nous alerter de la "boulette" et vient nous parler d’argent gaspillé...et cela n’ira pas plus loin, pas de sanctions, pas de placard, pas de garde-robe remplie de costards... La Cour des Comptes nous dit que nous sommes français...tout au plus bons à payer...trop bons, trop...

Revenons à l’ABF qui a son lieu de travail dans le Domaine National de Saint-Cloud. Sa mission est de donner son point de vue d’ABF sur tous les domaines de la construction et de l’urbanisme dans son périmètre d’action qui est l’ensemble du département car son titre le spécifie, monsieur Christian Benilan est CHEF de service territorial, de l’architecture et du patrimoine Hauts de Seine, Architecte des Bâtiments de France.

Alors ouvrons un peu les yeux, dans le Domaine National de Saint-Cloud,et rendons la vue à monsieur Christian Benilan et au maire de la commune de Saint Cloud, monsieur Eric Berdoati, sur laquelle est construite de manière permanente, sur un socle-plancher béton pour rattraper la pente de l’allée, une serre dont le nom est la « Serre de Valois ».

Si le nom de l’édifice est joli, son emplacement me laisse perplexe.

L’emplacement ne me semble pas judicieux, dans un alignement d’arbres centenaires, sous les branches qui risquent de tomber sur le verre (avec ou sans vent), dont les feuilles bouchent les gouttières et créent des dégâts des eaux à répétition, faute d’entretien sur les gouttières. Une branche morte qui tombe ne prévient pas, et personne dans le Domaine National de Saint-Cloud ne fait attention à la santé phytosanitaire de ces arbres, à leurs branches, à cet endroit précis.

La construction de cette serre est en pleine perspective d’une œuvre de l’esprit d’André le Notre.

La serre de Valois est visible du satellite, uniquement l'automne et l'hiver. Elle se trouve en haut à gauche de l'image, au milieu de l'allée.

Cette allée est une œuvre de l’esprit et fait l’objet d’une protection patrimoniale au titre des dessins du jardin et des parcs, dont le « petit parc et son bassin des 24 jets » que l’on doit découvrir en marchant vers lui. Lorsque les 24 jets fonctionnent, ce qui est très rare, c’est un spectacle de Roi que de marcher vers cet écrin et découvrir cette perle. La perspective d’André Le Notre participe à la mise en scène des jardins et bassins, quelques-uns n’ont pas de mémoire.

Dans un projet d’édifice, vous devez déposer une demande de permis de construire à la commune, au service de l’urbanisme. Dans le cas de cette serre, construite après juillet 1996, il n’y a pas de permis de construire, pas plus qu’il n’y a eu de demande de permis de construire. En effet, cette demande aurait été automatiquement refusée par l’Architecte des Bâtiments de France qui aurait été mis au pied du mur.

Chacun doit savoir que la demande de permis de construire, déclenche de multiples services administratifs dont les services fiscaux et la gestion des matrices cadastrales, des fiches hypothécaires. Je vous confirme que le service des impôts ne fait état d’aucune construction sur cette parcelle.

Le pire est à venir lorsqu’il s’agit d’un établissement recevant du public. En effet, le permis de construire déclenche l’étude du dossier par la commission de sécurité, et son passage. Monsieur le Maire pourrait-il nous communiquer le procès-verbal de la commission de sécurité lors du passage de la commission avant l'ouverture au public de la serre de Valois? J’ai bien peur que non.

Monsieur le maire pourrait-il nous communiquer son arrêté d’ouverture au public de cet établissement ? J’ai bien peur que l’autorité de police compétente représentée par monsieur Eric Berdoati ne puisse pas produire cet arrêté. Pas plus que le préfet du département qui est automatiquement destinataire de tous les arrêtés des maires. Mais monsieur Eric Berdoati n’était pas le maire au moment de la construction de cet édifice.

Donc sous l’absence de regard de monsieur Benilan, il est possible de construire un édifice au milieu d’une perspective d’André le Notre alors que les textes l’interdisent, d’ouvrir un établissement à l’intention du public, dont des jeunes enfants, public fragile et émotif, public dont le maire adjoint a la charge. Cela se passe sous les branches d’arbres risquant de tomber sur le verre, de pulvériser ce verre en de multiples armes à pointes perforantes, sans périmètre de sécurité aux abords de l’établissement.

Personnellement, je suis profondement choquée par un  tel manque de respect du patrimoine national et un tel manque de respect du public. Quand je pense aux parents qui font attention à leurs enfants comme à la prunelle de leurs yeux... j’ai peur !

Au titre de ma nationalité française, j’estime que cette verrue devrait être brulée.

Oh, vous me direz que le préfet Bonnet avait fait bruler la paillote « chez Francis » construite illégalement sur le domaine public, je n’en demande pas tant pour le respect des arbres centenaires qui partiraient à leur tour en fumée.... Les verrues se brûlent... les édifices illégaux construits dans le non-respect des formalités d’urbanisme ou dans le non respect  de l’utilisation du sol en méconnaissance des règles indiquées dans le certificat d’urbanisme sont passibles d’une amende d’un minimum de 1200 euros, en application de l’article L480-4 du Code de l’Urbanisme. Ces édifices illégaux risquent la démolition des ouvrages et/ou la remise en état des lieux. Encore faudrait-il trouver quelqu’un pour se plaindre et demander à ordonner la remise en état des lieux.

Monsieur Benilan connait il cette serre sur le Domaine National de Saint-Cloud, et dans l’affirmative la voit-il comme la pyramide du Louvre ?

La pyramide du Louvre a eu un permis de construire, elle !

La mise en danger de la vie d'autrui, est punie de lourdes peines suivant l'article L123-1 du code pénal. Nous nous trouvons dans ce cas sur cette serre de Valois, construite dans l'irrespect des règlements. Dans le cas d'un sinistre, certains apprécieront, mais pour d'autres il sera trop tard pour pleurer, ils n'auront plus les yeux pour cela.

Les coccinelles, les bêtes à Bon Dieu sont les amies des enfants. Elles parlent avec les enfants et les protègent. Elles sont venues me dire qu’il fallait faire enlever cette serre au milieu de la perspective d’André Le Notre tel qu’il l’avait dessinée et voulu pour un membre de la famille royale. Les Rois tiraient leur puissance de Dieu. Qui mieux que les bêtes à Bon dieu sont les meilleurs messagers?

Les bêtes à Bon Dieu sont, avec les anges, les témoins et gardiens de notre passé.

Pour ma part, je ne suis pas le Diable, je ne cris pas "au feu", toutefois il y a urgence depuis le temps que cela dure.

Dans la cour de récréation jouent les enfants en toute innocence et insouciance.

Je croyais naivement que les adultes avaient toujours eu pour mission de les protéger... de les éduquer....de leur permettre de devenir les meilleurs hommes, de leur permettre de devenir des adultes.

Il faut croire qu'à Saint-Cloud, les enfants n'ont pas cette chance et risquent leur intégrité physique, du fait de rêveurs, certainement restés des grands enfants qui jouent avec eux dans la cour de récréation, et dans la serre de Valois.

 Si vous avez manqué un épisode, prendre le feuilleton dès le début.

Passez à l'épisode suivant.

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