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Ce que l’on sait de lui : il est né en 1969, a grandi en Seine-Saint-Denis et vit dans la vallée du Grand Morin, aux confins de la Brie.
Encouragé par les poètes André du Bouchet, Pierre Oster et l’éditeur Jean Breton, il publie ses premiers poèmes à dix-sept ans dans la mythique revue Poésie 1 des éditions Saint-Germain-des-Prés. De 1986 à 2004, s’en suivent des publications dans Poésie présente (sous dir. René Rougerie), Jointure (sous dir. Jacques Arnold), Le Coin de table (La Maison de Poésie), Visages du XXe siècle (sous dir. Michel Beau). C’est l’époque où, chez l’éditeur Jean Grassin, il fréquente les poètes Pierre Osenat et Pierre Béarn. À Paris, il se lie avec les poètes Jacques Charpentreau et Pierre Lepère. L’écrivain Christian Millau devient l’un de ses intimes.
Fauteur de paix sous l’uniforme bleu nuit pendant vingt-deux ans (il a été commandant de police alors qu’il n’était que barde), révélé au grand public avec son document-témoignage Journal d’un flic (Flammarion, 2007) vendu à près de 40 000 exemplaires, il mène conjointement une œuvre de « lecteur » (Saint-John Perse, La Maison de Poésie / Plein Chant, 2004 ; Pierre-Jean Jouve, La Maison de Poésie / Plein Chant, 2009 ; Pierre-Emmanuel, La Maison de Poésie / Plein Chant, 2010) et de poète (Ombre close, Les Presses Littéraires, 1999 ; Les Poudrins de la mémoire, Dutan, 2020 (vol.1) et 2021 (vol.2) ; Aux basaltes de l’âge, Prolégomènes, 2021 ; L’Éphémère en héritage, Prolégomènes, 2021 ; Tous nos silences ont leurs secrets, Siloë, 2021; La joue pas rasée de la solitude, Prolégomènes, à paraître 2022).
Il est par ailleurs l’auteur de nombreux essais aux succès douteux dont Voyage en Tsiganie. Enquête chez les nomades en France (Editions de Paris / Max Chaleil, 2002), La Tentation anarchique (Jean-Paul Rocher, 2010) et Fichier STIC : une mémoire policière sale (Jean-Claude Gawsewitch, 2010) qui a suscité une vive polémique dans la presse nationale.
Après un éloge critique immérité, son essai sur le Maudit de Meudon, Le Cas Céline : coupable, mais de quoi ? (Dualpha) a connu une 3eme édition revue et augmentée en 2019.
Pourquoi les mots ? Comment écrire ? Éternel angoissé, telles sont les deux questions qui hantent sa production littéraire, l’amenant à alterner recueils et essais ou articles critiques ; le conduisant aussi, dans chaque recueil et parfois dans tel poème, à confronter la parole poétique à la réflexion, le récit au discours.
Mélangeant vers, versets et prose, l’auteur (qui se disperse) ne cesse ainsi de nourrir et d’ensemencer la parole poétique de notes, de corrections et de silences qui l’interpellent et quelques fois même le contestent. Comme si les mots ou les signes du poème avaient toujours besoin d’autres signes, et la poétique d’une méta-poétique pour l’encourager à poursuivre son inlassable déchiffrage du quotidien, son tenace (et vain) exorcisme de la mort qui rôde autour du policier-écrivain (L’Enfance violée, Flammarion, 2008).
De ses Humanités, l’aède n’a gardé que son refus d’une parole compliquée voilant la simplicité du monde. Il poursuit ce que l’on pourrait appeler son inscription du murmure -une incision dans la paroi du langage- dans des proses poétiques prises entre les deux tentations de la lettre d’amour (Le Pain d’ortie, Dutan, 2020) et du romanesque mélancolique (À contre-silence, Noir & Blanc, 2003 ; Un Pays vers le ciel, Dualpha, 2006 ; Éditions de Paris / Max Chaleil, rééd. 2021, sous le titre Un Regard vers le ciel).
L’auteur se maintient dans la fragilité d’une œuvre, cœur élégie bleue, dont les figures qui bougent un peu ont quelque chose de mal transparent. Par les modulations des adjectifs, le trébuchement d’une complexe naïveté, c’est la part la plus infime du monde qui cherche une voix. Son écriture est semblable à n’importe quelle main qui hésite. Pour hésiter elle ne tremble pas. La langue ici s’appuie sur sa propre maladresse pour restituer dans une sorte d’empêtrement du chant le flou indémêlable de l’essentiel.
Il a été étrangement distingué de nombreux prix : il est notamment lauréat de l’Académie des Jeux floraux, la plus vieille Compagnie littéraire d’Europe (instituée en 1323) ; il a reçu le Prix national Albert Boudon-Lashermes pour son recueil Ombre close dont les textes ont été mis en scène et déclamés lors des Fêtes de la Renaissance du Roi de l’oiseau en la Commanderie des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem au Puy-en-Velay en 1999, et a été récompensé, à la plus grande peine de sa hiérarchie, du Prix de poésie du Préfet de Police de Paris en 2004… pour l’ensemble de son œuvre.
Et, en effet, flic défroqué, l’auteur est « épuré » de l’institution régalienne, à la suite de sa dénonciation en 2008 de la non mise à jour, et partant de l’illicéité, du fichier d’antécédents judiciaires, le STIC, et abusivement ainsi considéré par la presse comme le premier lanceur d’alerte de la Fonction publique d’État.
Par la suite, il a été pigiste, journaliste de court terme d’investigations policières au long cours (Bakchich, Siné Hebdo) et intermittent de la chronique dans la PQR (Le BaVar, Le Pays briard, Toutes les nouvelles). Sur un malentendu, certains de ses papiers ont pu être repris par le grand quotidien du soir, sur son site (Le Monde.fr).
Ses prises de position décalées ou la promotion de ses livres lui ont valu la Une du Monde, la Der de Libé ou le papier glacé de Paris-Match. Jusqu’à présent, il a su résister à l’appel des pages les plus fraternelles de Valeurs actuelles ou des colonnes les plus hospitalières de Boulevard Voltaire.
Homme éclectique de discrète Gauche distraite, passionné de débats et d’horizons élargis, il adorerait être l’invité de Pascal Praud ou s’entretenir avec Charlotte d’Ornellas sur CNews, si l’antenne de M. Bolloré n’était une improbable chaîne d’information rabougrie pile à l’heure des impossibles ailleurs.
À la lueur de son intimité et de sa propre complexité, il trouve L’Homme révolté ambigu mais finalement intéressant.
Il a été membre du Jury 2021 des Rimbaud du Cinéma (13-23 octobre 2021).
Sa pièce de théâtre, Seine de crime, a fait l’objet d’une lecture publique, par la Compagnie Fracasse, à Montreuil (93), en décembre 2021, mais aucun metteur en scène ne se presse pour l’adapter.
Pour dédommagement et par politesse, son recueil de lettres et poèmes [Entre] presque [et] rien (Dutan, 2021) est sélectionné par l’Académie française pour le Prix Paul Verlaine 2022.
Il aime le cinéma, la musique et le théâtre, la mer Méditerranée sous le soleil (ou pas), le silence rugueux du Vercors et les tagliatelles à la carbonara, les coquelicots, les pantalons noirs, lire dans son lit l’hiver, lire dans un hamac l’été, rencontrer des sœurs/frères de route littéraire pour les faire devenir des compagnons de chevet, revenir de ces divagations, et aborder, lorsqu’il écrit, des univers chaque fois différents.
Ainsi, dans le même mouvement, écrire sur le proche et le lointain, le presque rien et l’à-peu-près du tout. À partir du plus minuscule, du plus intime, s’élèverait l’espérance du plus vaste, du plus immense : un périple aux quatre coins de la terre, à dos de silence. Mais les nuages balaient si vite l’ombre de notre vie passagère. Qui n’est ni sombre ni lumineuse. Qui aurait à voir avec la merveilleuse infirmité de la lenteur. Qui devient ce que l’on en fait : une flèche dans le néant, une source dans le désert, un creux dans l’essentiel, quelques bribes, pêle-mêle d’évidences secrètes, méli-mélo de failles d’éternité, que l’on recueille, que l’on accueille.
Sa foi ne regarde que Lui, dans un seul à Seul.
Il est actuellement chroniqueur pour le site Mondafrique où il noircit la rubrique culturelle et portraitise les écrivains du Maghreb et de l’Afrique noire blanchis sous le harnais de la francophonie littéraire.
https://mondafrique.com/category/loisirs-culture/
Par camaraderie, il s’est abonné à Service Littéraire, « Le Journal des écrivains fait par des écrivains », le mensuel de l’actualité romanesque de l’ami François Cérésa, où sévit entre autres l’incomparable avocat général Philippe Bilger, qu’il aime asticoter pour son manque assez singulièrement génial de goût littéraire.
Par réflexe auto-protecteur, il n’écoute plus France Inter mais répond volontiers à son micro.
Par superstition, ce blog ne sera pas alimenté les vendredis 13. Par coquetterie, il le sera de façon épisodique, désordonnée mais sincère, car, l'auteur, amateur de bons rhums et de vieux mots (et l’inverse), de belles femmes et de souvenir fanés (et pas l’inverse), aime écrire tragique et dérisoire où ses ratures sont des attentes.
Liens / éditions Prolégomènes / éditrice Clarisse Frontin / deux recueils « Aux basaltes de l’âge » et « L’Ephémère en héritage »
https://www.editions-prolegomenes.fr/tag/philippe-pichon/
https://www.editions-prolegomenes.fr/sous-le-flic-se-cachait-le-poete/
https://www.editions-prolegomenes.fr/a-paraitre-lephemere-en-heritage-de-philippe-pichon/
Liens / éditions de Paris / éditeur Max Chaleil / roman « Un regard vers le ciel »
Portfolio 29 décembre 2021
Le panier à salades (littéraires) du flic (défroqué) qui aimait la poésie
Présentation de l'auteur de ce blog : ancien commandant de la Police nationale, poète et écrivain, auteur d'une vingtaine d'ouvrages (recueils de poèmes et de fragments, romans et récits, essais et documents, études) dont Journal d'un flic (Flammarion, 2007), il est actuellement chroniqueur littéraire du site Mondafrique.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.