
Oleg Evloev et Dmitri Tian ont respectivement 21 et 39 ans. En juin 2009, ils ont été condamnés respectivement à vingt-cinq ans d'emprisonnement et à la perpétuité par un tribunal d'Astana, capitale du Kazakhstan, pour le meurtre avec préméditation d'une femme et de ses trois enfants. Torturés en détention par des officiers kazakhs qui cherchaient à leur arracher des aveux, les deux hommes continuent de clamer leur innocence.
À ce jour, les allégations de torture n'ont donné lieu à aucune enquête. Le 22 octobre 2008, convoqué comme témoin par la police, Dmitri Tian aurait été déshabillé, maintenu debout avec les jambes largement écartées, et battu avec des bouteilles en plastique et des matraques afin qu'il avoue le meurtre de la femme de son employeur et de leurs trois enfants. Il aurait été menacé de « se suicicer » s'il n'avouait pas. L'interrogatoire, non consigné, aurait duré jusqu'à 2 h du matin, après quoil il a été libéré.
Le lendemain, Dmitri Tian s'est rendu avec sa femme au Comité de sécurité nationale (CSN) pour porter plainte contre les agents de police qui l'avaient torturé la nuit précédente. Selon sa femme, immédiatement après avoir quitté le bâtiment du CSN, Dmitri Tian a été appréhendé et emmené par des policiers qui ont poursuivi l'interrogatoire : il aurait été à nouveau battu.
Le 24 octobre, Dmitri a signé « de son plein gré » des aveux pour les meurtres sur lesquels il est ensuite revenu, déclarant avoir été trompé et forcé à signer. Placé dans une cellule à l'isolement pendant deux mois, on lui aurait refusé de voir sa famille et de recevoir des soins médicaux.
Les plaintes formulées par Dmitri Tian et sa famille pour les tortures subies n'ont donné lieu à aucune enquête. Ses avocats n'ont pas été autorisés à voir leur client avant janvier 2009.

Oleg Evloev a été placé en détention le 29 octobre 2008 en Ingouchie, Fédération de Russie, sur les mêmes accusations de meurtre que Dmitri Tian, avant d'être remis le 9 décembre 2008, à des officiers de sécurité kazakhs et transféré en avion à Astana. Jusqu'au 17 février 2009, Oleg Evloev est resté en détention provisoire, période pendant laquelle il aurait été torturé, privé de nourriture, de boisson, et de sommeil pendant de longues durées.
Dans deux transcriptions de ses interrogatoires, Oleg Evloev s'est plaint d'avoir été torturé et a déclaré avoir été forcé d'avouer les meurtres. Ses plaintes n'ont fait l'objet d'aucune enquête.
Amnesty International ne se prononce pas sur la culpabilité ou l'innocence des deux hommes, mais est préoccupée par les allégations de tortures subies, emblématiques de pratiques très répandues par les forces de police au Kazakhstan, comme le montre l'enquête d'Amnesty International publiée en mars 2010. En mai 2009, le Rapporteur spécial de l'ONU sur la torture déclarait à l'issue d'une visite au Kazakhstan : « Je conclus que l'emploi de la torture et de mauvais traitements ne se borne manifestement pas à des cas isolés ».
En savoir plus sur la torture au Kazakhstan
Lire le texte que Dan Franck a écrit pour Oleg Evloev et Dmitri Tian
Avec Amnesty International, le 3 décembre, agissez sur www.marathondessignatures.com !